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Ayant le choix entre plusieurs candidats, le couple Soglo, leaders du parti majoritaire a, sous la « pression » de ces sages, positionné Pierre Badet pour le poste de maire, au détriment de Marius Franscisco, ancien ministre et membre influent du parti au niveau national qui s’est pourtant préparé à assumer depuis des lustres cette charge. De même, le parti de la Renaissance du Bénin est très enraciné dans la ville et a plus que dicté sa loi lors des communales. Sur les dix huit postes de conseillers à pourvoir, elle a en eu la quasi-totalité (dix sept). À Ouidah, jusqu’à une date récente, la personnalité de l’ancien président de la République, Nicéphore Dieudonné Soglo, relevait presque d’un mythe et les candidats présentés par son parti ont été élus sans difficulté majeure. Dans les arrondissements, des candidats, bien que serti d’un capital culturel élevé (haut cadre) ont été laminés dans les urnes par des postulants de moindre envergure de réputation intellectuelle, mais positionnés sur la liste de la Renaissance du Bénin. Ceci est révélateur du poids du parti à Ouidah et contribue assez parfaitement au savoir sur les logiques de construction des notabilités politiques. C’est ainsi que cette ville a demandé notre attention. Structuration du travail : Par la suite, ce travail sur les logiques de construction de la notabilité des maires au Bénin, dans un contexte de décentralisation et de démocratisation à la base s’organise en deux points. D’abord dans la première partie, il s’agira de montrer que pour prétendre à la notabilité de maire, le candidat doit posséder une sorte de « droit à la parole » dans la commune, qui lui permet d’être non seulement écouté mais entendu par les populations. Ce droit à la parole est obtenu par le canal d’une part de l’idéologie du fils de terroir (chapitre 1) et d’autre part par le respect d’une « économie morale 81 » du comportement de l’individu dans la communauté (chapitre 2). C’est ce droit à la parole qui confère aux agents originaires du cru et ayant une bonne « conduite sociale », une légitimité dans le terroir. Ainsi crédibles aux yeux des habitants, ils peuvent prétendre sérieusement à une fonction politique. Ensuite, la seconde partie étudie comment auréolé de son droit à la parole, le candidat à la notabilité de maire laboure électoralement son terroir pour se forger un capital politique par le truchement de pratiques clientélistes. Ces pratiques se monnaient essentiellement par la participation au développement, c’est-à-dire la modernisation de la commune, en bâtissant des infrastructures communautaires dans le terroir. De plus, les candidats marchandent le vote des électeurs en les honorant de cadeaux et de l’argent, à l’approche des échéances électorales locales (chapitre 3). Cependant les facteurs clientélistes ne suffisent pas eux seuls pour se forger une vraie 30
notabilité politique. Aussi, l’acteur politique fait-il montre de l’entregent pour se connecter efficacement aux réseaux sociaux et politiques qui assurent l’accomplissement de la notabilité de maire dans la commune. Ceci passe par les couloirs des partis politiques et les circuits des alliances sociales (chapitre 4). Les logiques de construction de la notabilité politique des maires au Bénin se structurent autour de ces deux ponctuations qui sont des trajectoires indispensables au prétendant à la notabilité de maire. 31
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