« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

Introduction à la première partie :
Depuis l’avènement du Renouveau démocratique béninois, en 1990, les consultations
électorales sont reconnues comme la source de légitimation et le seul moyen de dévolution et
d’exercice du pouvoir politique, du moins au niveau national. Avec les élections locales des 15
décembre 2002 et 19 janvier 2003, la décentralisation offre aussi aux citoyens locaux la possibilité
du choix de leurs gouvernants, dans les instances politiques à la base. Ainsi les agents politiques,
pour avoir une place au Conseil communal, doivent passer par le verdict des urnes. La
démocratie apparaît ainsi au Bénin 82 comme « le seul jeu en ville 83 », pour emprunter l’expression de
Juan Linz.
Plusieurs candidats se sont présentés devant les électeurs locaux pour solliciter leurs
suffrages, mais avec des fortunes diverses. Il est notamment facile de remarquer que certains
d’entre eux étaient vus comme « naturellement » légitimes aux yeux de la majorité de ces
électeurs, tandis qu’à contrario d’autres subissaient un sentiment évidemment contraire et ne
bénéficient pas d’une acceptabilité de leur prétention politique.
On peut se demander par quels mécanismes la légitimité paraît plus « naturelle » pour des
agents politiques, alors que d’autres éprouvent des difficultés essentielles en ce sens ?
L’objectif de ce chapitre est de saisir le canal par lequel les acteurs politiques construisent
leur légitimité et comment leur candidature est crédibilisée, c’est-à-dire reconnue et acceptée
comme relevant de l’ordre du normal. Cette légitimité est corollaire d’une sorte de « droit à la
parole » octroyé aux candidats et qui leur permet d’être « pris au sérieux » dans leur quête de
notabilité politique, en particulier celle du maire. Ainsi, ils sont plus écoutés et leurs propos
politiques ne résonnent pas dans des oreilles de sourd.
Par la suite, il s’agira de montrer que c’est par le truchement de l’idéologie du fils de
terroir que l’agent politique se rend légitime (chapitre 1) et son comportement conforme à une
économie morale en la matière, lui assure définitivement ce droit à la parole au terroir (chapitre
2).
82 Pour comprendre l’évolution de la démocratie béninoise dans le sens de la consolidation, lire M. Gazibo, Les
paradoxes de la démocratisation en Afrique, analyse institutionnelle et stratégique, op. cit.
83 Voir J. J. Linz, « Transition to democracy », The Washington Quarterly, 1990, p. 158.
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