« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

Cependant le Renouveau démocratique n’a pas engendré cette culture de vote, elle
remonte aux années antérieures. Même si sous le PRPB on a connu un glacis de la logique de
terroir en matière électorale, notamment à cause des élections peu ouvertes et de la lutte contre
les « féodalités », mais l’équilibre interrégional s’y est éclos. À ce niveau, malgré l’élection au
niveau local d’allochtones ou de « cadets sociaux » à des postes de responsabilité, le véritable
pouvoir était détenu, de façon subtile par les autochtones 151 , dans bien des situations. Ainsi, à vrai
dire, le pluralisme démocratique entamé en 1990, rappelle ce que Richard Banégas identifie en
« tendances lourdes héritées des années 1950-1960 152 ». Peut-on parler de la résurgence des vieux
démons d’antan, dont le régionalisme tient le haut du pavé.
La résurgence des vieux démons ?
Le coup d’État militaire du colonel Mathieu Kérékou, le 26 octobre 1972, a rallié
l’assentiment de « l’opinion publique 153 » d’alors, en ce sens qu’il mettait fin à une partition de fait du
pays en trois blocs électoraux qui alimentaient, autour de trois dinosaures politiques, « l’éthnorégionalisme
». En effet, Hubert Coutoucou Maga originaire de par sa mère du pays Bariba se
taillait les deux provinces du Nord (Borgou et l’Atacora) ; Justin T. Ahomadégbé du plateau Fon
d’Abomey, une bonne partie du Centre-Sud ; quand Sourou Migan Apithy ancré aux Goun de
Porto-Novo, s’octroyait le Sud-ouest.
Le pouvoir se partageait entre ces trois. Deux d’entre eux s’alliaient contre le troisième,
avant que ce troisième ne trouve un accord avec l’un deux pour reléguer l’autre dans l’opposition.
Ce faisant, les alliances fragilement scellées et dénouées dans la foulée finissaient par
s’institutionnaliser en un triumvirat officiel qui consacrât la rotation des trois au pouvoir entre
1970 et 1972, avant que les jeunes officiers portés par Kérékou n’arrêtent ce jeu de chaises
musicales.
Bien avant les indépendances, les élections à l’Assemblée de l’Union française, le 17 juin
1951, des deux représentants du pays ont fissuré l’apparente unité politique du Dahomey sous la
bannière de l’Union Progressiste Dahoméen (Upd), face au refus de la direction de désigner,
parmi les deux candidats, un originaire du Nord. Hubert Coutoucou Maga s’en ira avec la
majorité des leaders politiques du Nord pour fonder son mouvement au nom assez évocateur de
151
Voir R. Banégas, La démocratie à pas de caméléon…, op. cit., p. 59.
152
Ibid., p. 31.
153
Sur l’acception de cette notion, lire A. Sauvy, L’opinion publique, « Que sais-je ? », Paris, Puf, 1956. Mais la
réalité de cette notion est controversée. À ce sujet, voir. P. Bourdieu, « L’opinion publique n’existe pas »,
Questions de sociologie, op.cit, pp. 222-235. D’autres auteurs pensent qu’elle est le résultat d’une fabrication par
les médias. Voir E. S. Herman et N. Chomsky, La Fabrique de l'opinion publique. La politique économique des
médias américains, Le Serpent à plumes, 2003.
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