« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

Dans cet ordre d’idées, les partis politiques peu organisés ne peuvent logiquement pas
discipliner leurs élus et éduquer les membres, du moins le quarteron qui gravitent autour du
leader. Ils sabordent ainsi leur troisième fonction qui est celle d’ « agent de socialisation ». Nous
convenons avec Christophe Kougniazondé que « par définition, un parti politique est un regroupement de
citoyens ayant librement décidé de s’associer sur la base d’une vision fondamentalement homogène de la société et de
la gestion de la vie nationale en vue de mener une action politique. Un des signes distinctifs du parti politique
digne de ce nom, c’est son orientation idéologique à partir de laquelle se forment sa vision et son projet de société
ainsi que sa conception de la gestion de la vie nationale. Il est clair alors que ce qui unit fondamentalement les
militants d’un parti politique, c’est incontestablement la conviction. Cette conviction est au service d’un programme
général ou d’un programme de gouvernement, voire les deux selon le cas 289 ».
Mais au Bénin, ce n’est évidemment pas la tradition. Ce sont des socles égoïstes qui soustendent
la création et la vie des partis politiques, sauf l’exemple notable du Parti Communiste
Dahoméen (PCD), par suite devenu Béninois(PCB), qui a aussi fini par « aller boire à la rivière de
Nicéphore Soglo » en reniant un tantinet ses convictions. Tout tourne autour du leader du parti,
qui en réalité en use comme une entreprise personnelle.
Des entreprises personnelles
Tout en considérant avec Roberto Michels 290 la tendance oligarchique des partis
politiques classiques, le cas béninois se singularise par la forte personnalisation et le peu
d’institutionnalisation de ces « clubs électoraux ». Les partis politiques au Bénin s’apparentent à
des entreprises personnelles à la solde du leader. C’est ce dernier qui prend, presque tout seul, les
grandes décisions afférentes à la vie du parti. L’élaboration des listes de candidature du parti est
de son ressort. Si bien que certains membres du bureau national ne prennent connaissance des
candidatures de leurs partis aux élections que dans la presse, y compris la leur. Aurélien
Houéssou, qui était en 2003 député sortant et vice-président de l’Assemblée nationale, n’a pas été
reconduit sur la liste de son parti, la Renaissance du Bénin aux législatives. Alors qu’il se croyait
membre influent du parti pour y avoir occupé de très hautes fonctions, notamment celui de
Secrétaire général du parti. Il ne l’a su qu’au moment où la liste confectionnée, uniquement par la
présidente, a été déposée à la commission électorale.
Des illustrations similaires sont légion. Mais nous n’allons pas nous y attarder. L’essentiel
est de comprendre que les partis sont juste gérés comme un patrimoine privé du premier
289
C. Kougniazondé, Multipartisme et démocratie : quel lieu commun ?, Cotonou, FFE, 2001,pp. 35-36.
290
R. Michels, Les Partis politiques, Essai sur les tendances oligarchiques des démocraties, Paris, Flammarion,
1971.
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