« La démocratie doit chercher sa validité et son ... - fasopo

établis à Bohicon ou à Cotonou depuis des générations n’ont pas, forcement, d’ancrage à
Malanville. Ressource de terroir oblige, Issa Salifou s’est rapidement connecté à ceux de la
bourgade, la plus au nord du pays. Une affaire réglée comme du papier à musique grâce à son
père dépêché de Bohicon pour rassurer ceux de la ville du Nord que c’est du « sang Djerma » qui
coule dans ses veines. Sans ce « capital d’autochtonie », il était bien conscient que sa légitimation aux
yeux des populations de la contrée n’allait pas être une sinécure. Toutefois, d’autres logiques
accompagnent son succès électoral, car le capital d’autochtonie, bien qu’occupant une place non
négligeable dans l’officine électorale, n’en est pas la panacée, comme nous le verrons (infra).
Près d’une centaine de milliers d’âmes habitent cette commune avec comme principales
communautés ethniques les Dendi 78 , les premiers à occuper la terre en venant du Niger voisin,
ensuite les Peulh, Mokollé, Djerma, Haoussa et une arrivée récente des autres peuples
généralement présents au Bénin : Nagot, Yoruba, Bariba, Mina, Adja, Goun, Fon et
Kotocoli…La religion musulmane domine la vie cultuelle avec comme corollaire sur les ménages
une forte polygamie. Cependant, quelques foyers d’animisme et de chrétienté subsistent.
Administrativement, la commune est divisée en cinq arrondissements : Malanville, Guéné, Garou,
Madécali et Toumboutou. L’intérêt ici est, outre la personnalité de Issa Salifou Saley, la position
géographique qui nous permet d’avoir un site loin des réalités du Sud du pays et constitue pour
nous une enquête par dépaysement, de par les langues parlées et habitus, les us et coutumes, les
modes vestimentaires et culinaires.
Le deuxième site de notre terrain est la commune de Grand-Popo dans le département du
Mono, au Sud Ouest du Bénin. Bordant le Togo, cette terre touristique dénombre près de
cinquante mille habitants. Peuplé majoritairement de Xwla ou Popo, venus d’Agbanakin, ville
séparée aujourd’hui du Bénin par la colonisation, mais continue encore d’être le chef lieu de la
chefferie traditionnelle du royaume Xwla. Cependant, il n’en demeure pas moins vrai que les
Xwéla ou Pédah et les Guen ou Mina constituent de même des groupes ethniques non
négligeables. La pratique du vodùn est prégnante lorsque ce n’est pas du syncrétisme avec les
religions chrétiennes. Sur le plan institutionnel la commune compte sept arrondissements
(Grand-Popo, Adjaha, Avlo, Djanglanmey, Gbéhoué, Sazué, Agoué) qui se démultiplient en
quarante quatre villages.
De par le passé, la ville de Grand-Popo a occupé une place prépondérante dans
l’économie de l’ancienne colonie française qu’est le Bénin de nos jours. Premier comptoir
commercial français dès 1727, la ville était le seul débouché sur la mer de cette partie
78 À Malanville ce sont les Dendi qui monopolisent les institutions politiques locales. Sur dix huit conseillers
élus, il n’y avait que M. Saley qui ne soit pas Dendi. Avec sa démission pour siéger à l’Assemblée nationale tous
les élus locaux de la commune actuellement sont donc Dendi.
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