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460 EXPÉRIENCES SUR LES VÉGÉTAUX.<br />

pace sera couvert de pins, et vingt ans après on jouira de la coupe de ce bois,<br />

dont la plantation n'aura presque rien coûté; et quoique la jouissance de cette<br />

espèce de culture soit fort éloignée, la très-petite dépense qu'elle suppose, et la<br />

satisfaction de rendre vivantes des terres absolument mortes, sont des motifs plus<br />

que suffisants pour déterminer tout père de famille et tout bon citoyen, à cette<br />

pratique utile pour la postérité : l'intérêt de l'État, et à plus forte raison celui de<br />

chaque particulier, est qu'il ne reste aucune terre inculte : celles qui de toutes sont<br />

les plus stériles, et paraissent se refuser à toute culture, deviendront néanmoins<br />

aussi utiles que les autres; car un bois de pins peut rapporter autant et peut-être<br />

plus qu'un bois ordinaire, et en l'exploitant convenablement, devenir un fonds<br />

non-seulement aussi fructueux, mais aussi durable qu'un autre fonds de bois.<br />

La meilleure manière d'exploiter les taillis ordinaires est de faire coupe<br />

nette, en laissant le moins de baliveaux qu'il est possible. Il est très-certain<br />

que ces baliveaux font plus de tort à l'accroissement des taillis, plus de perte au<br />

propriétaire qu'ils ne donnent de bénéfice, et par conséquent il y aurait de l'a­<br />

vantage à les supprimer tous ; mais, comme l'ordonnance prescrit d'en laisser au<br />

moins seize par arpent, les gens les plus soigneux de leurs bois, ne pouvant se<br />

dispenser de cette servitude mal entendue, ont au moins grande attention à n'en<br />

pas laisser davantage, et font abattre à chaque coupe subséquente ces baliveaux<br />

réservés. Dans un bois de pins l'exploitation doit se faire tout autrement. Comme<br />

cette espèce d'arbre ne repousse pas sur souche ni des rejetons au loin, et qu'il ne<br />

se propage et multiplie que par les graines qu'il produit tous les ans, qui tombent<br />

au pied ou sont transportées par le vent aux environs de chaque arbre, ce serait<br />

détruire ce bois que d'en faire coupe nette, il faut y laisser cinquante ou soixante<br />

arbres par arpent, ou, pour mieux faire encore, ne couper que la moitié ou le tiers<br />

des arbres alternativement, c'est-à-dire éclaircir seulement le bois d'un tiers on de<br />

moitié, ayant soin de laisser les arbres qui portent le plus de graines. Tous les dix<br />

ans on fera pour ainsi dire une demi-coupe ; ou même on pourra tous les ans pren­<br />

dre dans ce taillis le bois dont on aura besoin. Cette dernière manière, par laquelle<br />

on jouit annuellement d'une partie du produit de son fonds, est de toutes la plus<br />

avantageuse.<br />

L'épreuve que je viens de rapporter a été faite en Bourgogne, dans ma terre de<br />

Buffon, au-dessus des collines les plus froides et les plus stériles ; la graine m'était<br />

venue des montagnes voisines de Genève. On ne connaissait point cette espèce d'arbre<br />

en Bourgogne, qui y est maintenant naturalisé, et assez multiplié pour en faire à l'a­<br />

venir de très-grands cantons de bois dans toutes les terres où les autres arbres ne<br />

peuvent réussir. Cette espèce de pin pourra croître et se multiplier avec le même suc­<br />

cès dans toutes nos provinces, à l'exception peut-être des plus méridionales, où l'on<br />

trouve une autre espèce de pin, dont les cônes sont plus allongés, et qu'on connaît<br />

sous le nom de pin maritime ou pin de Bordeaux, comme l'on connaît celui dont j'ai<br />

parlé sous le nom de pin de Genève. Je fis venir et semer, il y a trente-deux ans, une<br />

assez grande quantité de ces pins de Bordeaux ; ils n'ont pas, à beaucoup près,

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