Guide Filias du voyageur en Algérie, 1865 - Accueil
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48 GUIDEDUVOYAGEUR<br />
ENALGERIE.<br />
Dansla provinced'Alger 9,199<br />
— d'Oran 11,551<br />
— deConstantine 7,547<br />
Totalégal. . . . 28,097<br />
Presquetous sont commerçants(v<strong>en</strong>te<strong>en</strong> gros, ou <strong>en</strong> détail, d'objets<br />
de bimbeloterie, d'articles manufacturés etc.), — ou ouvriers d'arts<br />
(orfèvrerieet bijouterie). Pasun d'eux, peut-être, n'est cultivateur.<br />
La conquêtede la Rég<strong>en</strong>ce a, <strong>du</strong> tout au tout, transforméleur exist<strong>en</strong>ce<br />
sociale; il nous suffira,<strong>du</strong> reste, pour faire appréciermieuxleur<br />
conditionprés<strong>en</strong>te, de rappeler la façondont ils étai<strong>en</strong>t traités par les<br />
Turcs, et jugés par les résid<strong>en</strong>ts europé<strong>en</strong>s.<br />
Et d'abord, voicice qu'écrivait,<strong>en</strong> 1830, un officierfrançaisattaché<br />
au consulat : « Il y a beaucoupde Juifs à Alger, ainsi que dans les<br />
principales villes de ce royaume, et ils ne le cèd<strong>en</strong>t à personne<strong>en</strong><br />
fourberie, friponnerie et fanatisme.Les Algéri<strong>en</strong>s les autoris<strong>en</strong>t dans<br />
leur pays,parce qu'ils fontle commerceavecleurs amis et leurs <strong>en</strong>nemis.<br />
D'ailleurs, ces Juifs leur pay<strong>en</strong>t leur exist<strong>en</strong>ce, et ils serv<strong>en</strong>t<br />
d'espions à la Rég<strong>en</strong>ce,qui les traite et les laisse traiter par le peuple<br />
commeles plus vils animaux.Pour empêcherque les Juifs ne puiss<strong>en</strong>t<br />
se soustraire au mépris public, on les obligeà ne porter que d'une<br />
couleur, cellequi est <strong>en</strong> horreur chez les Maureset les Turcs, c'est-àdire<br />
le noir. Ils sont vêtus d'une robe étroite qui desc<strong>en</strong>djusqu'aux<br />
talons, et qu'ils serr<strong>en</strong>t autour de leur corps avec une ceinture ; ils<br />
port<strong>en</strong>t, <strong>en</strong> outre, une grande culotte et des pantoufflessemblablesà<br />
celles des marchands maures, dans lesquellesils ne mett<strong>en</strong>t que le<br />
bout des pieds. Voilàtout leur ajustem<strong>en</strong>t; toutes les pièces <strong>en</strong> doiv<strong>en</strong>t<br />
être noires, sans <strong>en</strong> excepter la calotte qui couvre leur crâne. Ces<br />
misérablessouffr<strong>en</strong>t patiemm<strong>en</strong>t, et sans se décourager, toutes les<br />
horreurs et touteslesturpitudesdont on peut les accablerimpuném<strong>en</strong>t,<br />
tandis que la loi les condamneà la corde ou au feu, pour lever seulem<strong>en</strong>t<br />
la main sur des <strong>en</strong>fants turcs ou maures. » (RENAUDOT, Tableau<br />
de la ville d'Alger. Paris, 1850.)<br />
Le témoignagede R<strong>en</strong>audot pourrait sembler suspect; écoutons<br />
M.G<strong>en</strong>tyde Russy, qui fut placé, de 1832 à 1854, à la tète de l'Administration<br />
civile de l'<strong>Algérie</strong>: « La nonchalancedes Turcs et des<br />
Maures,leur inaptitudepour toute espècede commerce,tel est l'appât<br />
qui avait attiré les Juifs dans la Rég<strong>en</strong>ce,et qui y expliqueleur prés<strong>en</strong>ce<strong>en</strong><br />
aussi grand nombre. Il semble,que la clandestinetéde leurs