Guide Filias du voyageur en Algérie, 1865 - Accueil
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68 GUIDEDUVOYAGEUR EN ALGERIE.<br />
famille, la p<strong>en</strong>sée qu'on est protégé, sout<strong>en</strong>u, aidé. Mais ici, ri<strong>en</strong><br />
de pareil. Tandis que la pauvre femme se brûle au soleilpour satisfaire<br />
ce maître qui s'appelle son époux, celui-ci, contraste déchirant ! étale<br />
sa paresse à l'ombre d'un buisson, et se repaît, des journées <strong>en</strong>tières,<br />
<strong>du</strong> plaisir de contemplerl'azur quise dérouledevant lui. Quandil r<strong>en</strong>tre<br />
dans sa t<strong>en</strong>te attristée, ce n'est qu'avec la mine altière <strong>du</strong> maître, et<br />
des paroles de reproche à la bouche; et si quelque motif particulier<br />
vi<strong>en</strong>t exciterune bile prompte aux explosions,il bat sa femme comme<br />
il battrait son âne...<br />
« C'est ainsi que la femme arabe est dev<strong>en</strong>ue cette pauvre créature<br />
méprisée et vile, qui n'a de la femme que le sexe, et la faculté de procréation<br />
commune à toutes les femelles. Elle <strong>en</strong> est à ce point de misère<br />
qu'elle n'a plus consci<strong>en</strong>cede sa dégradation. La pudeur lui est<br />
tout à fait inconnue, et elle se livre sans remords sous le premier buisson,<br />
au premier v<strong>en</strong>u. Elle craint le bâton de sonmari, maissa propre<br />
consci<strong>en</strong>ce, non. Toute sa morale consiste à n'être pas vue : si elle<br />
n'est pas découverte, gloire à Dieu! c'est une honnête femme ; si le<br />
contraire a lieu, tant pis, car voici le bâton.<br />
«Sonmari lui donnant, d'ailleurs, l'exempledes débordem<strong>en</strong>ts sans<br />
nombre et apportant àsa t<strong>en</strong>te cequ'il est allé chercher chez la voisine,<br />
il <strong>en</strong> résulte que cette maladie, qu'on appelait,<strong>du</strong> temps de FrançoisI00,<br />
napolitaine à Paris, et françaiseà Naples, est comme le trait d'union<br />
de toutes les relations conjugales. — Destribus <strong>en</strong>tières <strong>en</strong> sont infectées.<br />
»<br />
Telle est, <strong>en</strong> <strong>Algérie</strong>, la condition actuelle de la femme arabe.<br />
Nous avonshâte d'ajouter qu'il <strong>en</strong> est différemm<strong>en</strong>tchezles Kabyles:<br />
le Kabyle, lui, n'a qu'une épouse ; il <strong>en</strong> faitla compagne de sa vie, il<br />
l'aime, la respecte et la traite comme son égale : sa famille est semblable<br />
à nos familles d'Europe.<br />
Quand la coupe est trop pleine, elle déborde : de même, quand la<br />
femme arabe est lasse de trop souffrir, elle se débarrasseviolemm<strong>en</strong>t<br />
<strong>du</strong> joug quil'oppresse: elle divorce;<br />
Et les divorcessont nombreux :<br />
Ontrouve dans le Tableau desÉtablissem<strong>en</strong>ts français <strong>en</strong> <strong>Algérie</strong><br />
(années 1847, 1848 et 1849) l'état numérique ci-après des mariages<br />
et divorces constatésdans la population maure <strong>en</strong> résid<strong>en</strong>ce dans les<br />
villes de l'<strong>Algérie</strong> ( territoire civil seulem<strong>en</strong>t), p<strong>en</strong>dant les années<br />
1847, 1848 et 1849: