Guide Filias du voyageur en Algérie, 1865 - Accueil
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74 GUIDEDUVOYAGEUR EN ALGERIE.<br />
L'expéri<strong>en</strong>cedémontra promptem<strong>en</strong>tles dangers d'une justice ainsi<br />
placée <strong>en</strong> dehors de notre sphèred'autorité, et différ<strong>en</strong>tesmesures fur<strong>en</strong>t<br />
prises successivem<strong>en</strong>t,qui modifièr<strong>en</strong>tl'état des choses.En 1854,<br />
survint un nouveau décret (1eroctobre) qui transformacomplètem<strong>en</strong>t<br />
l'administrationjudiciaire indigène. Ce décret prescrit, <strong>en</strong> substance:<br />
indép<strong>en</strong>danceabsolue<strong>en</strong> matière civile de la justice indigène vis-à-vis<br />
de lajustice française; transformationdes medjelèset juridiction souveraine<br />
et formant<strong>en</strong> <strong>Algérie</strong>vingt et une cours prononçantsans appel.<br />
Les conséqu<strong>en</strong>cesde la séparationcomplètedesdeux autoritésjudiciaires,<br />
françaiseet musulmane, établies par ce décret, ne tardèr<strong>en</strong>t<br />
point à se pro<strong>du</strong>ire : « Protégéespar leur omnipot<strong>en</strong>ce,disait dans un<br />
rapport à l'Empereur le Ministre de l'<strong>Algérie</strong>(1859), les décisionsdes<br />
tribunaux musulmans ont donné naissance aux réclamations les plus<br />
vives. Plusd'une foisles indigènes,dans l'impuissanceoù ils étai<strong>en</strong>t de<br />
s'adresser à nos magistrats pour obt<strong>en</strong>ir la réformationdes jugem<strong>en</strong>ts<br />
de leurs tribunaux, ont fait ret<strong>en</strong>tir les cours d'assisesde leurs plaintes<br />
contre la corruption de leurs juges. Desarrêts ont dû flétrir quelquesuns<br />
de ces juges; et si, dans quelques occasions,on n'a pas séviautrem<strong>en</strong>t<br />
que par la destitution,c'est que, sans profitpour lesjusticiables,<br />
on aurait déconsidéréune institution à laquelleles Arabesétai<strong>en</strong>t <strong>en</strong>coreforcésd'avoir<br />
recours. »<br />
Cet état de choses, véritablem<strong>en</strong>t désastreux, appelait de sérieuses<br />
réformes.Il motivale décret <strong>du</strong> 31 décembre1859 ainsi conçu:<br />
«Art. 1er.La loi musulmanerégit toutes les conv<strong>en</strong>tionset toutes les<br />
contestationscivileset commerciales<strong>en</strong>tre indigènesmusulmans, ainsi<br />
que les questionsd'Élat (questionsde familles.) — Toutefois,la déclarationfaitedansun<br />
acte, par les Musulmans,qu'ils <strong>en</strong>t<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t contracter<br />
sous l'empirede la loifrançaise, <strong>en</strong>traîne l'applicationde cette loi et la<br />
compél<strong>en</strong>cede tribunaux français.<br />
«Art. 2. Les partiespeuv<strong>en</strong>tégalem<strong>en</strong>t,d'un communaccord,porter<br />
leur contestation devant le tribunal françaisde leur circonscription,<br />
qui statue alors selon les règles et les formesdéterminéespar le prés<strong>en</strong>t<br />
décret.<br />
«Art. 5. Lapoursuite, la répressiondescrimes, délits et contrav<strong>en</strong>tions<br />
prévuset punis par le Codepénal françaisapparti<strong>en</strong>n<strong>en</strong>t aux tribunaux<br />
français.<br />
«Art. 4. Lajustice <strong>en</strong>tre les Musulmansde l'<strong>Algérie</strong>est administrée,<br />
au nom de l'Empereur, par les cadis, par les tribunaux de première<br />
ustance françaiset pur la Cour impériale d'Alger.