1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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En consultant ce tableau, nous sommes frappés par l'étendue res<br />
treinte des terres cultivées à côté du grand nombre des superficies<br />
incultes. L'aspect de cette pauvreté ne devait guère tenter les colons<br />
qui préféraient risquer leurs chances dans des pays plus favorisés par<br />
la nature.<br />
Les rares petites plaines, cependant, comme celle 'des environs de<br />
Djidjelli, offraient des conditions beaucoup plus favorables à la colo<br />
nisation européenne ; mais une autre difficulté survint, de l'inexis<br />
tence, dans cette région, comme dans presque toute la Kabylie Orien<br />
tale, de terres azels, c'est-à-dire appartenant au gouvernement turc,<br />
et dont nous aurions pu nous emparer en toute légalité. Tout le sol<br />
appartenait aux Kabyles : les espaces non labourables, forêts, brous<br />
sailles, sommets, pentes et ravins abruptes étaient propriété collective<br />
de la tribu ou de la fraction ; les terres labourables jouissaient de sta<br />
tuts variés, souvent difficiles à préciser ; certaines étaient de vérita<br />
bles propriétés privées, mais parfois les Kabyles faisaient une distinc<br />
tion entre le sol lui-même et les cultures qu'il portait. Ainsi, la terre<br />
pouvait être collective, tandis que les oliviers avaient chacun leur pro<br />
priétaire particulier.<br />
C'est pourquoi notre arrivée à Djidjelli n'entraîna pas la constitu<br />
tion immédiate d'un domaine d'Etat. Dès 1854, pourtant, la sécurité<br />
était devenue suffisante pour envisager l'extension de la<br />
dans la banlieue immédiate. Le 10 novembre, au cours de la délibéra<br />
tion du Conseil du Gouvernement, un nommé M. de Dax exposa sa<br />
requête : « La tranquillité qui règne actuellement aux environs de Dji<br />
djelli permettant enfin de livrer à la colonisation européenne, une<br />
partie des terres qui environnent cette place, l'administration supérieure<br />
a fait étudier divers projets pour la création de centres de population.<br />
« L'un d'eux qui prendrait le nom d'Aïn Nouara serait établi à 2<br />
kms de Djidjelli, dans la plaine des Beni-Caïd dont le territoire serait<br />
annexé au centre projeté... » (1). Le village serait de 40 feux et le terri<br />
toire de 522 hectares.<br />
Au cours de la même séance, M. de'<br />
Dax proposa la création d'un<br />
deuxième village, à Aïn-el-Aïouf à 1 km. 500 environ au Sud-Est de la<br />
ville, chez les Béni Hassein, et qui prendrait le nom de Bokkara. Il<br />
devait comprendre 20 feux et se voir annexer un territoire de 260 hec<br />
tares.<br />
Le 5 avril 1855, le Gouverneur Général approuva ces deux créa<br />
tions, en transmit la demande au Ministre de la Guerre.<br />
Mais, dans les requêtes adressées, on n'avait pas précisé si l'auto<br />
rité française pouvait de plein droit s'emparer des terres nécessaires<br />
à ces créations. On s'était contenté, à ce sujet, de renseignements très<br />
vagues : « les terres destinées à former le territoire du village peuvent<br />
être considérées dès à présent comme domaniales, les indigènes ne pro-<br />
(1) Archives du Gouvernement Général. <strong>Série</strong> 1L19. Colonisation. Villes et vil<br />
lages Djidjelli. Rapport du 10 novembre 1854.