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1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf

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— — 94<br />

tion de ses vaisseaux. Ces vastes massifs boisés du Sud-Ouest de Dji<br />

djelli, de la région de Collo et de l'Oued-el-Kébir étaient un sérieux<br />

obstacle au passage de nos troupes.<br />

Le pays était, en outre, totalement dépourvu de routes, et même<br />

de sentiers. Au cours des premières expéditions, nos soldats devaient<br />

se frayer eux-mêmes un chemin, ce qui augmentait encore les diffi<br />

cultés de leur tâche. Par la suite, on imposa ce travail aux indigènes<br />

eux-mêmes, au moyen de corvées. Après chaque révolte, les Kabyles<br />

devaient, comme punition, travailler gratuitement à ouvrir des sentiers<br />

à travers leur territoire.<br />

Non seulement les avantages matériels de leur pays, mais aussi<br />

certains traits de caractère, particuliers à la race même, soutenaient<br />

les Kabyles dans leur lutte contre l'étranger. Ils avaient confiance en<br />

leur invincibilité, parce qu'ils n'avaient pas connu de maîtres depuis<br />

des siècles : les Turcs avaient toujours échoué dans leur tentative de<br />

domination du pays kabyle. Cette assurance reposait sur un sentiment<br />

religieux ; ils avaient confié à leurs santons locaux, la mission de les<br />

protéger, et ils étaient persuadés, par la voix des marabouts eux-mêmes,<br />

que les saints ne failliraient jamais à leur mission. Chez les Béni Fer-<br />

gan de l'Oued-el-Kébir, une légende s'était formée à laquelle tous<br />

croyaient fermement. En 1804 disait-on, « lorsque le bey Otsmâne s'a<br />

ventura à la tête de ses troupes, dans cette région accidentée, trois énor<br />

mes coups de canon sortirent des flancs de la montagne où repose le<br />

marabout, et anéantirent l'armée » (1).<br />

Si la haine qu'ils nourrissaient contre le chrétien était moins vi-<br />

vace que celle des Arabes, par contre leur sentiment d'indépendance<br />

était un puissant ressort qui les rendait incapable de supporter aucune<br />

autorité et les poussait à rejeter la nôtre par avance. Cet état d'esprit<br />

était sans cesse tenu en éveil par de faux chérifs, sortis brusquement<br />

de l'obscurité, pour y rentrer presque aussi vite, après un court ins<br />

tant de renom, dans un périmètre généralement limité. Nous avons vu,<br />

pendant les premières années de la conquête l'apparition successive<br />

des Si Zerdoude, ben Yamina, Mouley Mohammed, Bou Baghla, pour<br />

ne citer que les principaux. Tous ne sont que de faux chérifs ; leur<br />

prétention à descendre du Prophète n'est qu'une légende forgée par<br />

eux de toutes pièces, pour acquérir du prestige. Beaucoup d'entre eux<br />

sont des intrigants, qui cherchent à jouer un rôle important, en ex<br />

ploitant la crédulité populaire ; d'autres sont plutôt des illuminés que<br />

des ambitieux : sous l'empire d'une exaltation religieuse, ils se croient<br />

réellement appelés à la mission de défendre l'Islamisme contre les<br />

dangers du christianisme, en essayant d'entraîner la masse au combat<br />

contre l'Infidèle. Certains ne sont que les créatures de grands chefs<br />

indigènes désireux de nous créer des difficultés,, sans se compromettre<br />

eux-mêmes. Les Ben Azzedin, par exemple, avant leur: soumission en<br />

1849, avaient suscité, contre nous, plusieurs faux chérifs.<br />

(1) E. Douttè : Notes su* l'Islam Maghribin. Les Marabouts, Paris, 1900, p. 63.

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