1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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avec trop de lenteur, pour révéler leur efficacité ; au début de 1858<br />
seulement, ils furent assez avancés pour qu'on pût envisager l'instal<br />
lation, à Takitount, d'un chef d'annexé, avec son Bureau arabe. A cette<br />
nouvelle, les populations des s'agitèrent Babors; de nouveau. Elles crai<br />
gnaient, d'une pareille mesure, la disparition de leur indépendance,<br />
une augmentation de leurs impôts, et l'introduction chez eux de la<br />
colonisation européenne. De plus, la construction de la maison de com<br />
mandement avait entraîné la coopération de corvées nombreuses qui<br />
leur avaient déplu.<br />
Le mécontentement fut bientôt général. L'idée de révolte courut<br />
de tribu en tribu. Elle partit cette fois de chez les Arb-Babor, tribu du<br />
commandement de Bou Akkas Ben Achour, qui entraîna ses voisins<br />
de l'Ouest et quelques contingents même du Ferdjioua proprement dit.<br />
Pour la première fois les tribus de Bou Akkas nous causaient des en<br />
nuis. La conjuration fut menée en grand secret : les représentants de<br />
tribus mécontentes se réunirent en secret au Souk-el-Sebt (1) du Ferd<br />
jioua, le 10 avril 1858, et firent serment d'attaquer le bordj de Taki<br />
tount, d'en détruire les constructions avant leur achèvement. Pour pou<br />
voir atteindre le bordj, il fallait entraîner, dans la révolte, Amoucha<br />
et Ouled- Yahia, dont les villages entouraient Takitount. Ils marchèrent<br />
dans le plan,<br />
et l'attaque fut décidée pour le 12 avril. Mais les deux<br />
tribus, revenant sur leur décision, par crainte d'un châtiment sévère en<br />
cas d'insuccès, prévinrent le 11 au soir l'officier du bordj. Faisant allian<br />
ce avec nous, et soutenues par les soldats du poste, elles résistèrent éner-<br />
giquement à l'attaque des insurgés qui disparurent peu à peu. Une co<br />
lonne, arrivée peu après de Sétif, infligea au coupable une sévère cor<br />
rection. Le marché du Ferdjioua,<br />
qui avait servi de lieu de réunion<br />
aux révoltés, fut supprimé et transporté à Takitount même, sous la<br />
surveillance étroite du fort. Le Bureau arabe s'installa dans le poste,<br />
et entra immédiatement en action. Son administration très utile, allait<br />
imposer à la région une paix de six années consécutives.<br />
Les événements de 1858 n'avaient pas été graves en eux-mêmes.<br />
La défection des Amoucha, des Ouled Yahia, et aussi d'une partie des<br />
tribus du Babor, prouvait que lés tribus commençaient à craindre la<br />
force française. Cependant, l'insurrection avait pris naissance, pour la<br />
première fois, dans le territoire de Bou Akkas. Le cheikh, on le sut,<br />
avait eu connaissance de la réunion et du serment solennel des tribus<br />
au marché du Ferdjioua. Pourquoi n'en avait-il pas averti l'autorité<br />
française ? N'était-il pas lui-même l'instigateur de la révolte ? Le bordj<br />
de Takitount, en effet, installé si près de son territoire lui faisait crain<br />
dre une diminution éventuelle de sa puissance. Pour sauvegarder toute<br />
son indépendance, il avait cherché à nous causer des ennuis hors de<br />
son territoire, pour détourner ailleurs notre attention. Il était, en fait,<br />
arrivé au résultat opposé : dès cette époque entre en jeu, dans notre<br />
politique, la délicate question des grands commandements indigènes.<br />
(1) Souk-el-Sebt : le plus important marché du Ferdjioua.