1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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« D'un autre côté, il n'y a pas urgence à aller chez les Zouaouas,<br />
qui restent chez eux et sont loin de tous nos établissements, mais il y a<br />
honte à laisser Djidjelli bloqué depuis douze ans ; il y a danger à<br />
laisser insoumises des tribus qui sont à deux heures de nos colonies<br />
agricoles. Enfin, il y aurait faute à ne pas profiter des bonnes disposi<br />
tions de Bou Akkas et des frères Ben Azzedin qui comptent sur nous<br />
et nous attendent pour en finir au printemps avec toute cette Petite<br />
Kabylie ... Nous avons vu aussi (1)<br />
que des raisons personnelles le sou<br />
tenaient dans cette volonté ; elles sont nettement exprimées dans ces<br />
mots écrits à son frère en février 1851 : « Ce que je désire par dessus<br />
tout, c'est faire l'expédition de Djidjelli que j'ai préparée avec amour<br />
et qui me posera haut, car elle réussira... Avec l'expédition de Djidjelli,<br />
je me place donc, et je gagne ma troisième étoile »,<br />
Le Ministère,<br />
par courrier du 12 mars décida en faveur de la pro<br />
position de Saint-Arnaud, au grand mécontentement du Gouverneur<br />
Général. Celui-ci, membre de l'Assemblée Législative, ne pouvant exer<br />
cer à ce titre qu'un commandement temporaire, fut obligé,<br />
afin d'en<br />
solliciter le renouvellement, de se rendre à Paris. Il quitta l'Algérie le<br />
25 avril, laissant comme intermédiaire, le Général Pélissier. Ainsi re<br />
vint à Saint-Arnaud, toute la responsabilité et la direction effective de<br />
l'expédition. Plus tard, le Général d'Hautpoul attribua la responsabilité<br />
de cette décision en faveur de la Kabylie Orientale à l'ambition du<br />
Général Randon, alors ministre de la Guerre. « Prévoyant (écrit-il<br />
dans ses Mémoires), qu'il ne conserverait pas son poste, il songeait<br />
peut-être déjà à se faire nommer Gouverneur Général de l'Algérie, au<br />
sortir du Ministère, et dans ces conditions, il entendait bien se réserver<br />
lui-même l'honneur et les avantages de l'expédition préparée par le<br />
Général d'Hautpoul ». En réalité, le rôle de Randon fut bien modeste<br />
en comparaison de celui du commandant Fleury,<br />
conseiller de Louis-<br />
Napoléon Bonaparte, et du Prince-Président lui-même. Celui-ci, décidé<br />
à faire son coup d'Etat, avait besoin de généraux, et d'un ministre de<br />
la Guerre, prêts à accepter la responsabilité de donner aux troupes des<br />
ordres contraires à la Constitution. Fleury, dans ses « Souvenirs » ra<br />
conte le long entretien qu'il eut avec le prince au début de 1851. Louis-<br />
Napoléon avait des difficultés à réaliser son coup d'Etat, car les<br />
meilleurs généraux de l'époque se trouvaient dans les camps opposés.<br />
Il fallait au Prince des hommes nouveaux, énergiques, et dont le carac<br />
tère puisse s'adapter facilement à la tâche exigée. Or Fleury avait bien<br />
connu Saint-Arnaud en Algérie ; il avait servi sous ses ordres à Orléans-<br />
ville ; et avait pu apprécier ses qualités. Il en dit beaucoup<br />
de bien à<br />
Louis-Napoléon et termina ainsi : « Voilà l'homme que je vous propose<br />
pour devenir, dans six mois, votre ministre de la Guerre et l'instrument<br />
du coup d'Etat. Toutefois, s'il a les qualités supérieures des généraux<br />
qui sont vos adversaires, il n'en a pas le grade, la notoriété, le bagage<br />
(1) Voir chapitre IV,<br />
lr*<br />
partie.