1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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rôle, va désormais travailler contre nous et consacrer ses efforts à nous<br />
créer des embarras.<br />
Il cessa immédiatement ses fonctions d'agent de l'autorité fran<br />
çaise et, ne tenant aucun compte des ordres qu'il recevait, il affecta<br />
une attitude de complète inertie, laissant les tribus de l'Oued-el-Kébir<br />
sans aucun commandement. Le 11 juin 1859, le Capitaine de Saint-<br />
Mars décrit ainsi l'attitude de Bou Renan : « Depuis l'installation de<br />
l'autorité française à Él-Milia, Bou Renan ben Azzedin a opposé à nos<br />
efforts l'inertie la plus coupable et a repris l'attitude d'antagonisme<br />
qu'il n'avait quittée que pendant les six ans où on lui laissa la toute<br />
puissance sur les tribus de son commandement. Je n'ai trouvé près de<br />
lui que des renseignements monstrueux d'inexactitude. Il ne s'est décidé<br />
que deux fois à venir près de moi et a toujours eu soin de répandre<br />
des bruits mensongers pour faire, de ces voyages, des motifs d'agitation<br />
dans le pays. Il m'a déclaré son impuissance à payer les amendes, et<br />
à établir des rapports sur les faits importants. Il prétend qu'il ne peut<br />
aller sans danger chez ses administrés. En un mot le caïd de l'Oued-el-<br />
Kébir est non seulement un fonctionnaire absolument inutile, mais en<br />
core il entrave l'administration. Son service a été fait depuis six^ mois<br />
par les rouages adjacents, les officiers et les cheikhs » (1).<br />
Le 27 juillet suivant, de Saint-Mars, indique les conséquences, né<br />
fastes pour l'administration des tribus, de la nouvelle attitude du caïd,<br />
et les difficultés de! l'autorité française à y parer. « Les populations de<br />
l'Oued-el-Kébir n'avaient jamais payé d'impôt régulier à personne.<br />
Pressées par nos colonnes en 1852, 1853, elles sont tombées entre les<br />
mains de Bou Renan ben Azzedin. Ce chef indigène s'est empressé<br />
d'étreindre son commandement dans un puissant réseau de cheikhs,<br />
oukils, ouquafs, dévia, collecteurs, amis, espions, etc..<br />
« Ayant une grande influence personnelle, il prit soin de la conso<br />
lider encore, en s'appuyant sur sa tribu patrimoine, le Zouagha, sur<br />
deux ou trois tribus maghzen, sur le fantôme de la force française qu'il<br />
montrait derrière lui, prête au besoin à le secourir.<br />
« On s'explique alors facilement comment Bou Renan parvenait en<br />
huit ou dix jours à réunir la valeur de cinq ou six fois la lezma ac<br />
tuelle. Arrivant chez les tribus, il mettait en action son puissant méca<br />
nisme administratif et, le fer et le feu aidant, il rencontrait rarement<br />
une résistance sérieuse à la perception ». Cette année cette organisation<br />
avait disparu. « Les tribus n'avaient, pour ainsi dire plus de caïd, car<br />
Bou Renan oppose une inertie absolue, plus de cheikhs influents, car<br />
depuis un an, nous avons repris les cheikhs nommés par les généraux<br />
en 1851, 1852, 1853, et la plupart d'entre eux sont insignifiants ou trop<br />
vieux ; plus d'ouquafs ni de collecteurs...<br />
« L'autorité française se trouvait seule en face d'une nombreuse po<br />
pulation turbulente, guerrière et orgueilleuse, qu'il fallait faire passer<br />
(1) Archives du Gouvernement Général. <strong>Série</strong> 2H5 (Missions et colonnes). Dos<br />
sier intitulé : Colonne du Zouagha.