1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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CHAPITRE II<br />
LES GRANDES EXPEDITIONS DANS LE TRIANGLE<br />
DJIDJELLI-MILA-PHSLIPPEVILLE<br />
Dès la fin de 1850, une campagne de grande envergure fut décidée<br />
en Kabylie et cette nouvelle provoqua une grande effervescence dans<br />
les deux Kabylies. Le foyer de l'agitalion se trouvait dans le Djurdju<br />
ra : c'est de la tribu des Beni-Mellikeuch,<br />
sur les pentes méridionales<br />
de cette chaîne que partait le signal de la résistance, donné par un<br />
nouveau chérif, apparu depuis peu de temps, Bou Baghla. D'une per<br />
sonnalité plus marquante que les fanatiques précédents, il avait su<br />
acquérir une énorme popularité parmi les tribus, en usant de strata<br />
gèmes qu'il présentait comme des miracles. Ces procédés lui avaient<br />
permis d'entraîner, dans la révolte, la plupart des tribus de Grande<br />
Kabylie, et de communiquer l'agitation jusqu'en Kabylie Orientale.<br />
Le Gouverneur Général d'Hautpoul proposa de faire une grande<br />
opération concertée entre les troupes de Constantine à l'Est, d'Alger<br />
à l'Ouest, et des corps de cavalerie au Sud. Le théâtre de la campagne<br />
s'étendrait aux deux Kabylies à la fois. Des échanges de vues à ce<br />
sujet, entre Constantine, Alger et Paris, durèrent jusqu'au début de<br />
1851 ; le Ministre de la Guerre se décida finalement pour une expédi<br />
tion restreinte à une seule Kabylie.<br />
Restait à choisir entre l'une ou l'autre. D'Hautpoul, intéressé da<br />
vantage par la Kabylie du Djurdjura, voulait détruire, en premier lieu,<br />
le pâté des Zouaoua qu'il considérait comme le centre de toutes les<br />
résistances, le foyer de toutes les insurrections. Il pensait que la Ka<br />
bylie Orientale tomberait ensuite d'elle-même. Or Saint-Arnaud pré<br />
conisait au contraire une action en Kabylie Orientale. Chacun soutint<br />
sa cause à Paris ; le Général d'Hautpoul y envoya un émissaire ; de<br />
son côté Saint-Arnaud écrivait (1) : « Le Gouverneur suppose que le<br />
Djurdjura et les Zouaouas soumis, les Kabyles du Babor, de Djidjelli<br />
et de Collo (petite Kabylie), tomberont d'eux-mêmes. Je serais plutôt<br />
de l'avis contraire. Il n'y a aucune corrélation entre les Kabyles du<br />
Djurdjura et ceux qui habitent entre Bougie et Philippeville. Il y a<br />
mieux : je pense que si quelque événement pouvait influer sur les<br />
dispositions de ces différentes fractions de Kabylie, ce serait la sou<br />
mission du pâté de la Kabylie situé entre Bougie et Philippeville qui,<br />
isolant complètement les Zouaouas, leur ferait faire de salutaires ré<br />
flexions sur leur position.<br />
(1) Voir Quatrelles l'Epine : Le Maréchal de Saint-Arnaud, tome II, p. 54.