1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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Comprenant la gravité de la situation, le Général Herbillon décida<br />
une expédition dans le Zouagha. Dès le 8 septembre 1848, il partit de<br />
Constantine, chassa l'ennemi du village de Djelama (1) et le repoussa<br />
jusqu'au-delà de l'Oued Endja. Le lendemain, il fit une brève incur<br />
sion, au Nord de cet oued, dans le territoire même du Zouagha. Après<br />
ce coup de main vigoureux, il chercha à contrebalancer la puissance<br />
de Mahammed et Bou Renan en fortifiant le pouvoir de Bou Lakheras.<br />
Celui-ci, déjà nommé caïd des Mouïa et des Béni Telilen, reçut, en<br />
plus, le commandement de la rive droite du Bas-Rummel. Les deux<br />
oncles ne gardaient plus que le commandement du Zouagha et de<br />
l'Oued-el-Kébir, avec l'obligation de percevoir en notre nom un impôt<br />
plus considérable que par le passé.<br />
Ces dispositions eurent des résultats à peu près nuls, et les Ben<br />
Azzedin reprirent leur altitude précédente. Le Général Herbillon com<br />
prit la nécessité d'une expédition plus importante, qu'il décida en mai<br />
1849. Cette fois, nos troupes pénétrèrent au cœur même du Zouagha<br />
dont l'aspect redoutable nous avait donné, jusque là, Pimpressioni d'une<br />
forteresse naturelle inaccessible. Le camp fût installé à Fedj-Baïnem,<br />
col qui sépare la chaîne du Zouagha de celle des Arrhes. Le Général<br />
chassa les Ben Azzedin de leur pays. Bou Renan dut se réfugier chez<br />
les Béni Mimoun puis chez les Béni Ider (2), et Mahammed alla deman<br />
der asile à Bou Akkas, cheikh du Ferdjioua. Cette fois, on destitua<br />
solennellement les deux oncles, et Bou Lakheras fut investi de leur<br />
commandement. Traversant alors l'Oued Itéra, le Général se porta<br />
chez les Béni Mimoun dont il incendia les villages. Il dut ensuite se<br />
diriger dans la vallée de l'Oued Guebli où le chérif Ben Yamina, sous<br />
les instigations des Béni Azzedin, avait soulevé toute la région de<br />
Collo à Smendou.<br />
Cette fois la leçon avait été plus sévère : nous avions pénétré au<br />
centre même du territoire des Ben Azzedin, et nous les avions complè<br />
tement destitués de leur pouvoir. Ces deux chefs indigènes sentirent<br />
enfin la force de l'autorité française. Après avoir essayé en vain de<br />
rentrer par la force, dans leur territoire défendu par Bou Lakheras, ils<br />
comprirent que leur intérêt était d'abandonner l'attitude adoptée jus<br />
qu'à ce jour à notre égard. Ils sollicitèrent bientôt l'aman ; à la fin<br />
d'octobre 1849, Mahammed se présenta à Constantine, pour y faire sa<br />
soumission ; et en novembre Bou Renan suivit son exemple. Ils deman<br />
daient seulement, en échange de leur soumission, à garder une part<br />
de leur commandement. Allait-on accepter cette proposition ? A tout<br />
prendre, on y avait intérêt, malgré les ennuis qu'ils nous avaient causés<br />
jusqu'alors. Bou Lakheras en effet se révélait incapable de commander<br />
et n'avait aucune popularité auprès des tribus qu'il gouvernait. Au con<br />
traire, Mahammed et Bou Renan avaient su se créer de nombreux par<br />
tisans ; ils pouvaient par suite, s'ils le voulaient, nous apporter une<br />
(1) Djelama : village situé au sud-ouest de Sidi-Merouan.<br />
(2) Les Beni-Ider : tribu du Sud-Esl du cercle de Djidjelli.