1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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Mais les raisons données à cet arrêt prématuré des opérations oui<br />
été très diverses suivant les auteurs. Certains pensèrent que les mau<br />
vaises conditions matérielles dans lesquelles se terminait la campagne,<br />
étaient les seuls motifs valables. Le corps expéditionnaire, en effet,<br />
était vraiment fatigué par deux mois et demi de marches dans un<br />
pays difficile où il avait fallu le plus souvent ouvrir soi-même des<br />
rouies encore inexistantes. Les combats avaient été incessants, et les<br />
pertes n'étaient pas négligeables. Ii avait fallu aussi, au col de Tibaï-<br />
ren, se dessaisir de deux bataillons confiés au Général Bosquet, pour<br />
aller réprimer l'agitation qui se manifestait du côté de Bougie. Si<br />
bien que, parti de Mila avec plus de 8.000 soldats, le Général se re<br />
trouvait à Collo avec environ 6.000 hommes. Cet effectif n'était plus<br />
suffisant pour mener à bien<br />
le"<br />
reste de la campagne. Le climat par<br />
ailleurs devenait intolérable ; les soldats en ce mots de juillet suppor<br />
taient péniblement la chaleur rendue plus accablante encore par le<br />
souffle brûlant du siroco (1). Ces motifs ont dû sûrement contribuer<br />
pour une bonne part à la décision de Saint-Arnaud.<br />
Mais les considérations politiques ont certainement joué un plus<br />
grand rôle. Saint-Arnaud était l'homme désigné par Fleury<br />
au Prince-<br />
Président, comme linstrument futur du coup d'Etat ; et Fleury pour<br />
convertir Saint-Arnaud à ses vues, était arrivé en Algérie dès le 23<br />
avril, escorté de plusieurs autres officiers, pour souligner,<br />
aux yeux<br />
du public, toute l'importance de cette expédition. On aurait tort de<br />
croire, cependant, que l'expédition ne fut jamais, dans l'esprit de<br />
Saint-Arnaud, qu'une simple comédie politique destinée à lui faire<br />
gravir l'échelon nécessaire, et à lui donner un poste à Paris. Il la<br />
conçut au contraire avec désintéressement, avec- l'intention de faire<br />
œuvre durable. Fleury<br />
réalisa la conversion de Saint-Arnaud au cours<br />
de l'expédition seulement, et précise dans ses « Souvenirs » : « Pen<br />
dant les quelques jours qui précédèrent le départ, je ne voulus pas<br />
aborder le but délicat de ma mission... j'affectai de rester dans le rôle<br />
d'un officier en mission venu tout exprès poux suivre la campagne et<br />
représenter le Président de la République. Tout à ses préparatifs et<br />
aux mille détails que comportait son commandement, le Général de<br />
Saint-Arnaud n'aurait pu prêter qu'une oreille distraite aux sugges<br />
tions que je lui aurais soumises » (2). Ces phrases sont confirmées par<br />
une lettre de Saint-Arnaud lui-même à son frère en février : « Si on<br />
persiste et qu'on m'appelle à Paris,<br />
mon thème est fait, ma ligne de<br />
conduite est tracée et je n'en sortirai pas. J'irai voir le Prince, et lui<br />
dirai avec franchise que je ne suis que militaire avant tout, et que je<br />
ne veux devenir homme politique qu'à mon aise, à ma guise et sur mon<br />
terrain. Ainsi pas d'Empire, pas de coup d'Etat, la loi, la constitution...<br />
j ; ■<br />
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(1) Voir Randon : Rapport adressé à M. le Président de la République par<br />
le Ministre de la Guerre sur les opérations qui ont eu lieu en Algérie au prin<br />
temps 1851, Paris, 1851.<br />
(2) Générul Comte Fleury ; op, cit„ torac I, p. 135,