1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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le pays qui forma, dès les premières années de notre conquête, le cercle<br />
de Djidjelli ; il est drainé par quelques rivières côtières dont les prin<br />
cipales sont l'oued Missa, qui se jette à la mer sous le nom d'oued Djin-<br />
djen, et l'oued Nil. Au Sud, au contraire, la plupart des rivières, comme<br />
l'oued Itéra et l'oued Endja, sont tributaires de l'oued El-Kébir. Là<br />
s'étendait, lors de notre arrivée, le pays du Ferdjioua, dont l'importance<br />
fut semblable, sinon supérieure, à celle du Zouagha.<br />
Entre l'oued El-Kébir et la vallée du Safsaf, s'élèvent les monts de<br />
la Kabylie de Collo, traversés dans leur partie médiane par la pittores<br />
que vallée du Guebli, qui sépare l'importante tribu des Béni Mehenna<br />
à l'Est de celle des Béni Toufout à l'Ouest. Au Sud de cette tribu, la<br />
chaîne Numidique se continue avec le djebel Aïcha et le kef Sidi-Dris.<br />
Au Nord, s'avance vers la mer, pour former le promontoire du cap<br />
Bougaroun, découpé et rocheux, le pâté de Collo dont le point culminant<br />
est le djebel Goufi.<br />
Toutes les montagnes de Kabylie Orientale, dressées en bordure<br />
de la mer, face aux vents pluvieux du Nord-Ouest, sont fortement arro<br />
sées ; les massifs les mieux exposés reçoivent plus d'un mètre d'eau<br />
par an, et en hiver la neige reste plusieurs semaines sur leurs sommets.<br />
Une telle humidité a permis le développement de vastes massifs fores<br />
tiers qui sont parmi les plus beaux de l'Algérie : « Les forêts de chênes-<br />
lièges se sont bien conservées sur les grès infertiles et sur les massifs<br />
schisteux très arrosés ; des chênes à feuilles caduques (zéen et affarès)<br />
egayent les versants creux les plus humides,<br />
et des bouquets de pins<br />
maritimes se dressent près du littoral ». Entre Djidjelli et Collo, les<br />
forêts sont très denses et le coefficient de boisement atteint 60 % ; les<br />
sous-bois sont touffus et presque impénétrables (1).<br />
A l'époque de leurs premiers contacts avec les Français, les Kabyles<br />
qui habitent ces régions sont encore très sauvages. Sédentaires, ils ont<br />
leurs habitations fixées au sol, mais les vastes forêts ont été un obstacle<br />
à la formation de gros villages ; et si dans le Guergour,<br />
et certaines<br />
parties du Babor, quelques villages aux maisons de pierre solidement<br />
construites rappellent encore ceux de Grande Kabylie, à partir du ver<br />
sant oriental du Babor jusqu'à la vallée du Safsaf, les indigènes habi<br />
tent presque toujours des gourbis faits de branchages enduits d'argile<br />
ou de bouse de vache,<br />
de diss.<br />
ou bien des huttes de pierre sèche recouvertes<br />
Leur genre de vie révèle une pauvreté extrême : ils ne peuvent<br />
trouver, dans un pays aussi accidenté, de grandes étendues de terre<br />
labourable, et l'acidité du sol qui manque de chaux ne permet guère<br />
de riches cultures. Aussi les récoltes de céréales sont-elles peu abon<br />
dantes, sauf peut-être celle du sorgho ; leurs méthodes de travail sont<br />
d'ailleurs rudimentaires : elles se bornent à un défonçage superficiel<br />
du sol avec la vieille araire, tirée par des bêtes de somme, mulets ou<br />
bovins, parfois par les hommes eux-mêmes.<br />
(1) Voir carte VIII.