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1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf

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— — G<br />

plomb et d'argent. Les Oulad Amerioud avaient des pierres à meule, et<br />

c'est de leur tribu que sortaient tous les moulins à bras dont les Arabes<br />

de la province de Constantine se servaient pour moudre leur blé. Les<br />

Messisenas et les Béni Mohali possédaient des sources salines et ex<br />

portaient leur sel. Les Reboula produisaient de la poudre dans 57<br />

fabriques. Enfin les ressources forestières étaient considérables, un<br />

trésor pour l'Algérie : le Djebel Aquedafou était recouvert d'une im<br />

mense forêt de bois de construction, où la hache et la scie n'avaient<br />

pas encore pénétré. Outre leurs fameuses ruches à mielt<br />

les Béni Aïdel<br />

exploitaient leurs oliviers séculaires. Richard ne connaissait que la<br />

région Bougie-Sétif, mais on pouvait croire que les parties orientales<br />

du massif avaient des richesses analogues.<br />

Occuper la Kabylie lui semblait donc d'une grande utilité, car de<br />

cette manière on pouvait contrôler les lieux de production d'où les<br />

Arabes tiraient les objets nécessaires à leur vie courante et leur maté<br />

riel de guerre. Et ce lieutenant du génie, qui était un\ fouriériste ardent,<br />

justifiait la colonisation par les nécessités de la vie civilisée : « Il faut<br />

avoir de bien mauvais yeux, écrivait-il pour ne pas voir que l'humanité<br />

subit à travers les siècles des phases diverses qui suivent une progres<br />

sion croissante ver le bien... La puissance civilisatrice a trois compo<br />

santes, qui sont l'Angleterre, les Etats-Unis et la France. L'Angleterre<br />

prend l'Asie ; les Etats-Unis prennent l'Amérique ; que la France pren<br />

ne au moins l'Afrique, si elle ne veut pas manquer à sa mission ».<br />

Mais, on le voit, même sous la plume de cet économiste, c'est l'in<br />

térêt militaire de la France qui justifie surtout l'occupation de la Ka<br />

bylie. A vrai dire, les ressources de la région n'étaient pas suffisantes<br />

pour justifier la dépense d'une expédition.. Cependant la France, de<br />

puis l'occupation du beylicat de Constantine, possédait un vaste pays,<br />

disposé d'Est en Ouest, comme un long couloir, ouvert seulement aux<br />

deux bouts. Même au temps des beys, le problème des commutations<br />

était mal résolu, car toutes les ressources de leur province s'écoulaient<br />

par une seule voie, conduisant au port de Bône. Après l'occupation<br />

de la région, les Français s'empressèrent d'en créer une autre, plus<br />

courte, et voulurent concentrer tout le commerce dans le port nouveau<br />

de Philippeville. La conquête de Sétif nécessita l'ouverture d'une nou<br />

velle voie, vers Bougie. On avait construit la maison, il fallait percer<br />

des portes et en protéger les accès.<br />

Entreprise difficile, car la barrière qui séparait les plaines de Cons-<br />

tantine-Sétif<br />

de la mer formait un enchevêtrement d'âpres montagnes,<br />

toujours inviolées. Territoire de refuge pour les Berbères victimes des<br />

invasions, elles étaient peuplées de sédentaires très attachés à leur pe<br />

tite patrie, fantassins tenaces, qui avaient toujours repoussé victorieuse<br />

ment la cavalerie arabe quand celle-ci avait osé s'aventurer sur ce dan<br />

gereux terrain. Leur organisation « démocratique », ou pour mieux<br />

dire nullement seigneurale, leur division en douars dirigés par des<br />

conseils (djemaâ) empêchaient (comme de nos jours au Maroc central)<br />

les manœuvres de dissociation que les conquérants peuvent pratiquer

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