1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf
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en entier ». Malgré son succès final, les reproches s'abattirent sur lui,<br />
et contribuèrent directement à sa démission.<br />
Enfin, au cours même des expéditions de Kabylie Orientale, les<br />
intrigues politiques jouèrent un grand rôle et contribuèrent parfois<br />
à écourter des opérations dont l'action prolongée aurait eu le plus sa<br />
lutaire effet, sur les populations indigènes. Certes, dans la décision des<br />
opérations, la Kabylie Orientale a été, au contraire, favorisée aux dé<br />
pens de celle du Djurdjura, en 1851, 1852 et 1853 ;<br />
cependant la cam<br />
pagne de 1851 a été écourtée pour des raisons purement politiques, qui<br />
ont nui à l'œuvre de Saint-Arnaud dans les montagnes kabyles.<br />
Malgré ces fautes de notre part, et les avantages qu'ils possédaient<br />
dans certains domaines, les Kabyles ne purent résister à notre domi<br />
nation parce que nous avions, sur eux, deux grandes supériorités :<br />
celle d'une force nationale sur l'anarchie, et celle de la science sur<br />
l'ignorance.<br />
Les Kabyles,. en effet, pendant toute la durée de la conquête, ne<br />
surent jamais s'unir véritablement dans un commun effort contre no<br />
tre envahissement. Certes,<br />
quand nos colonnes pénétraient sur le ter<br />
ritoire d'une tribu, elles avaient toujours à combattre des rassemble<br />
ments formés de tous les contingents des tribus voisines, venus prêter<br />
main forte à la plus menacée. Mais cette solidarité se manifestait dans<br />
un périmètre assez restreint et jamais les montagnards de Grande Ka<br />
bylie n'essayèrent de déborder les faibles garnisons placées en obser<br />
vation aux abords du Djurdjura pour venir, à l'Est de la Summam,<br />
menacés par nos armes. Les Kabyles n'ont<br />
au secours de leurs frères,<br />
jamais connu le véritable sentiment national ; ceux de Kabylie Orien<br />
tale moins que tous les autres, semble-t-il,<br />
car on ne trouve même pas<br />
chez eux les vastes confédérations du Djurdjura, expression d'une ten<br />
dance au groupement en unités plus vastes que la tribu. Cette absence<br />
d'unité politique fut une des causes profondes de leur défaite.<br />
Cette infériorité nationale des Kabyles se doublait d'une faiblesse<br />
militaire incontestable. Ils n'eurent jamais que la supériorité du nom<br />
bre, et seulement pendant les premières années de la conquête. On ne<br />
peut parler d'une véritable armée kabyle, car les guerriers réunis for<br />
maient plutôt des contingents hétérogènes et peu cohérents. Femmes et<br />
enfants accompagnaient souvent les hommes au combat pour les en<br />
courager par des cris et des chants, et leur présence sur les lieux de<br />
là guerre, était sans aucun doute, beaucoup plus gênante qu'efficace.<br />
Dans le combat, ils se servaient du fusil dont ils prenaient toujours<br />
grand soin, et parfois, renforçaient leur armement en se munissant<br />
d'un pistolet, ou d'un yatagan,<br />
sorte de sabre de maniement plus com<br />
mode dans les corps à corps. Mais, au total, la valeur de l'armement<br />
comme des guerriers eux-mêmes, laissait à désirer. Chez nous, au con<br />
traire, les progrès furent rapides dans ce domaine, à partir de 1850.<br />
Les différents gouverneurs généraux, d'accord avec, le ministère de la<br />
Guerre, firent de sérieux efforts pour augmenter la valeur et le nom<br />
bre des régiments algériens. Un des premiers soins de Randon à son