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1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf

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que des règles positives. Le recueil de ces prescriptions particulières à<br />

chaque village constitue un kanoun. Ce code a un caractère de mobilité<br />

permanente, car il s'enrichit constamment de prescriptions ayant leur<br />

origine dans des faits particuliers observés, généralisés,<br />

sous forme d'interdits.<br />

par la suite,<br />

Chaque kanoun a d'ailleurs, le pins souvent, une forme orale ; il<br />

est conservé par les anciens qui savent le retenir et le réciter. Parfois,<br />

cependant, il est écrit par les tolba (1) ou savants, non en langue ber<br />

bère qui ne s'écrit pas, mais en caractères arabes. On a retrouvé en<br />

effet plusieurs de ces textes, dans divers endroits de la Kabylie Orientale.<br />

Entre Siliana et El-Milia, Ch. Féraud a recueilli, dans le canton de<br />

Sidi-Mârouf, lors de la campagne de 1860 dans celte région, un fragment<br />

de kanoun écrit en arabe, et appartenant à une fraction de la tribu des<br />

Beni-Aïcha (2). Luciani a découvert aussi, chez les Ouled Athia de l'oued<br />

Zhour, un certain nombre d'articles analogues, appartenant à cette tri<br />

bu (3). Dans la région du cap Aokas, Rahmani Slimane a recueilli les<br />

kanoun des Beni-Ahmed et Beni-Amrous. Enfin, M. Ph. Marçais a re<br />

trouvé, dans la région de Djidjelli, des articles de ce genre, portant sur<br />

les usages collectifs.<br />

Tous ces textes écrits permettent d'affirmer dans ce pays pourtant<br />

arabophone dans la majeure partie de son étendue, la survivance, dans<br />

toute leur pureté, des coutumes berbères. L'Islam a pu donner à ce<br />

peuple la religion du Coran, il n'a pu détruire le naturel même de cette<br />

race, incarné dans un esprit d'indépendance si vivace, qu'il ne peut<br />

supporter aucune tutelle. La djemaâ elle-même,<br />

souveraine en principe,<br />

est en fait soumise aux influences politiques des différents çofs ou<br />

partis qui se forment dans le pays. L'importance de ces çofs est consi<br />

dérable : ils déchaînent, dans leurs querelles permanentes, des guerres<br />

continuelles entre les tribus voisines. Aucun lien de solidarité n'existe<br />

entre elles, et l'on ne retrouve pas, en Kabylie Orientale, de vastes con<br />

fédérations analogues à celle des Zouaoua,<br />

en Grande Kabylie.<br />

L'humeur indépendante et belliqueuse de ces tribus se manifeste<br />

aussi dans leur haine d'une domination étrangère. Au cours du xvnr<br />

siècle, les Turcs essayèrent en vain de leur imposer leur domination.<br />

L'autorité du caïd de Bougie et celle du bey de Constantine, entre les<br />

quelles le pays était partagé, ne furent jamais qu'illusoires,<br />

et la plu<br />

part des tribus ne payèrent jamais d'impôt au gouvernement turc. En<br />

1804, la tentative d'Osman Bey, dans la valiée de l'oued El-Kébir, se<br />

termina par une catastrophe. Son armée fut massacrée et lui-même y<br />

perdit la vie. Mila était la seule ville de Kabylie Orientale aux mains<br />

des Turcs. A Djidjelli, ils avaient établi également une faible garnison ;<br />

mais, privée de rapports avec les tribus des environs, elle devait se<br />

faire ravitailler par la mer ; elle fut d'ailleurs évacuée en 1830.<br />

(1)<br />

Tolba : pluriel de Taleb (savant).<br />

(2) Ch. Féraud : Jl'Iœurs et coutumes kabi/les (P.evue Africaine) 1802.<br />

(3)<br />

Luciani : Les Ouled-Athia de l'Oued Zhour (Revue Africaine) 1889.

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