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1948 T.16 Bis - 2e Série.pdf

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tairement par le chemin de la montagne pour forcer Bou Akkas à se<br />

prononcer franchement à potre égard. Féraud a reproduit, dans un<br />

de ses articles (1), le texte exact du récit que fit le Duc au Maréchal<br />

Bugeaud, après l'événement. Certains passages, que nous reproduisons,<br />

mettent très nettement en valeur la conduite douteuse de Bou Akkas.<br />

« La nouvelle de ma venue, (dit le Duc) le mit dans une grande<br />

perplexité et,<br />

comme d'habitude, il jeta en avant, pour assurer le ter<br />

rain, quelques lettres protestant de sa soumission,<br />

mais ne l'engageant<br />

en rien.. Puis, à mesure que je m'approchais, il trahit, par mille dé<br />

marches incohérentes, le combat qui se livrait entre son orgueil, la<br />

crainte de compromettre une situation ménagée à tant de frais, et la<br />

méfiance qui est le fond dominant de son caractère. Tantôt il deman<br />

dait une entrevue seul à seul, d'égal à égal ;<br />

puis il voulait me faire<br />

détourner de mon chemin, pour recevoir la difa préparée sur une autre<br />

route ; un nouveau message demandait un officier en otage pendant<br />

qu'il se présenterait ; un autre invoquait une lettre d'aman. A toutes<br />

ces démarches mes réponses étaient brèves : « Dites à votre cheikh<br />

que je le sais fort occupé et que je n'ai pas besoin de le voir ; s'il<br />

désire me parler, il connaît mon chemin et sait ce que le serviteur doit<br />

au maître... Il me rejoignit deux lieues plus loin, à la tête de 500 cava<br />

liers presque réguliers, parfaitement montés et armés, mit pied à terre<br />

et me baisa la main à plusieurs reprises ; puis il m'escorta jusqu'aux<br />

limites de son territoire, et renouvela, en se séparant, les actes de la<br />

plus complète soumission ».<br />

Ce récit montre très bien la personnalité de Bou Akkas et tout<br />

ce qu'il y avait d'hypocrite dans sa conduite. Sa politique à notre égard<br />

était l'expression parfaite du double jeu. Loyal en apparence, il ne<br />

cessait en réalité d'entretenir de secrètes relations avec les plus grands<br />

ennemis de la cause française : l'ancien bey de Constantine, El-Hadj-<br />

Ahmed, et l'émir Abd-el-Kader. Or en décembre 1847, celui-ci vaincu,<br />

se soumettait à la France ; l'année suivante le bey, réfugié depuis sa<br />

chute dans les montagnes de l'Aurès, se rendait à son tour. Cette double<br />

victoire pour nos armées détruisit les espérances de Bou Akkas. D'une<br />

intelligence très lucide, il comprit que la victoire de la France en<br />

Algérie était désormais définitive, et qu'une résistance poussée plus<br />

longtemps s'avérait inutile. Il finit par se décider à la soumission, sur<br />

les instances du Capitaine de Neveu, Directeur divisionnaire des Affai<br />

res indigènes qui, pour lui ôter toute crainte d'arrestation et lui donner<br />

confiance, lui offrit son propre fils en otage. Alors Bou Akkas, accom<br />

pagné du Capitaine de Neveu, fit son entrée à Constantine le 12 octo<br />

bre 1850. Le 13 au matin, il faisait sa visite au Général de Saint-Arnaud<br />

et dans l'après-midi, il assistait, en grand équipage, aux courses de<br />

Constantine. Et le 14 il déjeunait chez le Généralavec toutes les nota<br />

bilités de la province. C'était un grand événement. Le Général de<br />

Samt-Arnaud ne manqua pas de le souligner largement dans sa cor-<br />

(1) Ch. Féiuud : idem, p. 101.

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