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LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude

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LIBERTÉ Couleur D’HOMME<br />

de la nation. Enfin, la « militarisation » de la contestation, présentée comme signifiant une étape<br />

nouvelle, supérieure, de la lutte n’avait en fin de compte pour signification que la réponse de<br />

« substitution » d’une poignée de révolutionnaires hantés par leur impuissance à faire basculer<br />

l’ordre dominant dans la trappe du néant.<br />

Cette « militarisation » a même coupé en fractions rageusement antagonistes les combattants<br />

eux–mêmes. Tout récemment encore, les leaders emprisonnés des « Brigades rouges » menaçaient<br />

de mort physique des combattants rattachés à la « mouvance autonome ». Une telle situation est<br />

éminemment déplorable, poignante et catastrophique.<br />

La militarisation du conflit entre les avant–gardes révolutionnaires et les forces de l’Etat ne<br />

peuvent, à l’heure actuelle, avoir pour résultat final que l’extermination des révolutionnaires.<br />

L’écrasement de la RAF en Allemagne, les répressions violentes qui frappent à l’heure actuelle<br />

(août 79) les révolutionnaires italiens, en apportent une première preuve. L’impatience qui<br />

légitimement brûle les combattants ne doit pas les rendre aveugles, les faire retomber dans une<br />

« illusion lyrique » qui trop souvent s’achève dans le sang et la tragédie. Héros ou non, Andréas<br />

Baader, Ulrike Meinhof, J.C. Raspe, Gundrun Esslin sont morts. Je préférerais les savoir vivants, et<br />

toujours au combat.<br />

Cette « militarisation » ne viendrait–elle pas aussi d’une sous–estimation de la capacité des<br />

sociétés bourgeoises occidentales qui, loin de s’endormir sur leurs lauriers, organisent chaque jour<br />

un peu mieux la répression internationale avec la création d’un « nouvel espace judiciaire<br />

européen », une coopération accrue des services de renseignements respectifs, une coordination plus<br />

poussée des forces directement impliquées dans la lutte contre la « subversion ».<br />

Prendre en considération ces données neuves n’est pas « désespérer Billancourt » ou Vincennes,<br />

ou Bologne. C’est seulement ne pas oublier qu’il ne s’agit pas seulement de « faire » la révolution,<br />

mais de faire en sorte que cette révolution soit victorieuse, pour qu’enfin commence une vraie<br />

histoire de l’humanité, pour que soient rayées de la surface du globe, ces horreurs que j’ai trop<br />

hâtivement évoquées au fil des pages de ce livre fou. Pour qu’enfin des enfants ne meurent plus par<br />

la faim, les rats, ou les napalm, pour que les vieillards ne soient pas livrés à des solitudes affreuses,<br />

pour que les amants ne soient pas séparés par des barreaux de prisons, pour qu’enfin toutes les<br />

richesses que cette terre veut bien nous donner à condition qu’on renonce à régner sur elle par la<br />

science froide et la technologie et qu’on accepte un dialogue, la complicité, deviennent des<br />

richesses pour tous, pour qu’enfin les asiles de fous se vident avec les infâmes mouroirs où l’on<br />

torture, viole, dépèce, pour qu’enfin la splendeur du monde soit fraîcheur sur la chair des créatures,<br />

pour qu’enfin la nuit cesse d’être la loi dans les jungles des villes, pour qu’enfin l’instinct de mort<br />

soit étouffé par l’instinct de vie. Pour qu’enfin soit le matin d’Eros.<br />

Que faire quand les maîtres unis par delà leurs divergences possèdent les moyens de nous<br />

écraser, un par un, révolté après révolté, Gabor Winter après Abdellatif Laâbi, Andréas Baader après<br />

Armando Valladares ?<br />

S’il y en a un qui a la certitude de posséder les clefs du futur qu’il se lève et parle ? Mais<br />

personne n’a entre les mains les clefs du futur ni les survivants de la RAF, ni Renato Curcio qui<br />

vocifère, condamne, derrière les barreaux de sa cage italienne d’engeôlé brûlant de haine, ni<br />

l’intellectuel qui publie libelle sur libelle.<br />

<strong>Les</strong> possède-t-il ces clefs, cet étonnant Tomas Borge, ministre de l’Intérieur depuis quelques<br />

semaines du « Nicaragua libre » qui, retrouvant devant lui le bourreau qui l’avait férocement<br />

torturé, a eu ce mot admirable Notre vengeance sera notre pardon. La loi révolutionnaire vient<br />

d’abolir la peine de mort au Nicaragua tandis que l’Iman Khomeiny envoie aux pelotons<br />

d’exécution chaque jour d’authentiques révolutionnaires, mêlés, pour obtenir l’effet recherché, à<br />

quelques fripouilles.<br />

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