LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude
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LIBERTÉ Couleur D’HOMME<br />
vulgaire. L’émergence du mouvement de libération des femmes – en dépit des outrances, des<br />
errements de pensée éminemment dangereux et dus pour l’essentiel à la fraction radicale, petite<br />
bourgeoise de ce mouvement – a totalement bouleversé le paysage. Et je suis persuadé que tous ses<br />
effets – effets bénéfiques pour tous j’entends ! – ne sont pas encore visibles. De toute façon –<br />
errements ou pas –quelque chose d’irréversible a été atteint; le machisme y compris celui de ceux<br />
qui ne tarissent pas d’éloges à propos de la lutte des « nanas » a été « pointé », le viol a été dans<br />
toute son ignoble réalité étalé au grand jour. Il est à regretter que la violence fabuleuse, que les<br />
innombrables « agressions » en tout genre auxquelles les femmes doivent faire face, aient provoqué<br />
chez une partie d’entre elles une – comment dire autrement ! – « haine » farouche, irrationnelle de<br />
l’homme, du mec. La lutte pour un socialisme libertaire ne peut se passer d’aucune force. Mais<br />
enfin, la femme, ni déesse ni putain, a reconquis – en partie – droit de cité. Du moins, ne se fait-elle<br />
plus facilement oublier.<br />
De même, la remise en cause de la traditionnelle activité militante, de l’activisme aveugle,<br />
fébrile, ainsi que des structures des partis et organisations, peut être mis au tableau de chasse de<br />
ceux que Mai 68, notamment, éveilla ou réveilla. Le Règne des Chefs, qui ont le « pouvoir de la<br />
parole », a pris un sérieux coup. Finie l’obéissance passive à des slogans changeants, semaine après<br />
semaine, et dictés par des « bureaux politiques » longtemps indiscutés. Finie, cette action politique<br />
qui maintenant encore dresse un mur entre vie privée et vie publique, qui renvoyait, encore et<br />
toujours aux calendes grecques, la discussion des problèmes personnels, quotidiens. Il était entendu<br />
que le Parti était tout et l’individu rien. Quand le socialisme aurait gagné, tous les problèmes<br />
trouveraient, ça allait de soi, une solution. Mais en attendant Camarades, toutes aux ronéos, tous aux<br />
manches de pioches, et motus !<br />
Cela est fini, bien fini, et c’est tant mieux. L’individualisme révolutionnaire a retrouvé une aura<br />
lumineuse – et là je songe moins à ces intellectuels douillettement installés qui concoctent entre<br />
juillet et septembre, au bord d’une piscine, un fulminant traité de défense de « l’individu », qu’à des<br />
milliers et milliers de personnes – femmes et hommes, enfants et vieillards – pour la plupart<br />
inconnus, anonymes, qui, tout simplement, au jour le jour, à la nuit la nuit, témoignent en actes et<br />
paroles de ce nouveau et fécond refus.<br />
La prise de conscience écologique, des périls du nucléaire : société nucléaire–société policière,<br />
ont aussi – c’est vraiment pas original de le répéter – amplement nourri les débats de ces dernières<br />
années.<br />
Ainsi « une révolution de la révolution » a été entreprise, ici et là, au sein de groupes multiples<br />
divers, aussi différents et aussi proches que les défenseurs des baleines bleues et les signatures du<br />
« Manifeste du 18 joint ».<br />
Mais – et comment pouvait-il en être autrement après une aussi longue glaciation de l’Esprit –<br />
tout cela s’est fait dans la dispersion, dans la confusion, avec nombre de malentendus de part et<br />
d’autre. L’unification de ces « sensibilités nouvelles » qui aboutissent toutes, en toute logique, à la<br />
mise en cause du capitalisme, à la mise en question du « modèle bureaucratique soviétique » –<br />
toutes nuances confondues – n’a pas véritablement été réalisé. Nul « projet » crédible n’a rencontré<br />
l’oreille des « masses ».<br />
Nous nous retrouvons au bord de la route avec toutes ces bribes de « savoir » arrachées aux<br />
propos, aux ouvrages de Reich, Marcuse, Ivan Illich, nous savons que la Science n’est pas neutre,<br />
que sa prétendue rationalité est source de graves périls, nous savons que l’existence même de<br />
l’École – au sens classique du mot – contredit tout véritable enseignement qui devrait voir se<br />
confronter « enfants » et « adultes », « ouvriers » et « intellectuels », « émetteurs » et « récepteurs »,<br />
« hommes » ne refoulant plus leur « féminité » et femmes ayant cessé de prendre l’homme pour un<br />
animal définitivement pourri, vieillards et adolescents, gens des villes et gens des campagnes<br />
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