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LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude

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LIBERTÉ Couleur D’HOMME<br />

face au péril hitlérien que les dirigeants de la III e Internationale permirent de franchir le stade de<br />

l’hypothèse à celui de réalité. Quand Franco et les autres militaires espagnols déclenchèrent la<br />

guerre civile parce que la bourgeoisie espagnole, les propriétaires fonciers étaient conscients qu’une<br />

révolution sociale menée par les anarchistes cognait à leurs portes, Benjamin Péret, sans conférence<br />

de presse, sans tapage diurne ou nocturne, sans discours devant les micros de la radio française –<br />

laquelle d’ailleurs se souciait comme d’une guigne du poète de je ne mange pas de ce pain là, quitta<br />

son pays, rejoignit l’Espagne au plus vite et s’intégra aux milices du POUM, où il devait retrouver<br />

Georges Orwell, l’auteur de 1984, Colette Audry et d’autres authentiques antifascistes.<br />

Non, il n’y eut jamais en Espagne de « guerre » opposant la Démocratie – avec un grand D – au<br />

Fascisme avec un grand F. Il y eut quelque chose de plus terrifiant, de plus saignant, de plus<br />

exaltant : une révolution sociale en voie de développement, une révolution sociale fondée sur les<br />

enseignements de l’anarchisme espagnol, une révolution donc qui, non contente d’ignorer les<br />

schémas mitonnes par les bureaucrates du Komintern, s’opposaient radicalement à ceux–ci. Lorsque<br />

la prétendue « guerre civile » éclata, il n’y avait, outre Pyrénées, qu’une infime poignée de<br />

communistes ralliés à Moscou. Par contre, il y avait plus de deux millions d’ouvriers, de paysans,<br />

d’intellectuels, d’employés à la CNT-FAI. Il faudra les étonnants tours de prestidigitation des tueurs,<br />

hommes de main, valets larbins de Staline, pour qu’en quelques mois Le Parti communiste espagnol<br />

acquiert des dimensions « honorables ».<br />

Il faudra des crimes innommables, des assassinats multiples, des rapts ignominieux. Il faudra la<br />

peau d’Andrès Nin, des secrétaires de Trotsky, de Camillo Berneri l’arnarchiste italien. Il faudra que<br />

la police « prolétarienne » de l’URSS – qu’elle s’appelle G.P.U, NKVD, KGB – commette forfait<br />

sur forfait. Il faudra la « manipulation des « bonnes âmes » des Brigades internationales dont les<br />

chefs et en premier lieu Palmiro Togliatti n’ignoraient rien des complots tramés à l’ombre des<br />

coupoles du Kremlin. Combien de poètes inconnus, d’anonymes étudiants, de travailleurs sans nom<br />

qui résonne, reposent aujourd’hui dans la fameuse vallée des morts, près – honneur suprême ou<br />

suprême dérision ! – du Caudillo.<br />

L’Espagne, on le sait maintenant clairement, fut sacrifiée sur l’autel de la Realpolitik. Qui aurait<br />

pu accepter alors une révolution qui démontrait que la « fatalité » pouvait être vaincue, qu’il n’était<br />

pas donné comme vérité éternelle que toute tentative de transformation du monde dusse aboutir à un<br />

« goulag ».<br />

C’est au nom de cette Espagne là, libertaire, que plus de trente ans plus tard il me fut donné de<br />

demander au vieux compagnon Gaston Leval en proie alors aux difficultés du grand âge ainsi qu’à<br />

une cruelle maladie, de consentir l’effort de plonger dans ses archives et d’en extraire la masse de<br />

notes – enregistrées à chaud – lors des débats des conseils ouvriers et des différentes structures nées<br />

en Catalogne sous l’impulsion de l’avant–garde de la CNT–FAI. Cela donna un fort volumineux<br />

ouvrage qui parut aux Éditions de « La tête de feuilles » ouvrage qui avait, selon moi, pour but de<br />

clouer à jamais le bec des staliniens haineux ainsi que celui des gens qui avaient une nette<br />

propension à faire la louange des idées libertaires tout en précisant aussitôt qu’elles étaient<br />

irréalisables. En fin de compte pour ces gens–là le Communisme Libertaire était d’autant plus beau<br />

qu’il n’avait aucune chance de s’incarner. Le livre passionné du regretté Gaston Leval leur apporta<br />

un démenti cinglant. Une révolution non autoritaire avait bel et bien été écrasée en Catalogne.<br />

Puisqu’elle contredisait les plans machiavéliques de Moscou, puisqu’elle n’était pas assimilable à<br />

cette misérable social–démocratie, dont on sait depuis plus de cinq décennies, que non contente de<br />

gérer les intérêts du Capital, elle peut – comme en Allemagne de Weimar – faire le lit du fascisme le<br />

plus fou, le plus criminel, puisqu’on conséquence elle ne pouvait qu’effaroucher les « démocrates »<br />

français déjà prêts à chanter au passage de Pétain « Maréchal nous voilà », les « démocrates »<br />

anglais et américains prêts à ne rien perdre de la valeur de La Livre et du sacro–saint Dollar, il<br />

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