13.07.2013 Views

LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude

LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude

LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

C’est après ce jour-là que nous décidâmes<br />

de changer de planète,<br />

d’habiter ailleurs.<br />

LIBERTÉ Couleur D’HOMME<br />

Soudain surgirent bottés, casqués<br />

les grands oiseaux de proie,<br />

et les amours périclitèrent sur la ligne d’horizon.<br />

La monnaie sans valeur coulait vers les égouts<br />

<strong>Les</strong> chiens eux-mêmes n’avaient plus de goût à rien –<br />

<strong>Les</strong> trompettes vermoulues s’effilochaient entre les doigts des anges<br />

des cathédrales baroques –<br />

<strong>Les</strong> fenêtres obscurcies par des loques<br />

hurlaient comme des mâchoires fracassées.<br />

Nous vivions d’eau non potable et de peur,<br />

nous vivions de carcasses d’oiseaux d’une effrayante maigreur –<br />

Nous habitions là où le rat lui–même refuse d’habiter –<br />

La terre sèche écartait sans fin les douces lèvres de la plaie.<br />

Il y eut des effondrements de cieux<br />

et des pantomimes sanglantes dans les buissons d’épines –<br />

<strong>Les</strong> hommes se jetaient sur les femmes comme des fusées folles –<br />

<strong>Les</strong> idiots de village dansaient une étrange, une cruelle carmagnole –<br />

À chaque tombée de la nuit, des peuples devenaient dolmens et menhirs.<br />

La terre était l’empire de l’acier muet et du fusil sans repentir.<br />

Que faire quand dans la nuit hurlent les corps écartelés ?<br />

Bob Dylan et Lou Reed tendent nos nerfs malades –<br />

Trois milliards d’enfants fantômes réclament pauvrement du lait –<br />

À la table du festin les tyrans hésitent entre fromage et salade –<br />

Que faire quand la fatigue crève les yeux<br />

du poète titubant dans les rues froides de la cité<br />

rebondissant de mur en mur ?<br />

Quand cette espèce d’acculé prend à partie l’azur<br />

– d’ailleurs sombre et sans étoiles –<br />

avec ses poings maigres, ridicules, en proie à la pernicieuse usure.<br />

Que faire quand l’homme s’éteint dans l’homme,<br />

Quand sonne l’heure du rêve fracassé de Nietzsche ?<br />

Au loin murmurent les douces rivières de l’été,<br />

tremblent les herbes des éternelles prairies,<br />

Et pourtant on entend<br />

La pourriture au travail, déjà victorieuse, mais sans orgueil,<br />

sûre de vaincre la tendre liberté des feuilles,<br />

l’oiseau et son chant de pur osier.<br />

Nous habitâmes longtemps comme beaucoup les tentes d’exode et d’utopie.<br />

Vint l’aube et vint la nuit,<br />

- 125 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!