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LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude

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LIBERTÉ Couleur D’HOMME<br />

fallait donc que cette révolution crevât. On monta un habile scénario.<br />

Ne discutons pas : l’Espagne « noir et rouge » n’est pas morte de la seule main, du seul garrot,<br />

du seul peloton d’exécution commandés par la hyène Franco. Elle est morte de l’estocade lucide<br />

portée par les régimes qui avaient tout à craindre du triomphe d’une révolution qui aurait été la mise<br />

en accusation de la fameuse « Révolution d’Octobre ». <strong>Les</strong> assassins de Cronstadt, les meurtriers<br />

des anarchistes et sociaux révolutionnaires russes, les traqueurs de Trotski, les bureaucrates du<br />

« goulag » dont les formes étaient déjà préfigurées bien avant la mort du « grand timonier »<br />

Vladimir Illitch Oulianov, n’avaient plus d’avenir si Durruti l’emportait sur la bête fasciste.<br />

Breton disait cela superbement dans des textes illuminés par la colère du lion qu’il était. Mais<br />

Breton se réfugia aux États–Unis. Il ne se porta pas au secours d’Esclarmonde.<br />

Qui dira un jour l’étonnant rôle des femmes dans la « guerre d’Espagne ». À tout hasard, je fais<br />

rappel d’un ouvrage paru il y a seulement quelques mois, un ouvrage intitulé Mujeres Libres dont je<br />

conseille la lecture la plus attentionnée aux plus sectaires des membres du « Mouvement de<br />

Libération des femmes ». Cet ouvrage retrace l’épopée des femmes anarchistes de la CNT–FAI,<br />

l’extraordinaire séisme qu’elles vécurent alors, ayant à affronter à la fois les tâches de mères,<br />

d’épouses, de compagnes, de militantes, de guerrières et enfin de femmes qui, à travers le combat,<br />

purent prendre conscience de leur oppression spécifique. <strong>Les</strong> militants anarchistes n’étaient pas<br />

exempts de tares qui vérolaient ce que j’appellerai assez aisément le machisme léniniste latino<br />

américain. Ces femmes où se mêlaient paysannes illettrées, ouvrières aliénées, intellectuelles<br />

d’origine bourgeoise, menèrent, par le fusil et la plume, l’acte et la pensée, un combat exemplaire.<br />

Elles ne tombèrent point dans ce racisme anti-homme, fantasmatique et imbécile, qui caractérise,<br />

aujourd’hui, une large partie de la mouvance « Libération des femmes ». Elles comprirent très vite<br />

qu’il n’y aurait point de « libération » des femmes sans une « libération » des hommes. De par leurs<br />

origines sociales, de par leur situation dans la lutte réelle, elles échappèrent aux fantasmes d’autoagression<br />

qui conduisent aujourd’hui tant de femmes « en lutte » à revendiquer, sous le prétexte<br />

d’une prétendue « autonomie féminine » des fonctions, des rôles et plus gravement encore des<br />

« pouvoirs » que les hommes s’étaient jusque là appropriés au prix de toutes les saloperies<br />

possibles. En toute clarté, elles ne regrettent pas d’être des femmes et, à la limite, elles auraient<br />

même tendance à s’en féliciter. Elles ne sont pas de celles qui gémissent sur l’horreur de la situation<br />

de la femme condamnée, dans l’acte d’amour, à être « en dessous ». Elles avaient d’autres chats à<br />

fouetter que ceux qu’on cajole et nourrit quotidiennement de « Friskies ». Mais elles ne faisaient<br />

pas de cadeaux dans leurs prises de paroles, dans leurs écrits dont, souvent, la maladresse émeut.<br />

Elles étaient d’une lucidité effrayante. Elles étaient en mesure, instruites ou non, de « pointer » le<br />

nœud de l’oppression du mâle. Elles ne s’en laissaient pas conter. Leur grandeur fut de mener des<br />

luttes absolument « irrécupérables » par l’ordre établi, ce qui n’est pas le cas de nos actuelles<br />

amazones portées facilement à l’injure grossière, au sarcasme gâteux, à l’insolence sans preuve.<br />

Ce qui m’avait frappé à la lecture d’André Breton, d’emblée, c’était cette exaltation de la<br />

Femme. Je n’avais, bien au contraire, aucune raison de la contredire. En ce temps–là, c’est vrai, je<br />

plaçais toutes mes espérances dans la femme qui se confondait avec la Poésie, la Révolution, la<br />

Liberté. Je m’exaltais à la relecture de l’Union Libre. Chaque page d’Arcane 17 me bouleversait.<br />

J’étais pour ma part convaincu, comme André Breton, que la femme était un pont entre l’inconnu et<br />

le connu. Qu’elle puisse reproduire la vie dans la caverne de son ventre, m’était preuve indiscutable<br />

et éblouissement.<br />

Je relisais jusqu’à l’épuisement mental et physique les premières lignes d’Arcane 17. Je n’aurais<br />

pas l’outrecuidance de les rappeler au regard du lecteur. Malgré la splendeur de cette prose de<br />

diamant transparent, de tremblante écume, quelque chose me froissait. Il n’était là pas question de la<br />

femme aux gros doigts durcis par l’hiver, défigurés par l’ouvrage, les travaux ménagers. Breton<br />

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