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LIBERTE COULEUR D'HOMME - Les amis d'André Laude

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LIBERTÉ Couleur D’HOMME<br />

toutes les portes, où les « riches » ne vont guère souvent en prison alors que le petit voleur d’œufs –<br />

Mais souvenez–vous « qui vole un œuf vole un bœuf » – se retrouve dans une taule pour des mois,<br />

sinon des années, un monde où des chefs d’État auxquels d’autres chefs d’État serrent sans frémir la<br />

main, se révèlent être des criminels paranoïaques, un monde où l’on appelle libérateurs ceux qui<br />

inventent chaque jour une nouvelle tyrannie, un monde où, aux prix de marchandages<br />

épouvantables, les responsables de l’ordre public échangent « terroristes » et autres individus<br />

considérés comme dangereux, donc à éliminer d’avance, un monde où, comme tout récemment<br />

encore, un nazillon peut venir, salué par une vingtaine d’acolytes fanatisés, de cuir noir vêtus,<br />

témoigner devant un tribunal de cette Allemagne Fédérale où l’on meurt curieusement dans les<br />

prisons ultra-sophistiquées, et où crèvent des jeunes gens qui, eux au moins, voulaient changer la<br />

vie dans le sens du « beau et du bien » confondus.<br />

Un monde, enfin, où les gens de l’Esprit devraient figurer au premier rang des rebelles. Pour<br />

l’honneur de la profession d’écrivains et de penseurs, il y a, disséminés sur la planète, une<br />

« cinquième colonne » qui met ses actes et ses écrits au même niveau. Tandis que tant de leurs<br />

collègues trament leur mélancolie, leurs affres de créateurs, des Bars de Montparnasse à ceux de<br />

Saint-Tropez et Ibiza.<br />

Dix ans d’échecs, certes, et ne nous cachons pas la vérité : dix ans de chute vers l’abîme. <strong>Les</strong><br />

survivants des armées de Tchang Kaï-Chek continuent toujours d’acheminer les tonnes de drogue<br />

qui vont enrichir la poignée des « seigneurs » et mener à la tombe, dans le cauchemar et la maladie,<br />

des milliers de jeunes gens d’Occident. Oh ! je ne fais pas le « catho » aux fesses serrées par la<br />

trouille. Je « fume », j’aime le hasch et la marijuana et le Kif. Je ne me « pique » pas, est–ce un<br />

crime ? Et puis, cher lecteur qui sans doute m’insulte à voix basse en lisant ces lignes, cher lecteur<br />

qui a la nostalgie & Actuel et de la presse underground, as–tu lu les remarquables textes de William<br />

Burroughs (celui–là la drogue, il peut en causer, à clouer le bec à beaucoup de « junkies ») dans<br />

lesquels l’auteur de Naked Lunch (Le festin nu) éclaire de façon inquiétante le rôle que joue la<br />

drogue dans le « détournement » des énergies révolutionnaires, contestataires. Il ne s’agit pas de<br />

condamner la drogue au nom du Christ ou de la pensée Mao Tse-Toung – laquelle d’ailleurs ne se<br />

porte plus très bien sauf dans quelques carrés d’irréductibles – il s’agit de savoir quel problème<br />

fondamental est posé quand elle se répand parmi une immense jeunesse qui la consomme dans<br />

l’espérance de se trouver mieux dans sa peau.<br />

Quand je fume, quand je fumais autrefois avec mes <strong>amis</strong> marocains dans la médina de Tanger,<br />

quand j’ai fumé en Amérique Latine, sur l’Altiplane, c’était pour libérer Eros et non pour renforcer<br />

les noires armées de Thanatos !<br />

Dix ans d’échecs. Mais aussi n’oublions pas, dix ans d’efforts pour essayer d’inventer, pas à pas,<br />

une nouvelle vie. <strong>Les</strong> « communautés » malgré leurs effrayantes prétentions à tout modifier<br />

d’emblée, malgré la faiblesse de ceux qui y vinrent pour s’auto–révolutionner, ont indiqué un<br />

chemin possible, ont mis en lumière cette nécessité de vivre ensemble, d’échapper au<br />

cloisonnement dont la société a besoin pour survivre selon ses lois actuelles : on se croise mais on<br />

ne se voit jamais, on se croise mais on ne parle jamais des vrais problèmes, chacun chez soi, nom de<br />

dieu, la porte bien verrouillée, en tête a tête avec l’écran TV diluant sa perfide idéologie noyée dans<br />

les rythmes musicaux. Le « refus du travail » a ébréché une « vérité » depuis trop longtemps<br />

dominante au sein du mouvement ouvrier. Il a libéré des énergies vitales, des désirs réprimés<br />

justement par un Travail qui se confond à l’esclavage, à l’ennui mortel. <strong>Les</strong> « revendications » des<br />

minorités nationales ont fait apparaître ce qui se masquait derrière l’État-nation, elles ont remis à<br />

l’ordre du jour des cultures fondamentales tenues jusque là sous le boisseau. Elles ont fait la preuve<br />

que la richesse réside dans le « métissage » et la confrontation des identités sociales, culturelles et<br />

non dans le règne gris d’une « culture marchande », uniformisante, qui ne dépasse jamais le seuil du<br />

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