Actes des JEG2 - Index of - ENSET
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Colloque Marché <strong>des</strong> Capitaux ok 3/06/07 17:14 Page 84<br />
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Colloque Management PME<br />
LA CROISSANCE DE L’ENTREPRISE EST-ELLE<br />
UN PROCESSUS INÉLUCTABLE ?<br />
Philippe Jaunet<br />
Pr<strong>of</strong>esseur d’économie-gestion à l’IUFM de Nantes<br />
«Comme tout organisme vivant, l’entreprise naît, se développe et meurt ». Cette<br />
métaphore biologique bien connue induit une forme de déterminisme dans le processus<br />
de croissance de l’entreprise. Celle-ci est en quelque sorte génétiquement programmée<br />
pour grandir et tout obstacle ou frein à cette croissance est perçu comme une<br />
anomalie, sinon une pathologie.<br />
Cette représentation de la jeune entreprise comme une « grande entreprise en<br />
devenir» s’est imposée à la fin du 19ème siècle, au moment de la révolution<br />
i n d u s t r i e lle. La croissance est alors portée par quelques secteurs fo r t e m e n t<br />
capitalistiques (énergie, chemins de fer, automobile), qui jettent les bases d’un nouveau<br />
modèle économique fondé sur le gigantisme et les économies d’échelle. Le fameux<br />
« Big is beautiful », pourtant en contradiction avec l’idéologie libérale de l’époque 1 , va<br />
ainsi dominer la théorie économique pendant près d’un siècle (jusqu’aux années 70).<br />
Il repose sur le paradigme de la grande entreprise et son corollaire en terme de<br />
management : le modèle managérial.<br />
Ce modèle est légitimé sur le plan théorique par l’école classique. Max Weber,<br />
notamment, pense que le développement du capitalisme passe inéluctablement par<br />
celui de la grande organisation intégrée, à la fois rationnelle et bureaucratique. Selon<br />
Weber, sa supériorité repose sur l’impersonnalité de la règle, une stricte définition du<br />
travail à l’intérieur d’une hiérarchie clairement établie, la présence d’experts reconnus<br />
pour leurs compétences. À l’image de l’automobile, ces bureaucraties mécanistes 2 se<br />
d é veloppent dans de nombreux secteurs, empruntant à l’administration son<br />
organisation fayolienne et un environnement alors relativement stable et prévisible.<br />
Dans le même ordre d’idées, JK Galbraith dans le nouvel état industriel (1967) prédisait<br />
qu’avant la fin du 20ème siècle, une cinquante d’entreprises de grande taille serait sans<br />
doute suffisante pour satisfaire l’ensemble <strong>des</strong> besoins <strong>des</strong> consommateurs américains,<br />
entraînant du même coup la disparition <strong>des</strong> petites entreprises, et même probablement<br />
<strong>des</strong> moyennes.<br />
Qu’en est-il aujourd’hui en ce début du 21ème siècle ?<br />
(1) C’est principalement contre Rockefeller et l’empire naissant de la Standard Oil qu’ont été votées les<br />
premières lois anti-trust<br />
(2)<br />
H.Mintzberg : Structure et dynamique <strong>des</strong> organisations (1982)<br />
2me<br />
rencontre<br />
<strong>ENSET</strong> de Mohammedia<br />
les 12 et 13 mai 2006