La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecUne laïcité perçue comme menacée ou menaçanteL’école française « sanctuarisée »Un rapport du Groupe de travail présidé par André Rossinot sur « La laïcité dansles services publics », remis au ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy en septembre2006, dans le contexte de la célébration du centenaire de la loi de 1905 de séparationdes Églises et de l’État, note que si une approche des religions comme faits de civilisationest indispensable à la compréhension de la société, et compatible avec lecaractère laïque de l’enseignement public « la situation actuelle n’est pas satisfaisante[car] l’enseignement du fait religieux est […] dans un contexte de prioritésmultiples et de tendance à l’allégement des programmes, victime du syndrome dusaupoudrage. En outre, la formation des enseignants est généralement insuffisante,sur les plans tant académique que pédagogique, alors que les sollicitations dont ilsfont l’objet de la part des élèves tendent à se multiplier » (p. 37-38). Il faut doncaméliorer non seulement les connaissances sur les religions mais aussi approfondirla réflexion sur les enjeux pédagogiques de l’enseignement du fait religieux dans lecadre de la laïcité scolaire. Pour autant, il n’est pas question de créer une nouvellematière, mais de développer un enseignement transversal à partir des lettres, del’histoire, de la philosophie et des disciplines artistiques. Une insistance particulièreest également accordée à l’apprentissage des valeurs communes qui pourraits’appuyer sur une « charte de la laïcité et de la citoyenneté dans l’enseignement ».On est donc devant une situation relativement paradoxale où il y a consensusdes acteurs éducatifs 17 ou de la classe politique 18 pour dispenser un enseignement dufait religieux en évitant cependant de créer une nouvelle discipline. En même temps,ce qui est fait dans le cadre de l’enseignement semble insuffisant ou insatisfaisant auregard des objectifs qui lui sont assignés. Pour autant, on ne propose pas de changementsignificatif, peut-être par peur de porter atteinte à une laïcité qui serait ainsimise à mal.Dans l’argumentaire qui consiste à refuser la création spécifique d’un enseignementdu fait religieux, la laïcité est souvent invoquée sans que sa portée ne soit pourautant précisée. Elle relève parfois ou bien d’un impensé ou bien d’un discoursincantatoire. Car au-delà de la raison d’ordre pratique, liée en particulier àl’éventuelle surcharge horaire et matérielle d’une nouvelle discipline, il faut analyserles raisons d’ordre théorique probablement plus profondes qui s’opposent à unenseignement particulier et traduisent parfois une alliance objective des opposés.17. Que ce soit la Ligue de l’enseignement, qui, la première, dès 1982, a évoqué dans son Assemblée générale,la nécessité d’étudier les religions à l’école sans en faire pour autant une discipline spécifique ou bien lessyndicats d’enseignants (par exemple la Fédération syndicale unitaire) favorables aux conclusions du rapportDebray en 2002 tout en souhaitant rester vigilants quant au respect de la liberté de conscience des élèves.Même un philosophe comme Henri Pena-Ruiz, ardent défenseur de la laïcité, pense que la connaissance desmythologies et des religions peut élargir le champ des connaissances dans Dieu et Marianne. Philosophie dela laïcité, Paris, PUF, 1999, p. 340.18. À l’occasion du débat parlementaire consacré à la loi d’orientation sur l’École en février 2005, le député Jean-Pierre Brard a proposé un amendement suggérant « dans le respect de la liberté de conscience, et desprincipes de laïcité et de neutralité du service public, d’organiser dans l’enseignement public la transmissionde connaissances et de références sur le fait religieux et son histoire », qui a été largement voté dans lecadre du rapport annexé à la loi par des députés de toutes sensibilités politiques.volume XXXVI:1, printemps 200898www.<strong>acelf</strong>.ca
La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecPour certains, tel le cardinal Lustiger, le religieux est irréductible à une approchescientifique et à un discours critique distancié, qui relève pour lui de « l’utopie »,voire du « phantasme » 19 . Au-delà de cette impossibilité à concevoir un enseignementscientifique des faits religieux, d’autres craintes s’expriment : celle d’ôter aux religionsleur sens, en les renvoyant au passé, ainsi que leur dimension existentielle,dont la seule approche intellectuelle ne peut rendre compte; celle également d’uncertain relativisme, puisque parler aux élèves, sur un même plan, des différentes religionspourrait avoir pour effet de « niveler » les religions.À l’opposé de ces appréhensions, manifestées le plus souvent par descatholiques, d’autres craignent le danger de dérive vers un enseignement confessionnel.La philosophe Catherine Kintzler évoque l’« infiltration » des religieux et voitdans l’instauration de l’histoire des religions une discipline « cheval de Troie » duretour des religions dans l’École laïque 20 . Cette seconde crainte d’une éventuellecléricalisation de cet enseignement est beaucoup plus largement partagée. Il fautdire que ces inquiétudes sont alors nourries par les prises de position de Jean-Paul II,lors du Symposium européen sur l’enseignement de la religion dans l’école publiqueen 1991. Il y déclare qu’ « une réflexion élargie à tout le continent [européen] surl’enseignement de la religion à l’école publique apparaît opportune [...] comme unecontribution primordiale à la construction d’une Europe qui soit fondée sur ce patrimoinede culture chrétienne commun [...] selon l’interprétation authentique et intégralequ’en donne l’Église catholique [qui conduira] à la redécouverte des origineschrétiennes de l’Europe » 21 . L’objectif de cet enseignement étant de « promouvoir laconnaissance, la rencontre du contenu de la foi chrétienne », il est nécessairementconfessionnel. Il faut préciser que la délégation française a refusé de voter cette déclaration.Tous les rapports officiels défendent un traitement transversal du fait religieux,de peur en particulier d’une confusion éventuelle avec un enseignement de typeconfessant, ainsi cette appréhension du prosélytisme est nommément désignée dansle rapport Rossinot (2006). Ce refus d’un enseignement spécifique n’est pas nouveau,mais il traduit une sorte de résistance à une approche compréhensive des religionsen privilégiant une approche extérieure et factuelle qui relève de l’observable.La fragile laïcité de l’école québécoiseOn retrouve au Québec des inquiétudes similaires à celles formulées en France,tant en ce qui concerne la laïcité menacée (d’autant plus que celle-ci est perçuecomme récemment acquise au Québec) que la laïcité menaçante (notamment parcertains membres de l’épiscopat).Au Québec, le modèle de relations entre l’État et les religions n’a jamais eu pourobjectif la définition d’une citoyenneté assimilatrice des différences. Il vise à favoriserla tolérance, la non-éviction de l’altérité et la valorisation de la diversité. Cette19. Interview donnée à La Vie, n° 2378, 28 mars 1991, p. 63.20. « Non au cheval de Troie », Le Monde des Débats, décembre 1992.21. La Documentation catholique, 7 juillet 1991 p. 618-619 (p. 619).volume XXXVI:1, printemps 200899www.<strong>acelf</strong>.ca
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