La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilingueIl apparaît pertinentde développer chez lesélèves, au moyend’approches d’Éveil auxlangues, une curiositéfavorisant la motivationet le désir d’apprendred’autres langues.l’apprenant dans un « bi-ethnocentrisme » constitué de la langue dominante internationalementet de la langue dominante du pays dans lequel il vit. Cette limitationà une seule langue dominante (comme à deux langues dominantes) est égalementsusceptible d’avoir des « effets potentiellement néfastes dans la mesure où elle risquede renforcer la dépréciation des langues qui n’ont pas le privilège d’être enseignées »(Candelier, 2003a, p. 24). Afin d’éviter cet enfermement, il apparaît pertinent dedévelopper chez les élèves, au moyen d’approches d’Éveil aux langues, une curiositéfavorisant la motivation et le désir d’apprendre d’autres langues. Il est d’ailleursintéressant de noter que, à la suite à l’implantation du programme Evlang en Francemétropolitaine et à la Réunion, un plus grand nombre d’enfants ont souhaitéapprendre des langues de l’immigration et des langues minorées (Candelier, 2003b,p. 311).Par ailleurs, cette conception d’une compétence plurilingue qui englobel’ensemble du répertoire langagier à disposition implique que l’institution scolairefavorise le développement d’une vision intégrée de l’apprentissage et de l’enseignementdes langues.Sur ce thème, pourquoi ne pas envisager une réflexion curriculaire pour élaborerun tronc commun des apprentissages langagiers qui inclurait la langued’enseignement et les langues secondes, mais aussi les langues d’origine des élèvesd’origine immigrante ainsi que les langues amérindiennes des communautésautochtones. Les programmes de formation du secteur francophone au primaireindiquent que la maîtrise du français est indispensable, que celle de l’anglais langueseconde est privilégiée, et que l’apprentissage d’autres langues, tierces, est encouragé,particulièrement au secondaire (MEQ, 2001, p. 70). Toutefois, on n’y trouveaucune mention explicite de la poursuite de l’apprentissage et de l’enseignement delangues déjà connues par les élèves d’origine immigrante.Dans le programme pour le 1 er cycle du secondaire, une piste intéressante a étéouverte avec un premier travail d’identification des « points communs aux disciplinesdu domaine des langues » (MEQ, 2003, p. 60) et un rappel du fait que les apprentissageslinguistiques se nourrissent mutuellement. Ainsi, on s’attend à ce quel’élève « utilise la langue pour satisfaire ses besoins personnels, scolaires et sociaux »,« exprime sa pensée de façon cohérente », « se représente la langue comme un systèmeorganisé, dynamique et évolutif », etc. Toutefois, seules les langues française etanglaise sont présentes alors qu’un nombre non négligeable d’élèves poursuiventleur apprentissage, avec ou sans le support d’un enseignement formel, de leur langued’origine. Il s’agirait donc de poursuivre la réflexion amorcée en élaborant, dans ledomaine des langues, un tronc commun, conçu de façon plus inclusive. Celui-cipourrait inclure l’identification d’une terminologie commune, la valorisation deméthodologies similaires définies selon une approche par compétence, l’activationdes compétences transversales des apprenants (par exemple, le repérage de stratégiesd’apprentissage identiques dans différentes langues), l’acquisition de connaissancesgénérales dans le domaine langagier, l’harmonisation des formes d’évaluation,etc. Dans le cadre de cette réflexion curriculaire, l’intégration d’élémentsd’Éveil aux langues à tous les programmes d’enseignement de langues permettrait devolume XXXVI:1, printemps 200856www.<strong>acelf</strong>.ca
La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilinguefaire percevoir l’unicité du fonctionnement du langage à travers la pluralité deslangues naturelles, ainsi que « de valoriser toutes les langues premières des enfants etde contrecarrer les préjugés linguistiques » (Conseil de l’Europe, 2007a, p. 95).Il s’agirait ainsi de développer une approche intégrée des langues favorisant letransfert des connaissances et des habiletés acquises dans une langue vers une autre,le développement de capacités métalinguistiques et, plus largement, le développementd’une compétence plurilingue.Enfin, le développement de ces répertoires plurilingues se traduit par la prise encompte et la valorisation de l’ensemble des compétences des apprenants et, notammenten contexte d’immigration, de leur langue d’origine. Au Québec, rappelons queles Programmes d’enseignement des langues et cultures d’origine (PELO), proposésau départ en quatre langues (italien, portugais, espagnol et grec) offrent à certainsélèves d’origine immigrante du primaire et du secondaire, la possibilité d’unenseignement de leur langue et culture d’origine. Il existe à l’heure actuelle unedouzaine de programmes offerts, sous certaines conditions, à un nombre d’élèvesqui reste toutefois limité (ils étaient 6 356 en 1998-1999; 6 341 en 2006-2007) 3 . Cetenseignement peut être également ouvert aux autres élèves de l’école (dans la mesureoù l’objectif du programme est respecté), ce qui est peu fréquent dans la réalité.Toutefois, pour que se développe de façon harmonieuse une compétenceplurilingue qui inclut la langue d’origine, encore faut-il que l’élève perçoive, par différents« indicateurs », que l’école et la société d’accueil reconnaissent la légitimité decet apprentissage. Parmi ces indicateurs, on peut nommer les attitudes d’ouverturedes différents acteurs du système scolaire, le degré de collaboration qui se met enplace entre les professeurs d’accueil et les professeurs des classes régulières, lesmodalités pratiques de mise en œuvre de ces programmes (formation professionnelleappropriée des intervenants, présence de programmes officiels actualisés et dematériel adéquat, qualités des aménagements horaire et spatial, etc.) et la reconnaissanceofficielle des compétences acquises dans la langue maternelle. Or, on peutnoter une résistance de la part de certains enseignants dans les milieux scolaires faceà ces programmes PELO (Mc Andrew, 2001; Laurier et Témisjian, 2003). Parmi lesmodifications souhaitées, plusieurs acteurs du système éducatif signalent qu’il fautrapprocher davantage les programmes PELO et les classes régulières (Laurier etTémisjian, 2003). Par ailleurs, on peut relever l’absence de programmes actualiséspour chacune des langues enseignées dans les programmes PELO, en lien avec laréforme des programmes de formation québécois, et surtout regretter que les acquislangagiers des élèves dans leur langue d’origine ne soient pas officiellement et systématiquementreconnus, que ce soit dans le bulletin ou sous forme de crédit, au seindu cursus scolaire 4 .3. Nous remercions M me Jacinthe Thérien, conseillère à la direction des services aux communautés culturelles,ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec, de nous avoir fourni ces informations.4. En effet, il s’agit, en dépit de son appellation courante de programmes, de « mesures » qui font l’objet d’unfinancement ciblé et limité de la part du ministère de l’Éducation du Québec, ce qui ne rend pas obligatoireleur inscription en tant que « matière scolaire » dans les bulletins d’évaluation des élèves (signalons toutefoisque des initiatives locales en ce sens existent, sur une base volontaire, dans quelques écoles). Les montantsaccordés dans le cadre de ces mesures permettent de payer le salaire de l’intervenant et le matériel.L’organisation des services est sous la responsabilité de chacune des commissions scolaires.volume XXXVI:1, printemps 200857www.<strong>acelf</strong>.ca
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