La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilingueQuébec en train d’apprendre le français en classe d’accueil, un hispanophonebilingue espagnol-français installé au Québec depuis plusieurs années et un bilingueanglais-français, découvrent que l’espagnol est également parlé dans un pays africain,ce qui constitue une surprise et un objet de fierté pour l’élève hispanophonebilingue espagnol-français. Pendant l’échange suscité par la tâche, le bilingueanglais-français s’appuie sur les compétences de ses pairs hispanophones pourrépondre à ses questions de vocabulaire et d’orthographe en espagnol et l’élève hispanophonese tourne à son tour vers ses pairs hispanophones, qu’il considère plusexpertes en tant qu’immigrantes récentes, pour valider une question d’orthographe.Dans l’extrait identifié, on voit comment des élèves de diverses origines exprimentde l’enthousiasme quand leurs langues deviennent l’objet de discussions enclasse. Ils sont repositionnés (et se repositionnent) de la marge au centre des interactionsde classe. Les élèves bilingues/plurilingues inscrits en classe d’accueil sont considéréscomme des interlocuteurs riches en connaissances sur les langues plutôt quecomme des élèves ayant peu de connaissances dans la langue scolaire. Comme Laveet Wenger (1991) le suggèrent, la valeur attribuée aux connaissances possédées parles apprenants et la position qu’ils occupent dans les interactions sociales déterminentleur degré de participation et leurs occasions d’apprentissage. Cummins (1994)souligne l’importance de favoriser ce type d’interaction dans les salles de classe : « Anemphasis on interaction in the classroom is clearly related to an instructional orientationthat values and attempts to amplify students’ prior experiences » (p. 41).Les expériences antérieures de ces élèves dans le domaine des langues constituentles composantes d’une compétence plurilingue. La valorisation de cette compétence,et plus largement d’une « éducation plurilingue », constitue l’une des pistesmises de l’avant par le Conseil de l’Europe, dans plusieurs de ses travaux récents,pour faciliter la prise en compte de la diversité linguistique (Cadre européen communde référence pour les langues, 2001; Guide pour l’élaboration des politiques linguistiqueséducatives en Europe, 2007a). Avant d’explorer la pertinence de cestravaux pour les milieux scolaires québécois, il faut toutefois rappeler qu’existe,comme le souligne Allemann-Ghionda (2007), un hiatus entre les rhétoriqueseuropéennes qui promeuvent cette éducation plurilingue et certaines pratiques scolaires,révélées par des recherches qualitatives ciblées, qui vont à l’encontre de cetteorientation. Alleman-Ghionda dénonce également le fait que, tout récemment,l’OCDE a recommandé l’intensification de l’enseignement de la (des) langue(s) officielle(s)du pays d’accueil en contexte de migration, sans plus évoquer la reconnaissanceou la prise en compte des langues d’origine de ces migrants, contrairement auxénoncés exprimés par le Conseil de l’Europe. Ces orientations différentes mettent enévidence l’existence de tensions sur ces questions langagières en contexte de migrationet soulignent l’importance des idéologies politiques qui auront un poids déterminantsur les politiques scolaires linguistiques. Par ailleurs, rappelons égalementque l’Europe et le Canada présentent des différences sur le plan historique et linguistiqueet ne constituent pas, loin de là, des touts homogènes dans ce domaine. Lesenjeux du bi/plurilinguisme au sein de cette entité relativement récente et en pleinedéfinition qu’est l’Europe (constituée de multiples pays dont la ou les languesvolume XXXVI:1, printemps 200854www.<strong>acelf</strong>.ca
La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilinguenationales sont différentes) sont distincts de ceux des provinces anglophones duCanada, où ils sont davantage orientés vers les questions de bilinguisme anglaisfrançais,et de ceux du Québec, centrés sur l’affirmation du fait français. Toutefois,dans l’ensemble de ces contextes se posent les questions de la prise en compte deslangues de l’immigration, ainsi que des langues des communautés autochtones et dela place qui leur est accordée dans les systèmes scolaires.Candelier (2003a) indique que les travaux du Conseil de l’Europe soulignentclairement que les langues sont investies d’un rôle éducatif dans la mesure oùl’intolérance et le racisme passent aussi par le mépris de la langue de l’Autre. Ainsi,c’est autour du principe fondateur du plurilinguisme que se construit l’idéologie linguistiquedu Conseil de l’Europe. Il s’agit de mettre de l’avant la nécessité d’une« éducation plurilingue » qui vise, d’une part, une formation plurilingue qui consisteà valoriser et à développer les répertoires linguistiques de l’individu et, d’autre part,l’éducation au plurilinguisme, comme éducation à la tolérance linguistique, sensibilisationà la diversité des langues et formation à la citoyenneté démocratique(Conseil de l’Europe, 2007a, p. 73).Vers une éducation plurilingueFormation plurilingue et compétence plurilingueDans le cadre du premier objectif, l’acquisition de répertoires plurilingues apour finalité le développement d’une compétence plurilingue que le Guide pourl’élaboration des politiques linguistiques éducatives en Europe (2007, p. 73) définitainsi : « (…) la compétence, potentielle et/ou effective, à utiliser plusieurs langues, àdes degrés de maîtrise divers et pour des finalités différentes » (pour un exposé plus<strong>complet</strong> sur cette notion de compétence plurilingue, voir Moore, 2006).Les répercussions de cette orientation sont multiples. Tout d’abord, ledéveloppement de cette compétence plurilingue devrait se traduire par un plusgrand choix, offert aux apprenants, quant aux langues qui sont enseignées en milieuscolaire. Au Québec, les programmes officiels offrent l’enseignement de l’anglais etdu français langue seconde à partir du primaire, respectivement aux élèves dusecteur francophone et du secteur anglophone. Par ailleurs, plusieurs établissementsprivés et publics offrent, sur une base volontaire, l’enseignement de l’espagnol(234 écoles en 2003-2004 2 ) et, sur ce point, on peut souligner la pertinence de l’ajoutrécent d’un programme officiel pour l’enseignement de l’espagnol au 2 e cycle du secondaire.Toutefois, on peut questionner le fait que cet enseignement ne soit qu’uneoption et qu’il soit limité à une seule langue. Également, on peut soumettre au débatle choix qui a été fait d’introduire en 2006 l’enseignement de l’anglais dès la premièreannée du primaire plutôt que d’attendre la 3 e année. Selon Candelier (2000, p. 45), lalimitation à une langue a priori dominante sur la scène mondiale contribue à enfermer2. Nous remercions M me Jacinthe Thérien, conseillère à la direction des services aux communautés culturelles,ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec, de nous avoir fourni ces informations.volume XXXVI:1, printemps 200855www.<strong>acelf</strong>.ca
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