La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecL’école reste doncencore un terrainsensible, elle alongtemps cristallisé le« conflit des deuxFrance », entre ceux quivoulaient que le catholicismeconstitue le cœurde l’identité nationalefrançaise et que l’Églisecatholique joue un rôlestructurant dansl’encadrement desindividus, et ceux quiprivilégiaient l’héritagedes principes de 1789et l’État comme interlocuteurprincipal desindividus.Jusqu’à aujourd’hui, un jour laissé libre, le jeudi, puis à partir de 1972 1 , le mercredi,rythme le temps scolaire. Enfin, avec la loi Goblet du 30 octobre 1886,« l’enseignement est exclusivement confié à un personnel laïque » dans les écolespubliques. La loi de 1882 laïcise également les locaux scolaires puisque, outre le faitque l’instruction religieuse ne peut plus y être donnée, tout signe religieux commecrucifix, image ou statue, doit en être retiré.Si la laïcité de l’école a pu, dans les premiers temps, être vécue sur un mode conflictuelpar des représentants ou des membres de l’Église catholique, elle est depuislors acceptée par tous, reconnue comme une valeur partagée garantissant la liberté,y compris par l’ensemble des religions. Pour autant, l’Église catholique n’a pasrenoncé à veiller à la pérennité de son action catéchétique garantie par la loi. Ainsi,dans les années 1980, des enseignants et des parents ont souhaité remettre en causele principe centenaire de la journée réservée pour l’instruction religieuse en milieude semaine afin de bénéficier de la semaine scolaire continue calquée sur le rythmeprofessionnel de grand nombre d’actifs. Dans ce cas, la catéchèse était donc renvoyéeau samedi. Un décret ministériel en 1985 autorisait cet aménagement et ilappartenait aux inspecteurs d’académie d’y procéder s’ils le jugeaient nécessaire.Mais l’évêque d’Angoulême et l’archevêque de Poitiers, avec le soutien de l’épiscopatfrançais, déjà inquiets devant la forte baisse de fréquentation de la catéchèse, ontalors procédé en 1987 à des recours contentieux à l’encontre des décisions de transfertde cette activité au samedi en s’appuyant sur la loi de 1882 réaménagée en 1972.« Les responsables catholiques revendiquaient ainsi pour la catéchèse, au nomdes engagements pris par le législateur républicain, la sauvegarde d’une plage detemps spécifique, de bonne réceptivité éducative, distincte du temps scolaire maiségalement des activités de loisirs culturelles ou associatives » (Messner, Prélot etWoehrling (dir.), 2003, 1144). Les tribunaux administratifs et le Conseil d’État leur ontdonné raison en considérant que l’aménagement du temps scolaire ne peut remettreen cause la coupure du mercredi.L’école reste donc encore un terrain sensible, elle a longtemps cristallisé le« conflit des deux France », entre ceux qui voulaient que le catholicisme constitue lecœur de l’identité nationale française et que l’Église catholique joue un rôle structurantdans l’encadrement des individus, et ceux qui privilégiaient l’héritage desprincipes de 1789 et l’État comme interlocuteur principal des individus. Cela s’esttraduit, au niveau scolaire, par la question du financement public des écoles privées,très majoritairement catholiques, qui scolarisent entre 15 et 20 % des élèves français.Le projet politique du Président socialiste François Mitterrand, élu en 1981, de créerun « service public unifié et laïque de l’Éducation nationale » a dû être retiré devantune immense manifestation de défenseurs de l’école privée en 1984, ce qui va amenerle mouvement laïque à entrer en crise devant cet échec, mais en même temps àrenouveler la réflexion sur la laïcité.1. Arrêté du 12 mai 1972 avec mise en application en septembre 1972. Le changement de jour traduit un soucide rééquilibrer la semaine avec l’abandon progressif du samedi après-midi travaillé.volume XXXVI:1, printemps 200890www.<strong>acelf</strong>.ca
La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecAu milieu desannées 1990, lesdébats larvés depuistrois décennies sur lecaractère confessionnelde l’école prennent dela vigueur. On assistealors à une laïcisationaccélérée du systèmescolaire.La laïcisation tardive de l’école québécoiseAu Québec, à l’inverse de la France, l’histoire de la socialisation scolaire est marquéepar la confessionnalité depuis la colonie française. À la suite de la Conquêteanglaise de 1759, les enfants seront divisés dans leur cheminement scolaire selon leurappartenance religieuse (catholiques et protestants). Au moment de la confédérationcanadienne de 1867, l’éducation devenait de juridiction provinciale selon lesprincipes de répartition des juridictions entre le Parlement fédéral et ceux desprovinces. Les protestants qui se trouvaient minoritaires dans la province de Québecont demandé d’avoir pleine juridiction administrative sur leurs écoles. Lescatholiques de l’Ontario firent alors de même. Comme solution, on inséra dans laconstitution un article (no 93) qui protégeait les administrations scolaires descatholiques et des protestants dans les régions où ils se trouvaient minoritaires 2 .Pendant plus d’un siècle, l’éducation publique au Québec a joué un rôle importantdans la reproduction des marqueurs linguistiques, religieux et culturels : les écolespubliques étaient soit catholiques et fréquentées par les petits canadiens-françaiscatholiques, soit protestantes, où se retrouvaient tous les élèves «non-catholiques».L’État québécois parvient à assumer la pleine responsabilité de l’éducation àpartir de 1964 3 . Les Églises conservent toutefois leur statut de partenaires privilégiésde l’État et se trouvent représentées dans ces hautes instances étatiques nouvellementcréées. Les commissions scolaires (ensembles administratifs regroupant les écolesde diverses régions), le statut des écoles publiques et les enseignements religieuxdemeurent alors soit catholiques soit protestants. Certes, un processus de sécularisationinterne au système scolaire évidait graduellement la confessionnalité de soncontenu, surtout dans la région montréalaise où se présente la plus grande diversitéculturelle et religieuse. Il reste que, légalement et symboliquement, l’organisationscolaire confessionnelle ne reflétait pas les diverses politiques adoptées au Québecdepuis les années soixante-dix, qui sont toutes axées sur une forte volonté de définirune société ouverte au pluralisme et respectueuse des droits fondamentaux formulésdans la Charte des droits et libertés de la personne (adoptée en 1975).Au milieu des années 1990, les débats larvés depuis trois décennies sur le caractèreconfessionnel de l’école prennent de la vigueur à la faveur de commissionsd’études instiguées par le gouvernement pour effectuer de larges consultationspubliques et formuler à l’État des recommandations 4 . On assiste alors à une laïcisationaccélérée du système scolaire, d’abord des structures scolaires (2000) puis descours d’enseignement religieux catholique et protestant remplacés par un coursd’éthique et de culture religieuse obligatoire pour tous les élèves et destiné à entreren vigueur dans les écoles primaires et secondaires en septembre 2008.2. La protection constitutionnelle s’étendait aussi aux écoles primaires des villes de Montréal et de Québec.3. Par la Loi créant le ministère de l’Éducation et le Conseil supérieur de l’éducation (bill 60).4. La Commission des États généraux sur l’éducation recommande, en 1995, de « déverrouiller » la confessionnalitéscolaire. Puis un Groupe de travail sur la place de la religion à l’école (1999), mandaté par le gouvernement,a recommandé de laïciser le système scolaire public et de remplacer les enseignements religieux confessionnelspar un cours d’éthique et de culture religieuse; le rapport de cette commission a précédé l’unedes plus importantes commissions parlementaires de l’histoire politique. Ce seul fait est déjà l’indice que lareligion s’inscrit comme un enjeu d’éthique publique.volume XXXVI:1, printemps 200891www.<strong>acelf</strong>.ca
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