La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilingueLes objectifs poursuivis par la démarche Evlang visent le développement dereprésentations et d’attitudes positives face à la diversité linguistique, de la motivationà apprendre des langues, d’aptitudes d’ordre métalinguistique ainsi que de l’acquisitionde savoirs sur les langues, d’une culture langagière (Candelier, 2003b, p. 23).Les résultats de l’implantation du programme Evlang ont montré que ce programmefacilite l’émergence de représentations positives de la diversité des langueschez les enseignants et les élèves et favorise à long terme l’acquisition de capacitésmétalinguistiques (en particulier chez les élèves les plus faibles scolairement),notamment en matière de mémorisation et de discrimination auditive dans leslangues non familières (Candelier, 2003b; Sabatier, 2002, 2004).Au Québec, les objectifs poursuivis par le programme ÉLODiL consistent à a)développer des attitudes positives face à la diversité linguistique et culturelle, b) permettrele développement d’habiletés de réflexion sur la langue (capacités métalinguistiques),c) faciliter, en milieu pluriethnique, la reconnaissance et la légitimationdes langues d’origine des enfants immigrants allophones, d) faciliter l’apprentissagedu français et la prise de conscience du rôle social et identitaire du français languecommune. La première implantation du programme ÉLODiL au Québec (2003-2004)a montré que des élèves de la fin de l’enseignement primaire développent une consciencesociolinguistique aiguë des enjeux linguistiques environnants, qu’ilsperçoivent leur bi/pluralisme comme des compétences plurilingues appréciables etqu’ils sont favorables au maintien de la diversité linguistique (Maraillet, 2005;Maraillet et Armand, 2006).En conclusion, l’objectif principal de ces programmes est de préparer les élèves àvivre dans des sociétés linguistiquement et culturellement diverses, et on peut se questionnersur leurs liens avec l’éducation interculturelle notamment en ce qui concernela réflexion sur les pistes à suivre pour éviter des biais lors de leur implantation.L’Éveil aux langues et l’éducation interculturelleAvant de préciser ces liens, nous rappellerons à grands traits l’évolution del’éducation interculturelle avant et après les années 90. Plusieurs chercheurs(Berthelot, 1990; Mc Andrew, 2001; Ouellet, 2002) s’entendent pour dire que l’éducationinterculturelle a été conçue, avant les années 90, comme une réponse auxdéfis posés par l’immigration, et qu’elle se traduisait principalement par la valorisationde cultures spécifiques. L’accent était mis sur une « meilleure compréhension etcommunication » entre ces différentes cultures de façon à développer des « attitudespositives » réciproques à l’égard de l’autre (Ouellet, 1984, cité par Mc Andrew, 2001,p. 148).Toutefois, sur le terrain, la prise en considération des minorités culturelles parla valorisation de particularismes ethnoculturels venait renforcer des catégorisationsrigides et figées (Mc Andrew, 2001) et ainsi favoriser la manifestation d’effets pervers,tels que la ghettoïsation et la folklorisation (Ouellet, 2002, p. 147).La ghettoïsation survient lorsqu’une importance trop grande est accordée auxdifférences culturelles. La mise en évidence de ces différences scelle un individu dansune catégorie et dans une identité culturelle immuable qui constituent un obstacle àvolume XXXVI:1, printemps 200850www.<strong>acelf</strong>.ca
La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilinguela juste compréhension, connaissance ou perception d’autrui. De plus, cette ghettoïsationoblige l’individu à renoncer à une libre autodéfinition qui pourrait inclureplusieurs composantes de cultures diverses. La folklorisation se traduit par uneapproche purement descriptive des cultures qui peut « favoriser le développementdes stéréotypes en donnant des cultures étudiées des images figées et surannées,décontextualisées voire déshumanisées » (Abdallah-Pretceille, 1997, p. 221). Chaqueculture est alors perçue de manière isolée et considérée comme un ensemble clos,stable, cohérent ou encore comme une entité imperméable aux influences externes.Or, plusieurs auteurs (Dasen, 2002; Perregaux, 1994) remettent fortement en causecette conception stable de la notion de culture et préfèrent souligner le caractèrepluriel et évolutif de chaque culture.À partir des années 90, en réponse à ces questionnements, l’éducation interculturelleopère un « virage vers des perspectives civiques » (Mc Andrew, 2001, p. 152).L’école devient le lieu privilégié d’une éducation interculturelle qui met de l’avant la« formation des citoyens » au sein d’une société démocratique largement marquéepar le pluralisme et l’immigration. L’accent n’est alors plus mis sur les cultures particulièresdes élèves, mais sur leurs relations, en tant que porteurs de cultures, sur leursinteractions sociales au sein d’une société pluriculturelle et sur différents élémentsrelatifs à la citoyenneté, tels que : « le sens politique de la participation à la vie desinstitutions », « la sensibilité aux intérêts généraux de la société », « la modérationdans l’affirmation de son identité sociale » (Pagé, 1996).L’interculturel apparaît désormais à partir du moment où il y a un investissementou un partage dans une relation qui implique la prise en considération d’uneou de plusieurs autres cultures que la sienne. Il ne s’agit plus de constater uniquementl’existant, mais d’effectuer une réelle démarche ou action de changement(Abdallah-Pretceille, 1999). Plus précisément, si « la sensibilisation interculturelleconcerne la compréhension de l’autre en vue d’assurer la communication et la compréhension,la création d’une compétence interculturelle a pour finalité la gestiondes rapports entre soi et les autres » (Conseil de l’Europe, 2007a, p. 76).La concrétisation de cette conception de l’interculturel s’appuie sur la mise enœuvre d’une pédagogie active. Celle-ci a pour objectif de rendre l’enfant acteur deses apprentissages afin qu’il puisse construire ses savoirs à travers des situations derecherche personnelle (Ferrière, 1951), et en l’occurrence, dans ce contexte, qu’ilpuisse mieux cibler sa ou ses réflexions relatives à l’éducation interculturelle. La pertinenced’une pédagogie active tient au fait que les attitudes positives à l’égard del’autre ne doivent et ne peuvent pas être construites à partir d’un apprentissage persuasif,d’un discours magistral ou d’une approche intellectuelle des cultures(Abdallah-Pretceille, 1997). Au contraire, elles sont davantage susceptibles d’émergersi l’apprenant s’engage dans une démarche personnelle lui permettant une prise deconscience de sa perception des autres et de sa relation avec des porteurs de culturedifférente (Lafortune et Gaudet, 2000).Également, l’approche critique tient une place importante en éducation interculturelleet plus particulièrement en éducation à la citoyenneté. Pour préparerl’élève à assumer son rôle de citoyen dans une société plurielle et démocratique,volume XXXVI:1, printemps 200851www.<strong>acelf</strong>.ca
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