La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecL’émergence, au Québec et en France, d’une préoccupation d’introduire dans lecurriculum une connaissance des religions constitue un révélateur de la manièredont la pluralité religieuse est prise en compte dans la formation des futurs citoyens.À cet égard, les paradigmes éducatifs dominants à l’intérieur de chacun des contextesdivergent sensiblement et les arguments qui servent de légitimation aux recommandationsadressées au gouvernement reposent sur des modèles normatifs de naturedifférente.Des argumentaires différentsLa préoccupation française face à l’inculture religieuse des jeunesLe premier argument pour légitimer l’enseignement du fait religieux en Francea été celui de l’inculture religieuse des jeunes concernant un patrimoine marquéprincipalement par le christianisme : architecture, peinture, littérature, musique,structuration du temps avec le calendrier et les fêtes. On part ici du constat, dans lesannées 1980, par différents acteurs du système éducatif, du manque de culturereligieuse des élèves leur rendant incompréhensible une large partie de leur héritagelittéraire, historique ou artistique. Comment, en littérature, comprendre Rabelais,Pascal, Racine, Molière, Hugo, Voltaire, Baudelaire sans référents religieux?Comment, en histoire, étudier les civilisations sans connaître les principes desgrandes religions qui ont participé à leur histoire? Est-il possible de comprendre lapeinture, l’architecture ou la musique sacrée sans aucune connaissance religieuse?Évidemment, cette notion de patrimoine reste délicate à utiliser, car elle risque de seréduire au seul héritage chrétien, voire catholique, à l’exclusion d’autres religions etau risque d’un repli identitaire.À la fin des années 1980, le ministre de l’Éducation nationale confie à l’historienPhilippe Joutard une mission de réflexion sur l’enseignement de l’histoire, de la géographieet des sciences sociales. Cette mission n’a pas pour vocation première detraiter de l’enseignement du fait religieux, mais le rapport, remis en septembre 1989,souligne néanmoins la nécessité de remédier à l’inculture religieuse constatée enaccordant une place plus importante à l’histoire des religions dans les coursd’histoire et géographie et de littérature, en montrant « l’importance du fait religieuxdans l’histoire, sa permanence dans le monde contemporain […] ». Il insiste égalementsur le rôle du fait religieux dans la vie culturelle et la civilisation du quotidien,à travers le calendrier, les grandes étapes de la vie, les fêtes, la famille, les prénoms,l’architecture 5 .Cette proposition va connaître un large écho et c’est la partie de ce rapportconsacrée à l’histoire des religions qui va être la plus médiatisée, alors qu’il suggéraitde développer aussi l’histoire des arts et l’histoire des sciences et des techniques.5. La recommandation n° 15 ainsi que le rapport du groupe de travail sur l’histoire des religions sont publiésdans Éducation et Pédagogies n° 7, « Laïcité, le sens d’un idéal », septembre 1990, sous le titre « Enseignerl’histoire des religions », p. 81-87. On peut signaler que le thème «Laïcité et diversité spirituelle» recommandépar Joutard pour le lycée n’a jamais été mis en œuvre.volume XXXVI:1, printemps 200892www.<strong>acelf</strong>.ca
La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecAu moment de la remise de ce rapport, à l’automne 1989, éclate la première« affaire des foulards » qui déclenche une polémique et oppose deux visions del’école, l’une se référant à un espace « sanctuarisé », protégé des influences de lasociété civile, dévolu au seul apprentissage du savoir et où toute identité particulière,notamment religieuse, doit être laissée de côté; l’autre prenant davantage en comptele pluralisme religieux tel qu’il s’exprime dans la société et voulant laisser possiblel’expression d’une certaine liberté religieuse pour les élèves. La question échappevite au seul monde scolaire pour déclencher des réactions d’intellectuels 6 et de politiques,et devenir aussi une question juridique (Avis du Conseil d’État en novembre1989); sa médiatisation est immédiate et passionnelle. De locale, l’affaire se transformetrès vite en un problème national aux enjeux stratégiques touchant à la laïcitéet à l’intégration de l’islam en France, singulièrement à l’école de la République, alorsque le problème est loin d’être massif. Elle a pour effet de rendre l’État très prudentsur la question, devenue des plus délicates, du traitement des religions à l’école, dufait d’une confusion entre le religieux comme objet de connaissance et le religieuxcomme expérience personnelle des élèves.C’est dans une seconde étape de la réflexion en France que l’inculture religieusedépasse le strict cadre patrimonial. Aux lendemains des événements du 11 septembre2001, le ministre de l’Éducation nationale décide de confier en décembre 2001 auphilosophe Régis Debray une mission sur l’enseignement du fait religieux dansl’école laïque, l’appelant à faire un état des lieux et à formuler des propositions.Dans son rapport remis en mars 2002, Debray reprend le constat de l’inculturereligieuse déjà observée et celui de la crise de la culture classique et des humanités,mais souligne qu’au-delà de l’approche patrimoniale, il est nécessaire d’apporter auxélèves des éléments de compréhension du monde contemporain, par exemple desévénements du 11 septembre. Il analyse les résistances, tant du côté laïque avec lacrainte du retour plus ou moins déguisé des religieux, que du côté ecclésiastique,avec celle du relativisme et aussi la difficulté de séparer l’approche intellectuelle del’approche croyante. Il insiste alors sur la différence entre le religieux comme « objetde culture (entrant dans le cahier des charges de l’instruction publique qui a pourobligation d’examiner l’apport des différentes religions à l’institution symbolique del’humanité) et le religieux comme objet de culte (exigeant un volontariat personnel,dans le cadre d’associations privées) » 7 . Il considère également que « Le temps paraîtmaintenant venu du passage d’une laïcité d’incompétence (le religieux, par construction,ne nous regarde pas) à une laïcité d’intelligence (il est de notre devoir de lecomprendre) » 8 . Sa conclusion est qu’il est nécessaire de mieux préparer intellectuellementet professionnellement les professeurs des disciplines concernées,6. Ainsi, le Nouvel Observateur publie une lettre de cinq intellectuels de gauche, « Profs, ne capitulons pas », quilancent un appel contre le port du foulard et pour une laïcité de combat qui doit refuser tout signe religieux àl’École, car cela entraînerait sa destruction et donc celle de la République, Nouvel Observateur du 2-8 novembre1989 : texte signé par Élisabeth Badinter, Régis Debray, Alain Finkielkraut, Élisabeth de Fontenay etCatherine Kintzler.7. Régis Debray, L’Enseignement du fait religieux dans l’école laïque. Rapport au ministre de l’Éducationnationale, Paris : Odile Jacob / SCEREN, 2002, p. 28.8. Ibid., p. 43.volume XXXVI:1, printemps 200893www.<strong>acelf</strong>.ca
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