L’enseignement au Québec et en France des questions controversées en histoire :tensions entre politique du passé et politique de la reconnaissance dans les curriculaélaborent alors les ouvrages scolaires en toute liberté, puis les enseignants les choisissentcollectivement dans leur établissement et les collectivités territoriales enfinancent l’achat. C’est dire si la loi introduisait une novation!La période suivante fut l’occasion d’une mobilisation intense et d’une expressionpublique vigoureuse des tenants et des opposants à la loi. Au-delà des rhétoriquesdes divers protagonistes, les débats ont posé la question du sens à accorderà cette séquence historique et de qui est légitime pour définir les contenusd’enseignement. Faut-il la présenter, malgré tout, comme une occasion de progrèsexportés par la puissance coloniale et valoriser l’action des acteurs engagés danscette aventure? L’enseignement de l’histoire a-t-il pour objet la présentation des versionsde l’histoire de certains groupes, construites parfois avec l’aide d’historiens?L’enseignement, dans une perspective normative, doit-il traiter cette séquence historiquecomme située dans la continuité d’une histoire de France orientée versl’émancipation des peuples ou l’interpréter comme une rupture déshonorante decette destinée historique? Vieux débats, dépassés par la plupart des historiens, revisitéssous l’angle de la revendication mémorielle.L’intense agitation scientifique, corporatiste, politique et sociale convainc lePrésident de la République de saisir le Conseil constitutionnel:« Le Président de la République considère que la loi du 23 février 2005 rendun juste et nécessaire hommage à tous les Français rapatriés et aux combattantsde toutes origines de l’armée française. Mais le deuxième alinéa de l’article4 suscite des interrogations et des incompréhensions chez beaucoupde nos compatriotes. Il convient de les lever pour retrouver les voies de laconcorde. La Nation doit se rassembler sur son histoire. » (Chirac, 2006)Estimant que la définition des programmes ne relevait pas de la Loi, le Conseilconstitutionnel la déclasse (31 janvier 2006), annulant ainsi l’article 4, principal objetdu débat.Cet épisode prend place dans une série de lois mémorielles touchantl’enseignement au nom du « devoir de mémoire » et inscrivant une logique de reconnaissanceque les manuels scolaires et les pratiques des enseignants ont tendance àamplifier (Corbel et Falaize, 2003; Lantheaume, 2003; Falaize et coll., 2007).Replaçant cette évolution dans celle de la société française, on peut faire le constatque la montée de la logique de la reconnaissance, opposée au mépris (Honneth,2006) trop souvent expérimenté par les groupes minoritaires dont l’histoire trouvepeu de place dans l’enseignement, peine à déboucher sur « l’impulsion critique »(p. 247) souhaitée, mais est plutôt mobilisée au service de projets idéologiques. Ceuxciprovoquent en retour un réflexe de défense consistant à revenir à une conceptionrépublicaine et universaliste mythifiée.Celle-ci n’est cependant pas d’actualité, comme le montre l’évolution du curriculum.L’enseignement de l’histoire de questions controversées révèle que, enFrance, la voie moyenne articulant reconnaissance et projet universaliste républicainest un processus conflictuel posant des problèmes pratiques aux enseignants prisentre des logiques contradictoires qu’ils contribuent à faire évoluer.volume XXXVI:1, printemps 200872www.<strong>acelf</strong>.ca
L’enseignement au Québec et en France des questions controversées en histoire :tensions entre politique du passé et politique de la reconnaissance dans les curriculaAu Québec, un enseignement plus « pluriel »Le 27 avril 2006, divulguant des extraits trompeurs d’un brouillon du programmeHistoire et éducation à la citoyenneté [HÉC], Le Devoir 4 argua qu’il valoriseraitl’unité canadienne (Robitaille, 2006). Historiens et quidams québécoisd’expression française s’engagèrent massivement dans une lutte contre l’accent, présuméexcessif, mis sur la pluralité culturelle de leur société et sur l’influence des idéesbritanniques dans le développement des institutions parlementaires, ainsi que contrel’occultation prétendue d’événements (la conquête britannique de la Nouvelle-France) ou d’institutions (langue et culture françaises, catholicisme, etc.) ayantfaçonné le Québec (Bouvier, 2007). Des didacticiens de l’histoire ripostèrent que cesangoisses étaient infondées, puisque le cours viserait dorénavant le développementdes compétences critiques plutôt que la consommation et l’enregistrement d’unenarration elle-même historiquement et socialement située (Cardin, 2007; Dagenaiset Laville, 2007). Les arguments des contestataires prévalurent, si bien que leministère s’est résolu à publier dès juin un programme (MÉLS [ministère québécoisde l’Éducation, des Loisirs et du Sport], 2006), modifié à l’improviste, énumérant desévénements et personnages familiers de l’historiographie populaire, ainsi qu’unmodule supplémentaire sur la Conquête. Cela semble avoir clos le débat, sans toutefoisrasséréner pleinement les critiques (Angers et coll., 2007).Malgré l’indigence des arguments les plus entendus, ce débat rappelle le poidsde la question nationale dans l’appréciation de l’histoire scolaire, analysée ici auregard du traitement des éléments identitaires dans les documents officiels québécoissur les cours d’histoire nationale 5 .Entre 1905 et 1969, le « programme catalogue » (déterminant point par point lecontenu à enseigner pour chaque degré scolaire, Charland, 2005) d’histoirelouangeait la trinité famille, église, patrie. Il s’attardait au « glorieux passé » de laNouvelle-France, mais glissait sur les siècles suivants 6 . Il se centrait sur le telos d’unenation d’agriculteurs franco-catholiques: résister à l’acculturation, puis propager lecatholicisme à travers l’Amérique. Il considérait l’élève comme un réceptacle etl’apprentissage comme un processus réceptif, un dressage (Lenoir, 2002, p. 138). De1969 à 1981, lui succéda un « programme cadre » dominé par la psychologie humanisterogerienne et indiquant un état d’esprit plutôt qu’un contenu précis (Martineauet Gauthier, 2002, p.8). Cette souplesse, reflet du vent de changement balayant le4. Quotidien occupant à Montréal la place du Monde à Paris.5. Le système scolaire public québécois étant confessionnel jusqu’en 1965, nous examinons d’abord l’histoireenseignée au secteur public pour franco-catholiques (≥86 % de la population d’alors), dirigé par le Comitécatholique du département de l’instruction publique. Le réseau pour protestants recevait surtout des anglophoneset des immigrants allophones, qui s’assimilaient souvent ensuite.6. « L’enseignement [de l’histoire] doit faire ressortir […] le but apostolique en même temps que national poursuivipar les découvreurs, les fondateurs, les organisateurs de notre pays; la pureté de nos origines canadiennesfrançaises;le caractère religieux, moral, héroïque et idéaliste de nos ancêtres. » (DIP, 1959, p. 481-482).volume XXXVI:1, printemps 200873www.<strong>acelf</strong>.ca
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