La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecDes avancées timides sur le terrain scolaire en FranceLa question de l’enseignement du fait religieux en France incorpore un autrejustificatif depuis les années 1980 9 : celui de l’éducation à la tolérance, au respectréciproque dans une société devenue pluriculturelle et multiconfessionnelle, avecdes communautés juive, musulmane et bouddhiste parmi les plus importantes despays européens. L’école doit accueillir de la même façon des enfants d’origines culturelles,religieuses et idéologiques variées, futurs citoyens destinés à vivre ensemble.Dans ce contexte nouveau, marqué parfois aussi par la montée des intégrismesreligieux et des expressions d’intolérance religieuse sur les plans nationaux et internationaux,une meilleure connaissance des religions, et en particulier de leurs liensétroits (pour ce qui relève des monothéismes par exemple), paraît préalable aurespect mutuel des consciences et des différences, à la rencontre et au dialogue 10 .La nécessité de la prise en compte du fait religieux dans l’enseignement faitjusqu’à aujourd’hui l’objet d’un large consensus. Ainsi, le rapport de la commissionStasi évoque une « approche raisonnée des religions comme faits de civilisation » 11afin de mieux comprendre les différentes cultures. Un Arrêté du cahier des chargesde la Formation des maîtres évoque une culture commune qui repose « sur la priseen compte des diversités culturelles et religieuses de la France d’aujourd’hui » et lanécessité que « tous les professeurs bénéficient d’une formation solidement ancréedans un apprentissage de la pratique de la laïcité» 12 .Pour autant, on peut se demander si le choix français de ne pas créer unenseignement spécifique d’histoire des religions ou de sciences religieuses dispensépar un spécialiste, mais de développer plutôt une approche transversale du faitreligieux dans les disciplines scolaires existantes 13 , n’a pas pour risque principal dediluer cet enseignement. Dans un contexte où les élèves ont déjà une vision des religionsparcellaire, morcelée, sans cohérence interne ni structuration, n’y a-t-il pas undanger de renforcer cet émiettement, la rencontre du fait religieux se faisant auhasard des divers programmes disciplinaires et des interprétations qui en sontlivrées? Ou est-ce le signe que le rapport au pluralisme religieux demeure problématiqueen France, et tout particulièrement dans le «sanctuaire» qu’est l’école?9. Comme en témoignent différents sondages réalisés au cours des dernières années. En 1988 (sondageSOFRES-Encyclopaedia Universalis), 42 % des sondés considèrent qu’un enseignement d’histoire des religionscontribue à développer l’esprit de tolérance. Ce chiffre augmente dans les années suivantes, en 1990 il passeà 44 % (SOFRES – Télérama), et en 1991 à 46 % (Louis Harris - Monde de l’Éducation), exprimant ainsil’attente sociale la plus importante. En septembre 2000, il s’élève à 69 % (CSA-Le Monde et Notre Histoire).Si, dans le dernier sondage, mené en 2005 (TNS/SOFRES- Télérama), il a diminué, passant à 57 %, il restetoujours le premier objectif assigné à l’enseignement du fait religieux.10. Ce point de vue est défendu aussi bien par des politiques au plus haut niveau de l’État comme le Présidentde la République, Jacques Chirac, qui considère que l’enseignement du fait religieux peut conforter « l’espritde tolérance chez nos jeunes concitoyens, en leur donnant les moyens de mieux se respecter les uns lesautres » dans L’enseignement du fait religieux. (2003). Actes du séminaire national interdisciplinaire organiséà Paris les 5, 6 et 7 novembre 2002, SCEREN/CRDP de Versailles, p. 9. Un philosophe comme Paul Ricoeurpense également qu’il faut initier les élèves « à la problématique pluraliste des sociétés contemporaines »dans La critique et la conviction. Entretien avec François Azouvie et Marc de Launay. Paris : HachetteLittératures, 2002 (1995), p. 197.11. Laïcité et République. Rapport au Président de la République. Commission présidée par Bernard Stasi, Paris :La Documentation française, 2004, p. 137.12. Arrêté du 19 décembre 2006 portant cahier des charges de la formation des maîtres en Institut universitairede formation des maîtres publié au journal officiel du 28 décembre 2006.13. Principalement l’histoire, le français, la philosophie, les langues et les arts.volume XXXVI:1, printemps 200896www.<strong>acelf</strong>.ca
La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecUn cours obligatoire d’éthique et de culture religieuse au Québeccomme contribution à l’éducation à la citoyennetéLe Québec a opté pour un modèle normatif d’une école commune redéfiniedans un sens pluraliste 14 . Les orientations annoncées des nouveaux programmesd’éthique et de culture religieuse 15sont voulues comme une contribution àl’éducation citoyenne. Elles sont plus nettement définies qu’en France et engagentplus fermement le gouvernement, le ministère de l’Éducation et les lois scolaires.L’énoncé politique du ministère de l’Éducation, des Loisirs et des Sports affirmeclairement que le nouveau programme vise à « favoriser le vivre-ensemble » (MELS,2005, p. 7). Pour y parvenir, le cours d’éthique et de culture religieuse vise trois grandsobjectifs. Premièrement, la familiarisation avec l’héritage religieux du Québec incluttant les religions chrétiennes que le judaïsme et les spiritualités amérindiennes.Deuxièmement, l’ouverture à la diversité religieuse veut permettre à l’élève des’ouvrir à cette diversité et à son apport à la société québécoise. Enfin, on veut permettreau jeune de se situer de façon réfléchie dans l’univers des convictions (MELS,p. 10).Cette perspective éducative adoptée par le gouvernement n’a pas soulevé degrands débats en 2005, comme ce fut le cas en 1999 sur la laïcisation scolaire. On peutprésumer que les mentalités étaient davantage préparées. La majorité de la populationse montre généralement ouverte aux vertus de la compréhension, de latolérance, du respect. Toutefois, face à la diversité religieuse concrètement affirméedans l’espace public, surtout scolaire, on peut rapidement voir surgir des inquiétudesque la religion n’envahisse un domaine désormais séculier. Mais une éducationà la religion visant à favoriser le vivre-ensemble, les attitudes d’ouverture et lareconnaissance des droits fondamentaux conserverait-elle une légitimité par exempleaux yeux des étudiantes qui se verraient refuser le droit de porter le voile islamiquedans cette école? La question n’est pas que théorique. Elle implique une problématiqueplus vaste qu’un programme scolaire, mais dans laquelle celui-ci prend place :le rapport d’une société au pluralisme et à la normativité sociale.Plusieurs réactions hostiles aux signes religieux visibles, au Québec comme enFrance, nous font supposer la prégnance d’une matrice imaginaire, sans doute nonreconnue comme telle, mais aisément « activée » pour redire le nous majoritaire. Unematrice catholique, vidée de son contenu dogmatique et dissociée d’une autoriténormative extérieure, sécularisée, qui fournit la représentation d’un ensemble devaleurs «présumées» partagées, quoique vaguement définies 16 . Les débats autour dela laïcité, dans les deux contextes, laissent présumer de la validité de cette hypothèse.14. La conception d’un contrôle communautaire de l’éducation ou d’instance de reproduction de la culturemajoritaire n’est pas disparue pour autant, bien qu’elle ait perdu la bataille de la normativité dominante dumodèle scolaire. Les écoles privées religieuses (subventionnées par l’État pour un maximum de 55 %)demeurent un lieu accessible à ce type de reproduction, mais elles sont proportionnellement beaucoupmoins nombreuses que dans le système français.15. En expérimentation au moment d’écrire ces lignes.16. Voir M. Milot, «Être non en tant que semblable, mais en tant que différent», Les Cahiers du 27 juin, 2007, 3,2, p. 25.volume XXXVI:1, printemps 200897www.<strong>acelf</strong>.ca
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