La réussite scolaire des élèves issus de l’immigration : une question de classe sociale, de langue ou de culture?ProblématiqueDans un contexte où l’égalité des chances s’impose comme une référencenormative incontournable (Crahay, 2000), on s’attend aujourd’hui à ce que l’écolefasse réussir un ensemble composé d’élèves d’intérêts et d’habiletés, de langues et decultures, et de milieux socio-économiquement extrêmement variés. Ce défi est particulièrementmarqué au Canada où, d’une part, la sélection au sein du système scolaireest généralement très tardive (Conseil des ministres de l’éducation du Canada,2003) et où, d’autre part, on a connu, depuis trente ans, une augmentation et unediversification marquées des flux migratoires (CIC, 2005).À cet égard, de nombreuses recherches portant sur l’observation du vécu scolaireou les perceptions des intervenants, parents, élèves ou organismes communautairessemblent indiquer l’existence de problèmes, notamment chez les nouveauxarrivants non anglophones ou non francophones et au sein des minorités visibles(Mc Andrew et Cicéri, 1997; Beiser et al., 1998; Anisef et Kilbride, 2001). Toutefois, lesétudes quantitatives de grande envergure qui permettraient de connaître l’ampleurréelle des difficultés vécues sur le plan de la réussite scolaire par les élèves issus del’immigration ainsi que les facteurs qui l’influencent ont été limitées dans le contextecanadien, même à l’échelle des provinces qui ont juridiction exclusive sur l’éducationau Canada (Anisef et al., 2004).La littérature internationale est, toutefois, beaucoup plus riche à cet égard. On yrencontre trois systèmes explicatifs majeurs qui, bien que non mutuellement exclusifs,sont souvent privilégiés par l’un ou l’autre des auteurs. Les théories socioéconomiquesinsistent sur l’interrelation étroite qui existe entre l’appartenance declasse et les résultats scolaires, autant dans l’ensemble de la population (Haveman etWolfe, 1994; Bradley et Corwin, 2002) qu’au sein des populations immigrantes(Portes et Rumbaut, 1990; Portes et Zhou, 1993, 1994; Zady et Portes, 2001). Cetteécole de pensée met l’accent sur les déficits qu’entraîne la pauvreté en termes decapital culturel et éducatif, soit directement ou indirectement par le type de stratégiesd’intégration qu’elle induit au sein des familles immigrantes.Toutefois, diverses données tendent à montrer que le caractère explicatif del’appartenance de classe sur la réussite scolaire serait beaucoup plus faible dans lecas des élèves issus de l’immigration que pour l’ensemble de la population. D’unepart, en effet, même pour les immigrants favorisés, la maîtrise de la langue de scolarisationsuppose un long processus, d’où l’importance sur la réussite scolaire de facteurstels que l’âge d’arrivée ou l’exposition antérieure à la langue d’accueil (Collier,1989; Cummins, 2000). L’impact de la variable linguistique est aussi plus grand sur lesmatières à forte composante linguistique et culturelle, qui présentent davantage dedéfis pour les élèves issus de l’immigration que les matières à caractère scientifique(Chamot et O’Malley, 1994; Duff, 2001).D’autre part, la littérature tant canadienne qu’européenne montre que certainsélèves défavorisés issus de l’immigration ont une performance nettement supérieurepar rapport à leurs pairs natifs de classe sociale équivalente (Toronto Board ofEducation, 1999; Vallet et Caillé, 1996; Mc Andrew, 2001). Cette réalité est parfoisvolume XXXVI:1, printemps 2008180www.<strong>acelf</strong>.ca
La réussite scolaire des élèves issus de l’immigration : une question de classe sociale, de langue ou de culture?expliquée par l’impact même du projet migratoire qui suppose une certaine présélectiondes individus les plus dynamiques ainsi qu’une pression familiale accrue à laréussite scolaire. Toutefois, comme cet « effet migratoire » n’est pas consistant, unensemble d’explications socioculturelles a également été avancé.La théorie d’Ogbu (Ogbu, 1992; Ogbu et Simmons, 1998) insiste sur le rapportconflictuel ou consensuel avec la société d’accueil et le modèle d’intégration qui y estproposé. Les individus appartenant à des minorités dites volontaires adhéreraientfortement à l’idéologie de la mobilité sociale par l’école et considéreraient les obstaclesqu’ils rencontrent comme temporaires. À cette fin, ils accepteraient de mettrede côté leurs préoccupations linguistiques et culturelles et développeraient rapidementun rapport déterminant à la scolarisation. À l’opposé, les individus appartenantà des minorités dites involontaires auraient un rapport de méfiance avec lesinstitutions majoritaires et douteraient que l’éducation puisse véritablement représenterun véhicule de mobilité sociale. Ils résisteraient également davantage auxdemandes d’assimilation linguistique et culturelle et auraient tendance à réclamerune transformation radicale du curriculum. En général, on considère que les groupesimmigrants appartiennent à la première catégorie alors que les groupes dont la présencerésulte de la conquête, du colonialisme ou de l’esclavage (exemple : membresdes communautés autochtones ou des communautés noires) s’inscriraient davantagedans la seconde.D’autres approches, axées sur les caractéristiques des cultures d’origine, s’intéressentplutôt à la similarité entre les valeurs propres aux cultures d’origine et lescaractéristiques qui prédisent la réussite scolaire : le conformisme, le respect pourl’autorité, la valorisation de l’éducation, ainsi que le sens de l’effort (Peng et Wright,1994; Samuel, Krugly-Smolska et Warren, 2001; Chow, 2004). Selon certains,l’ethnicité serait ainsi un capital culturel qui s’accompagnerait de pratiques diversessusceptibles d’assurer la réussite scolaire des enfants.Dans le cadre de cet article, nous présentons deux études de cas basées sur uneutilisation originale des banques de données administratives produites et gérées parles ministères de l’Éducation de la Colombie-Britannique et du Québec. Ces deuxprovinces ont en commun la présence d’une importante population immigrante 1ainsi que la qualité et l’exhaustivité des données disponibles pour effectuer un suivirigoureux de la performance et de la mobilité des élèves issus de l’immigration 2 . Lesdeux études, qui n’ont pas été élaborées conjointement, sont différentes, tant en cequi concerne l’indicateur retenu que la définition du groupe-cible et du groupetémoin.Toutefois, elles ont en commun la même préoccupation de mieux comprendreles facteurs influençant la réussite scolaire, qui ont été explorés par le biais d’analysesstatistiques plus poussées. Chacune sera présentée successivement, puis en conclusion,nous tenterons de dégager ce qu’elles révèlent quant à la question centrale decet article : la réussite scolaire des élèves issus de l’immigration est-elle une questionde classe sociale, de langue ou de culture?1. Elles ont reçu en 2005 respectivement 16,5 % et 17 % de l’immigration totale au Canada (CIC, 2005).2. Les données de l’Ontario, la principale province de réception de l’immigration au Canada, sont beaucoupmoins intéressantes (Anisef et al., 2004) et n’ont pas fait, récemment, l’objet d’une utilisation quipermettrait d’explorer la problématique qui nous intéresse ici.volume XXXVI:1, printemps 2008181www.<strong>acelf</strong>.ca
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