L’éducation à la citoyenneté dans des contextes de division : les défis au Québec et en Irlande du NordConceptualisations théoriques de la citoyennetéLa diversificationethnique croissante despopulations des démocratiesoccidentales(et d’ailleurs) a stimuléles réflexions sur latolérance, l’identité,le pluralisme et lemulticulturalisme.L’ÉC a suscité un intérêt croissant sur le plan international au cours de ladernière décennie. L’aliénation politique en Europe de l’Ouest, en particulier chez lesjeunes, a mené à une réflexion critique touchant la promotion de leur participationpolitique et le rôle des valeurs et des attitudes dans l’enseignement et le curriculum.En Europe de l’Est, les bouleversements politiques survenus depuis l’effondrementde l’URSS ont donné lieu à l’émergence de nouvelles démocraties et cultures politiqueset à des occasions d’étudier les processus de socialisation politique. La diversificationethnique croissante des populations des démocraties occidentales (etd’ailleurs) a stimulé les réflexions sur la tolérance, l’identité, le pluralisme et le multiculturalisme.De plus, la mondialisation a influencé l’intérêt porté à l’ÉC dans uncontexte d’interdépendance d’envergure planétaire (Naval et al., 2002) et elle a prisde l’importance dans de nombreux pays (ex. : Australie, Canada, Grande-Bretagne,Rwanda). En Europe, on l’a intégrée aux curriculums nationaux et régionaux et leConseil de l’Europe a célébré en 2005 l’Année Européenne de la Citoyenneté parl’Éducation.Les définitions de la citoyenneté et de l’ÉC n’ont pas été sans susciter de critiques.Dans une recension des écrits, Gagnon et Pagé (1999) identifient quatredimensions de la citoyenneté dans des sociétés démocratiques libérales : l’identiténationale; l’identité culturelle (collective); la diversité et les normes d’égalité; et laparticipation civique. Ces dimensions coïncident avec différents modèles de lacitoyenneté et de l’État. On peut ainsi dire que le modèle libéral (Rawls, 1993) secaractérise par un sentiment d’appartenance modéré à la collectivité nationale et unsentiment d’appartenance marqué à d’autres groupes choisis par l’individu, ce quiassure une certaine tolérance à la diversité. On associe également au modèle libéralun profond attachement aux principes de justice ainsi que des degrés modérés departicipation politique, principalement comme moyen de protéger les droits individuels(Chastenay et al., 2004). Par contraste, la conception républicaine d’un Étatnationunitaire (Schnapper, 1994) préconise un sentiment d’appartenance marqué àla collectivité nationale et un faible sentiment d’appartenance à d’autres groupes. Enpareil contexte, la possibilité pour les membres de groupes minoritaires de jouir del’égalité par rapport aux membres du groupe majoritaire suppose nécessairementqu’ils se reconnaissent dans la collectivité nationale. Le modèle républicain préconiseune forte participation politique, offrant les meilleures possibilités de contribuerà maintenir et à renforcer l’identité nationale (Pagé, 2001).On a souvent reproché à la citoyenneté son caractère exclusif, notamment enraison du poids traditionnellement accordé à la nationalité (Kymlicka, 1995) et auxhommes (Voet, 1998). Dans le contexte des sociétés divisées, la citoyenneté pose desproblèmes qui lui sont propres, puisque « l’autorité de l’État-nation semble êtreremise en cause » 2 (Turner, 1993, p. 2).2. Traduction.volume XXXVI:1, printemps 2008106www.<strong>acelf</strong>.ca
L’éducation à la citoyenneté dans des contextes de division : les défis au Québec et en Irlande du NordS’il est évident que l’ÉC se distingue de l’« alphabétisation politique », et qu’ellesuppose aussi l’apprentissage de valeurs et de la participation politique, certainsappellent à un raffinement du concept, qui semble englober un éventail d’autresenseignements (civique et moral, Osler et Starkey, 1996; droits de la personne,Davies, 2000a). On semble généralement s’entendre pour dire que les principauxconcepts qui sous-tendent l’ÉC sont la participation politique et les normes d’égalité(respect, inclusion, droits de la personne) (Rapport Crick, 1998; Osler et Starkey,2000; Spencer, 2000), bien que l’importance accordée aux différents grands principesdans les initiatives éducatives varie selon le pays et la région (Davies, 2000b).On a souvent évoqué le développement d’identités multiples ou supraordonnéescomme moyen de transcender les clivages et les conflits ethniques, et l’identitéest maintenant considérée comme un volet essentiel de l’ÉC (Cogan, 1998). À cetégard, Sampson (1985) indique que, dans une société dans laquelle les individus sontporteurs de multiples identités, se créent des liens qui s’entrecroisent 3 menant à desloyautés transversales qui dépassent les divisions communautaires et permettentd’assurer la cohésion sociale. Ainsi, dans les sociétés divisées, l’éducation relative auxidentités multiples et aux compétences de résolution de conflits (qui facilite ledéveloppement de relations interpersonnelles dans un réseau qui n’a pas à s’alignersur la division communautaire) est peut-être le meilleur moyen de favoriser ledéveloppement de ces loyautés croisées au-delà de la division historique.Audigier (1996) soutient qu’en temps de crise et de difficulté, le besoin d’une ÉCdémocratique – mettant l’accent sur la démocratie, la paix, la justice sociale et lesdroits de la personne – est ressenti plus vivement. Cela peut représenter un déficonsidérable dans les sociétés divisées, où les ségrégations éducatives, sociales etpolitiques peuvent s’ériger en obstacles au développement d’identités et d’attitudespositives chez les jeunes vis-à-vis d’autres communautés.S’il est possible de faire de l’ÉC auprès de gens de tous les groupes d’âge, onavance souvent que le contexte de l’éducation secondaire obligatoire offre le cadre leplus propice. Suivant Piaget (1952), Meadowcroft (1986) souligne que la capacité desenfants à saisir des concepts politiques s’accroît à sept ans, puis encore davantage à13 ans. Ayant examiné les écrits sur la socialisation politique, Galston (2001) conclutque l’ÉC, en classe ou en services à la communauté, est plus efficace chez les plusvieux et que l’on peut donc s’attendre à ce qu’elle donne de meilleurs résultats ausecondaire. Nous comparerons donc ici les programmes d’ÉC au niveau secondaireobligatoire au Québec et en Irlande du Nord, selon certaines dimensions de lacitoyenneté : identités culturelle et nationale; égalité et diversité; participation.3. Crosscutting links.volume XXXVI:1, printemps 2008107www.<strong>acelf</strong>.ca
- Page 4:
Rapports ethniques et éducation :
- Page 7 and 8:
Les relations entrecommunautés lin
- Page 9 and 10:
Les relations entre communautés li
- Page 11 and 12:
Les relations entre communautés li
- Page 13 and 14:
Les relations entre communautés li
- Page 15 and 16:
Les relations entre communautés li
- Page 17 and 18:
Les relations entre communautés li
- Page 19 and 20:
Les relations entre communautés li
- Page 21 and 22:
Les relations entre communautés li
- Page 23 and 24:
Les relations entre communautés li
- Page 25 and 26:
Les relations entre communautés li
- Page 27 and 28:
Regards croisés sur l’inclusiond
- Page 29 and 30:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 31 and 32:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 33 and 34:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 35 and 36:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 37 and 38:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 39 and 40:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 41 and 42:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 43 and 44:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 45 and 46:
Regards croisés sur l’inclusion
- Page 47 and 48:
La dimension linguistique des enjeu
- Page 49 and 50:
La dimension linguistique des enjeu
- Page 51 and 52:
La dimension linguistique des enjeu
- Page 53 and 54:
La dimension linguistique des enjeu
- Page 55 and 56:
La dimension linguistique des enjeu
- Page 57 and 58: La dimension linguistique des enjeu
- Page 59 and 60: La dimension linguistique des enjeu
- Page 61 and 62: La dimension linguistique des enjeu
- Page 63 and 64: La dimension linguistique des enjeu
- Page 65 and 66: La dimension linguistique des enjeu
- Page 67 and 68: L’enseignement au Québecet en Fr
- Page 69 and 70: L’enseignement au Québec et en F
- Page 71 and 72: L’enseignement au Québec et en F
- Page 73 and 74: L’enseignement au Québec et en F
- Page 75 and 76: L’enseignement au Québec et en F
- Page 77 and 78: L’enseignement au Québec et en F
- Page 79 and 80: L’enseignement au Québec et en F
- Page 81 and 82: L’enseignement au Québec et en F
- Page 83 and 84: L’enseignement au Québec et en F
- Page 85 and 86: L’enseignement au Québec et en F
- Page 87 and 88: L’enseignement au Québec et en F
- Page 89 and 90: La prise en compte de la diversité
- Page 91 and 92: La prise en compte de la diversité
- Page 93 and 94: La prise en compte de la diversité
- Page 95 and 96: La prise en compte de la diversité
- Page 97 and 98: La prise en compte de la diversité
- Page 99 and 100: La prise en compte de la diversité
- Page 101 and 102: La prise en compte de la diversité
- Page 103 and 104: La prise en compte de la diversité
- Page 105 and 106: L’éducation à la citoyennetéda
- Page 107: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 111 and 112: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 113 and 114: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 115 and 116: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 117 and 118: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 119 and 120: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 121 and 122: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 123 and 124: L’éducation à la citoyenneté d
- Page 125 and 126: Diversité culturelle,enseignement
- Page 127 and 128: Diversité culturelle, enseignement
- Page 129 and 130: Diversité culturelle, enseignement
- Page 131 and 132: Diversité culturelle, enseignement
- Page 133 and 134: Diversité culturelle, enseignement
- Page 135 and 136: Diversité culturelle, enseignement
- Page 137 and 138: Diversité culturelle, enseignement
- Page 139 and 140: Diversité culturelle, enseignement
- Page 141 and 142: Diversité culturelle, enseignement
- Page 143 and 144: Diversité culturelle, enseignement
- Page 145 and 146: Relever le défi de la diversité :
- Page 147 and 148: Relever le défi de la diversité :
- Page 149 and 150: Relever le défi de la diversité :
- Page 151 and 152: Relever le défi de la diversité :
- Page 153 and 154: Relever le défi de la diversité :
- Page 155 and 156: Relever le défi de la diversité :
- Page 157 and 158: Relever le défi de la diversité :
- Page 159 and 160:
Relever le défi de la diversité :
- Page 161 and 162:
Relever le défi de la diversité :
- Page 163 and 164:
Les relations école - famillesimmi
- Page 165 and 166:
Les relations école - familles imm
- Page 167 and 168:
Les relations école - familles imm
- Page 169 and 170:
Les relations école - familles imm
- Page 171 and 172:
Les relations école - familles imm
- Page 173 and 174:
Les relations école - familles imm
- Page 175 and 176:
Les relations école - familles imm
- Page 177 and 178:
Les relations école - familles imm
- Page 179 and 180:
La réussite scolaire desélèves i
- Page 181 and 182:
La réussite scolaire des élèves
- Page 183 and 184:
La réussite scolaire des élèves
- Page 185 and 186:
La réussite scolaire des élèves
- Page 187 and 188:
La réussite scolaire des élèves
- Page 189 and 190:
La réussite scolaire des élèves
- Page 191 and 192:
La réussite scolaire des élèves
- Page 193 and 194:
La réussite scolaire des élèves
- Page 195 and 196:
La réussite scolaire des élèves
- Page 197 and 198:
La réussite scolaire des élèves
- Page 199 and 200:
La « valeur ajoutée »de l’édu
- Page 201 and 202:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 203 and 204:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 205 and 206:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 207 and 208:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 209 and 210:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 211 and 212:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 213 and 214:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 215 and 216:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 217 and 218:
La « valeur ajoutée » de l’éd