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Numéro complet (pdf) - acelf

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La prise en compte de la diversité religieuse dans l’enseignement scolaire en France et au QuébecUn cours obligatoire d’éthique et de culture religieuse au Québeccomme contribution à l’éducation à la citoyennetéLe Québec a opté pour un modèle normatif d’une école commune redéfiniedans un sens pluraliste 14 . Les orientations annoncées des nouveaux programmesd’éthique et de culture religieuse 15sont voulues comme une contribution àl’éducation citoyenne. Elles sont plus nettement définies qu’en France et engagentplus fermement le gouvernement, le ministère de l’Éducation et les lois scolaires.L’énoncé politique du ministère de l’Éducation, des Loisirs et des Sports affirmeclairement que le nouveau programme vise à « favoriser le vivre-ensemble » (MELS,2005, p. 7). Pour y parvenir, le cours d’éthique et de culture religieuse vise trois grandsobjectifs. Premièrement, la familiarisation avec l’héritage religieux du Québec incluttant les religions chrétiennes que le judaïsme et les spiritualités amérindiennes.Deuxièmement, l’ouverture à la diversité religieuse veut permettre à l’élève des’ouvrir à cette diversité et à son apport à la société québécoise. Enfin, on veut permettreau jeune de se situer de façon réfléchie dans l’univers des convictions (MELS,p. 10).Cette perspective éducative adoptée par le gouvernement n’a pas soulevé degrands débats en 2005, comme ce fut le cas en 1999 sur la laïcisation scolaire. On peutprésumer que les mentalités étaient davantage préparées. La majorité de la populationse montre généralement ouverte aux vertus de la compréhension, de latolérance, du respect. Toutefois, face à la diversité religieuse concrètement affirméedans l’espace public, surtout scolaire, on peut rapidement voir surgir des inquiétudesque la religion n’envahisse un domaine désormais séculier. Mais une éducationà la religion visant à favoriser le vivre-ensemble, les attitudes d’ouverture et lareconnaissance des droits fondamentaux conserverait-elle une légitimité par exempleaux yeux des étudiantes qui se verraient refuser le droit de porter le voile islamiquedans cette école? La question n’est pas que théorique. Elle implique une problématiqueplus vaste qu’un programme scolaire, mais dans laquelle celui-ci prend place :le rapport d’une société au pluralisme et à la normativité sociale.Plusieurs réactions hostiles aux signes religieux visibles, au Québec comme enFrance, nous font supposer la prégnance d’une matrice imaginaire, sans doute nonreconnue comme telle, mais aisément « activée » pour redire le nous majoritaire. Unematrice catholique, vidée de son contenu dogmatique et dissociée d’une autoriténormative extérieure, sécularisée, qui fournit la représentation d’un ensemble devaleurs «présumées» partagées, quoique vaguement définies 16 . Les débats autour dela laïcité, dans les deux contextes, laissent présumer de la validité de cette hypothèse.14. La conception d’un contrôle communautaire de l’éducation ou d’instance de reproduction de la culturemajoritaire n’est pas disparue pour autant, bien qu’elle ait perdu la bataille de la normativité dominante dumodèle scolaire. Les écoles privées religieuses (subventionnées par l’État pour un maximum de 55 %)demeurent un lieu accessible à ce type de reproduction, mais elles sont proportionnellement beaucoupmoins nombreuses que dans le système français.15. En expérimentation au moment d’écrire ces lignes.16. Voir M. Milot, «Être non en tant que semblable, mais en tant que différent», Les Cahiers du 27 juin, 2007, 3,2, p. 25.volume XXXVI:1, printemps 200897www.<strong>acelf</strong>.ca

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