Relever le défi de la diversité : une comparaison des idéologies en éducation en contexte minoritaire et majoritaire auNouveau-Brunswick et en SaskatchewanLe discours dusecteur francophonerelève d’une approcheuniversaliste : dans cetteoptique, il ne doit pas yavoir de « programmespécifique », car l’enfantimmigrant doit être« traité comme lesautres », « comme toutautre enfant »,ayant « les mêmesdroits et les mêmesservices ».Dans les écoles francophones du Nouveau-BrunswickEn effet, du côté francophone du ministère, la situation est bien différente decelle du côté anglophone. Si le secteur anglophone a développé des ressources pourles élèves immigrants, surtout pour l’apprentissage de l’anglais comme langueseconde, pour sa part, le secteur francophone n’offre aucune ressource en françaisconcernant les immigrants. Au contraire, le discours du secteur francophone relèved’une approche universaliste : dans cette optique, il ne doit pas y avoir de « programmespécifique », car l’enfant immigrant doit être « traité comme les autres »,« comme tout autre enfant », ayant « les mêmes droits et les mêmes services » 11 .L’objectif semble être de ne pas faire de discrimination, mais il en résulte que les écolesfrançaises ne reçoivent du Ministère aucun soutien spécifique pour l’intégration desnouveaux arrivants. Ce discours insiste sur l’égalité des élèves immigrants, mais dansune perspective uniforme, universaliste, ce qui vise donc une égalité des droits,plutôt que des conditions. Dans cette optique, les différences culturelles etreligieuses appartiennent à la sphère privée et les interventions politiques n’ont pasà en tenir compte. Or, il semble évident aujourd’hui que l’égalité juridique ou letraitement uniforme ne conduisent généralement pas directement à l’égalité réelle 12 .En ce sens, l’approche universaliste prônée par le secteur francophone, si elle étaitappliquée telle quelle, contraindrait les écoles à un comportement assimilateur.Toutefois, en dépit du manque de ressources et d’encadrement ministériel, certainesécoles ont dû tenter de développer des mesures en raison de la demande,notamment dans les trois grandes régions urbaines de Saint-Jean, Fredericton etMoncton, qui attirent le plus grand nombre d’immigrants francophones. Le besoinest de plus en plus pressant car le nombre d’élèves immigrants récents a doublé dansla dernière année, passant de 77 en 2006 à environ 156 en mars 2007. Le district scolairefrancophone responsable de ces régions est fermement engagé sur ce dossier ettente d’harmoniser diverses initiatives entreprises dans les écoles individuelles. Cedistrict a produit en avril 2005 une Trousse d’accueil et d’intégration des élèves immigrantsnouvellement arrivés, qui est encore à l’étape de l’évaluation mais qui est néanmoinsofferte comme ressource aux enseignants responsables d’élèves immigrants.Largement inspirée de documents similaires du Québec et, surtout, du Manitoba,cette trousse a été adaptée au contexte acadien et francophone minoritaire. On ytraite aussi bien de l’accueil à l’école (on explique notamment comment réaliser lapremière rencontre et on suggère diverses activités possibles) que de l’intégrationscolaire dans ses volets social, pédagogique et linguistique. Une courte section à lafin traite aussi de l’éducation interculturelle et de l’éducation à la citoyenneté.Concrètement, les enfants immigrants sont immédiatement intégrés dans desclasses régulières, car les effectifs ne justifient pas des classes d’accueil 13 . Toutefois,11. Propos tenus au téléphone par divers membres du personnel du secteur francophone du ministère del’Éducation et des conseils d’éducation de district, lorsqu’on leur demande de décrire les mesures existantespour les immigrants.12. Nous avons discuté ailleurs des raisons pour lesquelles un tel traitement d’égalité formelle des immigrantsne conduit justement pas à leur égalité réelle (Gallant, 2006).13. Cette pratique a d’ailleurs été décriée par de nombreux auteurs. Voir notamment Patriciu et Laaroussi (2002).volume XXXVI:1, printemps 2008154www.<strong>acelf</strong>.ca
Relever le défi de la diversité : une comparaison des idéologies en éducation en contexte minoritaire et majoritaire auNouveau-Brunswick et en Saskatchewandans les quatre écoles 14 qui reçoivent le plus d’immigrants, un enseignant est dégagépendant une heure par jour afin d’agir comme responsable à l’accueil pour les élèvesimmigrants éparpillés dans diverses classes de différents niveaux. Cette personneressourcerencontre ces élèves sur une base individuelle et en groupe afin de parfaireleur francisation, mais aussi de discuter librement de questions relatives à leur insertionscolaire et sociale.Dans les écoles, l’approche consiste donc à tenir compte d’une différence, nonpas spécifiquement ethnoculturelle ou religieuse, mais à tout le moins liée au parcoursparticulier de ces élèves. Les mesures adoptées cherchent à favoriser l’insertionscolaire et sociale individuelle, mais sans qu’un modèle très clair soit apparent :cherche-t-on à les mettre sur un pied d’égalité en vue de les assimiler ou cherche-tonà les intégrer au système scolaire tout en maintenant leur spécificité culturelle?Est-ce que cette spécificité culturelle est valorisée à l’intérieur de l’école ou est-ellereléguée au secteur privé? Il est impossible de répondre à ces questions car, enl’absence de directives claires en provenance du district, chaque enseignantressourcey ira de sa propre interprétation des fonctions de ces mesures.Toutefois, en juin 2006, ce district a aussi adopté en parallèle une politique quispécifie le « mandat culturel, communautaire et identitaire » de l’école de langue françaisequi est de : « valoriser […] la langue et la culture acadiennes et francophones »et « contribuer à la construction identitaire et la fierté acadienne et francophone desélèves » (DS1, 2006,1). Les expressions « acadienne » et « francophone » ne sont pasvéritablement précisées; il n’est pas clair si les deux termes sont utilisés en juxtapositionpour marquer une différence ou s’ils sont synonymes. En fait, les deux termessont mentionnés séparément en un seul endroit pour référer à une population « àmajorité acadienne dans certains cas et minoritaire acadienne et francophone dansd’autres ». Ceci semblerait indiquer que, dans le deuxième cas, la population concernéen’est pas seulement acadienne ce qui sous-entend que le mot « francophone »est plus englobant que le mot « acadien ». Sauf que le texte poursuit : « et auxquelless’ajoutent plusieurs individus de diverses origines ayant choisi ces communautéscomme lieu de résidence », ce qui implique que les immigrants ne sont pas inclusdans l’expression « acadienne et francophone » 15 . Ainsi, tout en ayant une apparenced’ouverture à la diversité, cette politique n’est pas sans rappeler la situationidéologique observée en 2004 (Gallant, 2006), où les efforts pour exposer les élèves àl’existence de différentes cultures sur la planète constituent une exposition à la diversitémondiale… mais pas à la diversité locale. On y fait la promotion d’une fierté quiest celle du « patrimoine » et des origines, d’une certaine homogénéité interne àl’école face à une hétérogénéité extérieure au monde scolaire, ce qui prépare mall’insertion sociale des élèves immigrants.14. Une cinquième devait s’ajouter à compter de septembre 2007.15. En fin de compte, il est possible que le qualificatif « francophone » ne soit pas là pour être inclusif, mais plutôtpour être restrictif en excluant des personnes d’origine acadienne qui ne parlent plus le français.volume XXXVI:1, printemps 2008155www.<strong>acelf</strong>.ca
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