La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilinguel’historien québécois Martineau (2005), reprenant les travaux de Barber (1992),insiste sur le fait que l’école doit développer chez lui « la capacité de penser de façoncritique et de participer à la délibération dans un monde pluraliste de même quel’empathie nécessaire au dialogue et à l’établissement de consensus sociaux »(Martineau, 2005, p.38). Une analyse critique en éducation à la citoyenneté comprenddes aptitudes à la recherche, à l’interprétation, à la présentation et à la réflexion.Il s’agit, en d’autres termes, de forger son opinion personnelle, d’apprendreà l’exprimer et, si nécessaire, à la réviser (O’Shea, 2003), dans le but de développer/construireune conscience sociale (Martineau, 2005; O’Shea, 2003).L’apprentissage des langues, lorsqu’il est accompagné par une réflexion sur lesliens qu’elles entretiennent avec la (les) culture(s), est un médium clé pour pousserles apprenants à cette analyse critique. Dans cet ordre d’idées, Phipps et Guilherme(2004) et Byram (1997) soulignent clairement l’importance de s’appuyer sur lesprincipes de la pédagogie critique (Giroux, 1983) dans l’enseignement des languesafin de développer chez les apprenants une véritable compétence communicativeinterculturelle.Également, l’Éveil aux langues s’inscrit clairement en tant qu’approche de l’éducationinterculturelle et rejoint également les objectifs de l’éducation à la citoyenneté(Candelier, sous presse; Lamarre, 2002). En ce sens, ces programmes recoupentpleinement les objectifs formulés par le document cadre de l’UNESCO, L’éducationdans un monde multilingue (2003), qui souligne la nécessité « d’encourager ladémarche qui fait de la langue une composante essentielle de l’éducation interculturelle,en vue d’encourager la compréhension entre différentes populations etd’assurer le respect des droits fondamentaux » (p. 33).L’Éveil aux langues s’inscrit également dans la volonté de lutter contre la ghettoïsationet la folklorisation, biais susceptibles d’amoindrir la portée de ses activités.En particulier, il s’agit de ne pas imposer, durant les activités, une identité linguistiqueunique à un élève, fondée sur sa seule langue d’origine au détriment de lareconnaissance d’une identité multiple fondée, entre autres, sur une compétenceplurilingue (Moore, 2006). Le regard positif porté sur cette compétence plurilinguepermet de légitimer et d’autoriser le recours aux différentes ressources linguistiquesdisponibles chez les apprenants afin de faciliter le partage de connaissances diverses.Également, il est préférable de ne pas se focaliser uniquement sur l’objet « langues »en présentant simplement les caractéristiques formelles de différentes langues, carl’apprenant peut alors oublier que ce sont des locuteurs qui les parlent (Calvet, 2002),que ces langues évoluent et qu’elles portent notamment les marques historiques desrelations de pouvoir qu’elles ont entretenues et entretiennent encore entre elles.Les principes à respecter lors de l’implantation de programmesd’Éveil aux languesPour éviter les biais mentionnés plus haut, différents principes clés ont été misde l’avant : l’importance de valoriser une approche critique et de mettre en œuvreune pédagogie active notamment au moyen d’activités favorisant la co-constructiondes connaissances.volume XXXVI:1, printemps 200852www.<strong>acelf</strong>.ca
La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilingueL’approche critiqueEn ce qui concerne l’approche critique, dès les années 90, Fairclough (1992) aproposé une vision élargie des activités développées par Hawkins (1984), qu’il a baptiséeCritical Language Awareness. Il s’est inspiré des approches pédagogiques critiquesvisant à attirer l’attention des élèves sur les inégalités sociales ainsi que sur lesreprésentations stéréotypées des diverses langues et des locuteurs de celles-ci, avecl’objectif d’amener les jeunes à valoriser la justice sociale et à devenir des citoyensengagés dans la lutte pour l’égalité. Ces approches sont situées dans une traditionthéorique en éducation basée sur les écrits de Freire (1970), Bourdieu (1977),Bourdieu et Passeron (1970), Apple (1979) et Giroux (1983), entre autres, qui a menéau développement de pratiques contemporaines en didactique des langues nomméescollectivement critical pedagogies (Norton et Toohey, 2004).La pédagogie activeDans le domaine de la pédagogie active, l’Éveil aux langues emprunte la mêmevoie que l’éducation interculturelle et souligne également l’importance d’une activitécognitive forte et engagée de la part de l’élève ou de toute personne confrontéeà la diversité (Candelier, sous presse). Les élèves sont amenés à jouer un rôle actif etpeuvent user d’une réflexion méthodique personnelle ou collective sur des aspectslinguistiques / langagiers qui met clairement en évidence à la fois les singularitésmais également et préférablement les points communs de plusieurs langues(Perregaux, 1998). Les démarches proposées, qui s’appuient sur des situationsproblèmes,visent à favoriser l’émergence de représentations parfois conflictuellesainsi que la recherche négociée de solutions (De Pietro, 2005, p. 476).Plusieurs auteurs ont souligné la place essentielle, au sein de cette pédagogieactive, des processus sociaux de co-construction de connaissances. Ainsi, Lave etWenger (1991) ont proposé la notion de communauté de pratique (community ofpractice) pour expliquer comment les individus se positionnent et sont positionnéspar les autres dans les interactions sociales pendant les activités d’apprentissage.C’est en collaborant à un projet commun que des individus marginalisés, situés audépart en périphérie du groupe, ont l’occasion de contribuer à la construction collectivedes connaissances. Selon Donato (2004), pour qu’il y ait collaboration dans lesactivités de classe, il faut que les apprenants soient impliqués dans une activité porteusede sens (meaningful core activity). Cette collaboration et la mise en commundes ressources linguistiques (pooling resources – Vasquez, Pease-Alvarez et Shannon,l994) permettent aux élèves de s’approcher des langues peu connues par la majoritéet de discuter de la diversité linguistique.Les données recueillies lors de l’implantation du programme ELODiL en milieuscolaire montréalais pluriethnique, dans deux classes de la fin de l’enseignement primaire(voir Dagenais, Walsh, Armand et Maraillet, sous presse, pour un exposé <strong>complet</strong>de l’étude), illustrent bien comment se mettent en place des situations de coconstructionde connaissances entre les élèves. Durant l’activité de groupe observée(qui mène à l’observation d’une carte météo de la Guinée équatoriale), les quatreélèves, parmi lesquels se trouvent deux hispanophones récemment arrivées auvolume XXXVI:1, printemps 200853www.<strong>acelf</strong>.ca
- Page 4: Rapports ethniques et éducation :
- Page 7 and 8: Les relations entrecommunautés lin
- Page 9 and 10: Les relations entre communautés li
- Page 11 and 12: Les relations entre communautés li
- Page 13 and 14: Les relations entre communautés li
- Page 15 and 16: Les relations entre communautés li
- Page 17 and 18: Les relations entre communautés li
- Page 19 and 20: Les relations entre communautés li
- Page 21 and 22: Les relations entre communautés li
- Page 23 and 24: Les relations entre communautés li
- Page 25 and 26: Les relations entre communautés li
- Page 27 and 28: Regards croisés sur l’inclusiond
- Page 29 and 30: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 31 and 32: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 33 and 34: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 35 and 36: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 37 and 38: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 39 and 40: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 41 and 42: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 43 and 44: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 45 and 46: Regards croisés sur l’inclusion
- Page 47 and 48: La dimension linguistique des enjeu
- Page 49 and 50: La dimension linguistique des enjeu
- Page 51 and 52: La dimension linguistique des enjeu
- Page 53: La dimension linguistique des enjeu
- Page 57 and 58: La dimension linguistique des enjeu
- Page 59 and 60: La dimension linguistique des enjeu
- Page 61 and 62: La dimension linguistique des enjeu
- Page 63 and 64: La dimension linguistique des enjeu
- Page 65 and 66: La dimension linguistique des enjeu
- Page 67 and 68: L’enseignement au Québecet en Fr
- Page 69 and 70: L’enseignement au Québec et en F
- Page 71 and 72: L’enseignement au Québec et en F
- Page 73 and 74: L’enseignement au Québec et en F
- Page 75 and 76: L’enseignement au Québec et en F
- Page 77 and 78: L’enseignement au Québec et en F
- Page 79 and 80: L’enseignement au Québec et en F
- Page 81 and 82: L’enseignement au Québec et en F
- Page 83 and 84: L’enseignement au Québec et en F
- Page 85 and 86: L’enseignement au Québec et en F
- Page 87 and 88: L’enseignement au Québec et en F
- Page 89 and 90: La prise en compte de la diversité
- Page 91 and 92: La prise en compte de la diversité
- Page 93 and 94: La prise en compte de la diversité
- Page 95 and 96: La prise en compte de la diversité
- Page 97 and 98: La prise en compte de la diversité
- Page 99 and 100: La prise en compte de la diversité
- Page 101 and 102: La prise en compte de la diversité
- Page 103 and 104: La prise en compte de la diversité
- Page 105 and 106:
L’éducation à la citoyennetéda
- Page 107 and 108:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 109 and 110:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 111 and 112:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 113 and 114:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 115 and 116:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 117 and 118:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 119 and 120:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 121 and 122:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 123 and 124:
L’éducation à la citoyenneté d
- Page 125 and 126:
Diversité culturelle,enseignement
- Page 127 and 128:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 129 and 130:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 131 and 132:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 133 and 134:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 135 and 136:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 137 and 138:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 139 and 140:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 141 and 142:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 143 and 144:
Diversité culturelle, enseignement
- Page 145 and 146:
Relever le défi de la diversité :
- Page 147 and 148:
Relever le défi de la diversité :
- Page 149 and 150:
Relever le défi de la diversité :
- Page 151 and 152:
Relever le défi de la diversité :
- Page 153 and 154:
Relever le défi de la diversité :
- Page 155 and 156:
Relever le défi de la diversité :
- Page 157 and 158:
Relever le défi de la diversité :
- Page 159 and 160:
Relever le défi de la diversité :
- Page 161 and 162:
Relever le défi de la diversité :
- Page 163 and 164:
Les relations école - famillesimmi
- Page 165 and 166:
Les relations école - familles imm
- Page 167 and 168:
Les relations école - familles imm
- Page 169 and 170:
Les relations école - familles imm
- Page 171 and 172:
Les relations école - familles imm
- Page 173 and 174:
Les relations école - familles imm
- Page 175 and 176:
Les relations école - familles imm
- Page 177 and 178:
Les relations école - familles imm
- Page 179 and 180:
La réussite scolaire desélèves i
- Page 181 and 182:
La réussite scolaire des élèves
- Page 183 and 184:
La réussite scolaire des élèves
- Page 185 and 186:
La réussite scolaire des élèves
- Page 187 and 188:
La réussite scolaire des élèves
- Page 189 and 190:
La réussite scolaire des élèves
- Page 191 and 192:
La réussite scolaire des élèves
- Page 193 and 194:
La réussite scolaire des élèves
- Page 195 and 196:
La réussite scolaire des élèves
- Page 197 and 198:
La réussite scolaire des élèves
- Page 199 and 200:
La « valeur ajoutée »de l’édu
- Page 201 and 202:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 203 and 204:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 205 and 206:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 207 and 208:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 209 and 210:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 211 and 212:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 213 and 214:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 215 and 216:
La « valeur ajoutée » de l’éd
- Page 217 and 218:
La « valeur ajoutée » de l’éd