La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilingueles structures et les pratiques, définies sur une base linguistique, qui sont utiliséespour légitimer, opérer, réguler et reproduire une division inégale du pouvoir et desressources (matérielles et non matérielles) entre les groupes.Dans les grands centres urbains à travers le monde, les écoles sont caractériséespar une grande diversité culturelle et linguistique. Ainsi, au Québec, sur l’île deMontréal, les élèves dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le françaisreprésentaient, en septembre 2006, plus du tiers des effectifs scolaires (37,7 %). Parmiles langues maternelles autres que le français et l’anglais, c’est l’arabe qui se classe aupremier rang. Suivent l’espagnol, l’italien, le créole et le chinois (Comité de gestionde la taxe scolaire de l’île de Montréal, 2007) et plus de 200 autres langues... (MELS,2006, p. 9).Dans ce contexte, le statut hiérarchisé des langues, la valorisation ou la dévalorisationdont celles-ci peuvent faire l’objet dans les communautés en contact rendentparfois difficiles les rapports entre les élèves de différentes origines. Ces situationsposent alors des défis aux intervenants scolaires qui visent le développement d’unecompréhension interculturelle, d’une ouverture générale à la diversité et d’unecoopération susceptible d’apaiser les conflits latents ou existants.Au Québec, pour gérer cette diversité, la Politique d’intégration scolaire etd’éducation interculturelle du ministère de l’Éducation (1998) attire l’attention surl’importance d’apprendre aux élèves à « savoir vivre ensemble dans une société francophone,démocratique et pluraliste » (p. 26). Globalement, cette politique indiquequ’il faut développer chez tout le personnel des attitudes d’ouverture à la diversitéethnoculturelle, linguistique et religieuse et des compétences pour inclure le pluralismedans le projet éducatif. Afin de réaliser ce dernier objectif, cette politiquesouligne la pertinence de l’apprentissage d’une troisième langue et de l’éducation àla citoyenneté.Dans le même ordre d’idées, les programmes de formation de l’école québécoiseont pour mission de socialiser les élèves en leur apprenant à vivre ensemble dansune société pluraliste (MEQ, 2001, p. 8; MEQ, 2003, p. 5). L’attention portée au pluralismeapparaît aussi dans la définition du domaine de formation « vivre ensemble etcitoyenneté » et de la compétence transversale « coopérer ». La prise en compte dupluralisme est également présente dans les domaines d’apprentissage qui, au primaireet au secondaire, recouvrent « l’éducation à la citoyenneté », et on demandenotamment à l’élève de comprendre que « l’identité est à la fois personnelle etplurielle et que le pluralisme n’est pas incompatible avec le partage de valeurs communes,notamment celles rattachées à la démocratie » (MEQ, 2003, p. 348).Toutefois, la diversité linguistique n’est pas explicitement évoquée en tant quecomposante d’une société pluraliste, et sa prise en compte effective reste très peuprésente dans les pratiques scolaires. Ainsi, à titre indicatif, entre 2000 et 2005, laDirection des services aux communautés culturelles du ministère de l’Éducation asoutenu et financé plusieurs projets novateurs destinés à favoriser l’intégration desélèves issus de l’immigration et le mieux-vivre ensemble chez les jeunes du réseauscolaire. Parmi le nombre important de ces projets (102), révélateur de l’implicationet du dynamisme des milieux scolaires, on ne note aucun projet (à l’exception desvolume XXXVI:1, printemps 200848www.<strong>acelf</strong>.ca
La dimension linguistique des enjeux interculturels : de l’Éveil aux langues à l’éducation plurilinguedeux projets mis en place par la première auteure) portant sur les langues des immigrantsou plus largement sur la diversité linguistique (MELS, 2007).Il est important ici de rappeler qu’au Québec, l’adoption, en 1977, de la Chartede la langue française, mieux connue sous le nom officieux de « loi 101 », a clairementrevalorisé le statut du français au Québec en tant que langue de scolarisation, languede travail et langue commune de la vie publique. Cette transformation est particulièrementvisible dans le système éducatif de langue française puisque le volet scolairede cette Charte prévoit, avec quelques exceptions, la fréquentation obligatoirede l’école française pour les élèves immigrants allophones nouvellement arrivés. Parailleurs, le ministère de l’Éducation du Québec a mis en place en 1978 un programmenovateur, les Programmes d’enseignement des langues et cultures d’origine (PELO)qui offrent à certains élèves d’origine immigrante du primaire et du secondaire lapossibilité d’un enseignement de leur langue et culture d’origine.Ainsi, le contexte historique et linguistique du Québec teinte clairement lesdébats sur les politiques linguistiques en milieu scolaire, et, en dépit de marquesd’ouverture telles que la mise en place des programmes PELO, le plurilinguisme desimmigrants peut encore apparaître comme une menace au maintien et au développementdu français, langue commune (Mc Andrew, 2001).La prise en compte de la diversité linguistique en milieuscolaire : l’Éveil aux languesEn Europe, parmi les interventions visant la prise en compte de la diversité linguistique,ont été mis en place les programmes d’Éveil aux langues (LanguageAwareness) : il s’agit, par la manipulation et le contact avec des corpus écrits et orauxde différentes langues, de sensibiliser les apprenants à la diversité des langues et, àtravers l’objet langue, de leur faire prendre conscience de la diversité des êtres qui lesparlent. Cette approche est apparue en Grande-Bretagne, au début des années 80,grâce à Hawkins (1984) ainsi qu’à James et Garrett (1991) qui sont à l’origine ducourant Language Awareness. Le concept de Language Awareness est né en mêmetemps qu’une série de rapports gouvernementaux soulignant les besoins des enfantsd’origine immigrante en milieu défavorisé. Ses objectifs visaient à établir un pontentre la langue d’enseignement, l’enseignement des langues dites étrangères, et leslangues d’origine des enfants immigrants, à contrer les préjugés liés aux langues et àdonner un aperçu du fonctionnement de différentes langues (en développant descapacités métalinguistiques). De façon générale, il s’agissait d’éveiller la curiosité desélèves à l’égard des langues, des dialectes ou encore des emprunts.Cette approche a été reprise en Europe avec le programme Evlang (Candelier,2003b), en Suisse avec le programme Eole (Perregaux et al., 2003) et plus récemmentau Canada, en Colombie Britannique et au Québec (Armand et Dagenais, 2005) avecle programme ÉLODiL (Éveil au langage et ouverture à la diversité linguistique, voirle site : www.elodil.com).volume XXXVI:1, printemps 200849www.<strong>acelf</strong>.ca
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