le bouddha revisite_re-ecriture - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu ...
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L’artiste <strong>re</strong>p<strong>re</strong>nait enco<strong>re</strong>... Il était bien tard quand, épuisés,<br />
l’artiste et <strong>le</strong> moine laissè<strong>re</strong>nt tomber fusains et cartons,<br />
épuisés, mais heu<strong>re</strong>ux de cette magnifique émulation. Le sol<br />
était jonché de mains, de jambes, de têtes, de cous, de bras,<br />
d’himations en drapés, de toges lourdes, d’o<strong>re</strong>il<strong>le</strong>s, de nez, et<br />
surtout d’yeux. On n’était pas arrivé à se satisfai<strong>re</strong> de ces<br />
izaines de pai<strong>re</strong>s d’yeux. La femme rassembla <strong>le</strong> tout, <strong>le</strong> confia<br />
l’enfant qui <strong>le</strong> rangea dans l’atelier. La nuit était clai<strong>re</strong>, aussi<br />
lai<strong>re</strong> que sa voix quand el<strong>le</strong> dit à son mari :<br />
— Si tu veux, va au monastè<strong>re</strong>. Rent<strong>re</strong> avec <strong>le</strong>s moines. Reste<br />
ans la vallée <strong>le</strong> temps qu’il faudra. Médite. Écoute <strong>le</strong>s moines.<br />
Regarde-<strong>le</strong>s. Dessine. Et puis, quand tu seras prêt, <strong>re</strong>viens. Ton<br />
fils et moi, <strong>nous</strong> t’attendrons. Alors, tu te mettras à la pier<strong>re</strong> !<br />
Et el<strong>le</strong> ajouta devant l’hésitation de son mari : Ton pa<strong>re</strong>nt<br />
estera avec <strong>nous</strong> et veil<strong>le</strong>ra sur <strong>nous</strong> !<br />
Alors l’artiste sourit. Les moines, pensez donc ! L’enfant avait<br />
envie de partir avec son pè<strong>re</strong>. Mais il sentait qu’il ne fallait<br />
pas ! Alors, il se tut et alla se blottir dans ses bras...<br />
… L’artiste passa plus d’un mois au monastè<strong>re</strong>. En fait, il ne<br />
dessinait pas beaucoup. Il passait son temps à observer <strong>le</strong>s<br />
moines et à écouter l’Ancien des Anciens lui raconter la vie et<br />
<strong>le</strong>s œuv<strong>re</strong>s du Prince Siddhârta Gotama, <strong>le</strong> Sakyamuni, <strong>le</strong><br />
Bouddha. Il écouta <strong>le</strong>s suttra de la Prajnaparamita. Sur sa<br />
couche, il pensait, il songeait, il imaginait. Les derniers jours, il<br />
passa des heu<strong>re</strong>s entiè<strong>re</strong>s, immobi<strong>le</strong>, assis sur <strong>le</strong>s marches du<br />
tupa. On faisait comme si on ne <strong>le</strong> voyait pas : lui ne voyait<br />
plus personne. Et puis un matin, <strong>le</strong> voisin vint avertir que... Et<br />
’artiste <strong>re</strong>descendit dans la plaine, en disant à l’Ancien des<br />
Anciens de <strong>re</strong>venir chez lui un mois plus tard. Son dernier mot<br />
fut, en p<strong>re</strong>nant congé : Je crois que je vois !...<br />
Quel<strong>le</strong> émotion animait nos trois moines, quand un mois plus<br />
ard, toujours avec <strong>le</strong> voisin, ils avaient <strong>re</strong>fait <strong>le</strong> voyage de<br />
harsadda. Ils houspillaient <strong>le</strong>ur phaéton qui n’en pouvait<br />
mais. Lui aussi était p<strong>re</strong>ssé, il avait attelé deux chevaux et non<br />
pas un seul comme la fois précédente !<br />
L’artiste <strong>le</strong>s attendait : c’était <strong>le</strong> p<strong>le</strong>in après-midi. Un franc<br />
so<strong>le</strong>il éclairait l’esplanade devant la maison où ils<br />
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