le bouddha revisite_re-ecriture - Vincent-Paul Toccoli a-nous-dieu ...

Pourquoi ?
N’étaient-ils pas satisfaits, ces bouddhistes réformistes de s’être
ait un dieu de leur maître sans dieu, le trahissant de bonne foi si
’on peut dire ! Eh bien, il apparaît que la mentalité religieuse
st vraiment complexe, et en Inde plus particulièrement. La
ivinisation du Sakyamuni, devenu le Bouddha, et son
pothéose au rang de dieu supérieur aux dieux ne combla pas la
oif inextinguible de leurs aspirations religieuses. Il leur fallut,
algré la première, une autre fiction, totale celle-là, avec
ythologie, hagiographie et culte, l’adhésion à la doctrine du
Bouddha ne détournant nullement les nouveaux croyants de
eurs cultes ancestraux, ni de cultes nouveaux d’ailleurs, comme
eux de Maitreya (le Bienveillant). Invaincu, le Bouddha du
utur, véritable réplique du dieu iranien Mithra , sol invictus, qui
e laissera entraîner dans le grand mouvement d’espérances
essianiques, appelé à traverser, sous des symboles divers,
’Orient tout entier, à la fin de l’ère ancienne (à titre indicatif :
es textes manichéens en Ouïgur, langue du Turkestan chinois,
ccomplissent la prouesse syncrétique suivante : faire fusionner
à la fois le Mithra Invictus, Jésus, fils de Dieu et Maitreya
’Invaincu). De ce culte, précisément, naquit ce bouddhisme de
pure dévotion (Dhakti : nous y venons bientôt), un véritable
monothéisme (à l’indienne, ne l’oublions pas !) d’où sont
stompés réincarnation et nirvana, mais où le seul moyen de
alut est désormais la grâce divine, prévenante et efficace.
Ainsi, avec le Sakyamuni, Maitreya sera le plus représenté sur
es monuments, à eux consacrés par l’école gréco-bouddhique
du Gandhara. Et quelle noblesse ! Et quelle beauté ! Francine
TISSOT (1985 : fig. 103-183 ; 205-33) s’est superbement
omplu dans la défense et illustration de cet éternel jeune
premier du bouddhisme new style : ce fameux Mahayana, où le
fringant Bodhisattva (prince charmant Kushan, tribu de Khotan,
dans le Turkestan chinois), au sex appeal ravageur, apparaîtra
comme un dieu de lumière, un consolateur recevant la
confession des péchés, un guide des âmes après la mort,
l’inspirateur et le soutien des maîtres de la Loi dans leurs doutes
et leurs crises de découragement… N’est-ce pas là la plus
magnifique des fictions, où se sont mutuellement surpassés et
fécondés le bouddhiste follement épris d’humanité, et l’indo-
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