LE SYSTEM VERBAL DU WOLOF Par Eric Church - Paul-Timothy
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5. 4. L'énonciatif (C)<br />
5. 4. 1. Une similarité avec B. apparaît aux 1 pp. et 3 pp., mais on relève au lieu de da le signifiant na<br />
(phonétiquement [ n]), que l'on retrouve aux 1 ps. et 3 ps. et qui semble donc être la marque distinctive<br />
de ce mode. Il en résulte que, à la 3 ps., on a zéro comme pour B ; mais à la 1 ps. on a -a, comme dans les<br />
séries D : laa et J : naa. On peut interpréter cet élément -a soit comme le résultat d'une contraction, soit<br />
comme une variante positionnelle de la 1 ps.<br />
5. 4. 2. Boilat 27 fournit des éléments pouvant appuyer l'hypothèse d'une contraction de na + ma ; il<br />
donne en effet pour le singulier de la série du "subjonctif présent" :<br />
1. N'ae - m'ae di que je sois<br />
2. N'ae - ngae di<br />
3. N'ae di<br />
et pour "l'imparfait" n'â - kon - di ; une note précise : "on dit n'a pour nae-mae, par syncope." Il est<br />
possible que cette forme ait été courante il y a un siècle. Néanmoins, il faut tenir compte de ce que Boilat<br />
ne sépare pas rigoureusement la simple description des faits et la reconstruction hypothétique.<br />
Dans les parlers modernes, on trouve na ma et naa en libre variation avec les verbes opérateurs.<br />
Dans le Cayor, on relève au singulier :<br />
1. man na maa bey je peux cultiver la terre<br />
2. man ngaa bey<br />
3. man naa bey<br />
mais les formes qui prédominent dans les grandes villes sont :<br />
1. man naa bey<br />
2. man nga bey<br />
3. man na bey<br />
Ainsi, le -a caractéristique des verbes opérateurs n'est plus apparent et na ma est contracté en<br />
naa.<br />
Une contraction semblable est relevée à la 1 ps. du possessif, où sama peut devenir saa, p.<br />
exemple saa ndey "ma mère".<br />
5. 4. 3. Selon la deuxième hypothèse, le signifiant de la 1 ps. connaîtrait deux variantes, ma en position<br />
initiale et a dans tous les autres contextes.<br />
L'emphatique du verbe, dama, ne contredit pas nécessairement cette interprétation. En effet,<br />
dans le Cayor, et même ailleurs, on trouve avec ce mode un élément -a devant le verbe ; ainsi avec le<br />
verbe sonn "titre fatigué", le singulier est : damaa sonn (1 ps.), dangaa sonn (2 ps.), daa sonn (3 ps.) ; il<br />
semble bien que la forme pleine ma soit nécessaire à la 1 ps., soit pour la distinguer de la 3 ps., soit parce<br />
qu'une séquence' de trois voyelles, daaa sonn, n'est pas aeceptée par la langue.<br />
5. 5. L'emphatique du complément (D)<br />
Formellement, il présente une forte ressemblance avec C. On retrouve nu et ñu pour les 1 pp. et 3 pp.. Sa<br />
marque distinctive est la. La 3 ps. porte ici encore la marque zéro. Comme pour C, le signifiant la<br />
n'apparaît pas aux 2èmes personnes. On peut suggérer que cela est dû à la présence dominante du groupe<br />
consonantique ng. Le fait qu'on trouve le signifiant de mode aux 2èmes personnes de B et de J, et non aux<br />
2èmes personnes de C et de D s'expliquerait par des différences de structure et d'accentuation entre les<br />
syntagmes verbaux. Dans B et J, le signifiant du personnel est accentué en début d'énoncé :<br />
dánga dem Ndár c'est que tu es allé à St. Louis<br />
27 BOILAT, op. cit., p. 84.<br />
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