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— Un cercle pur que j’ai matérialisé en anneau. Loyauté, reconnaissance et fidélité. Tout<br />
ce que San possè<strong>de</strong> naturellement et représente pour moi.<br />
Axel resta touché <strong>de</strong> possé<strong>de</strong>r un tel joyau. La jeune fille se releva, maintenant gênée <strong>de</strong><br />
son aveu.<br />
Le soleil couchant nimbait <strong>de</strong> rose les sommets <strong>de</strong> la Montagne Blanche. Le château<br />
s’élevait sur sa droite. Oubliant soudain son embarras, Éléa ne parlait plus. Son regard s’était<br />
attaché à cette masse <strong>de</strong> tours immense. Pour elle, la nuit allongeait ses ombres et le ciel<br />
encore embrasé donnait une impression funeste à cet ensemble.<br />
Axel était en retrait, près du loup qui osait <strong>de</strong> nouveau s’approcher <strong>de</strong> lui. La fascination<br />
que la jeune fille éprouvait pour le palais lui semblait étrange. Le regard <strong>de</strong> la jeune fille<br />
était perdu, son visage dur et toutefois sans expression. Le vent se leva soudain, emportant<br />
ses cheveux et soulevant sa longue veste déboutonnée. La pose était i<strong>de</strong>ntique à celle <strong>de</strong> la<br />
petite fille dans son souvenir.<br />
— Éléa, soupira-t-il, ne pouvant plus en douter.<br />
Elle se retourna : elle n’avait pas compris mais le son l’avait sortie <strong>de</strong> ses pensées.<br />
— Qu’as-tu dit ? <strong>de</strong>manda-t-elle sans vraiment le voir.<br />
— Rien, rien. Tu n’as pas froid ?<br />
Il se leva et sortit sa cape nerveusement. Son cœur s’emballait et il avait du mal à<br />
contenir son émotion.<br />
<strong>Les</strong> longs cheveux châtains et dorés balayaient le visage interdit <strong>de</strong> Victoire. Elle ne<br />
saisissait pas ce qui arrivait au jeune homme. <strong>Les</strong> frissons la gagnaient mais, lorsqu’il tendit<br />
sa cape, elle la refusa en portant la main à son cou.<br />
— Non, gar<strong>de</strong>-la, merci. Tu dois avoir aussi froid que moi. Et je peux en obtenir une.<br />
Dans un gracieux mouvement <strong>de</strong> bras, une cape apparut et glissa sur ses épaules. Ses<br />
<strong>yeux</strong> papillonnèrent un moment pour stabiliser l’image <strong>de</strong> ses doigts brusquement engourdis.<br />
Elle mit un temps pour nouer les lacets.<br />
— Il était inutile <strong>de</strong> t’épuiser, regretta Axel en se couvrant.<br />
— Ce n’est rien, sourit-elle sans le voir vraiment. Je n’ai pas <strong>de</strong> combat à faire, ce soir.<br />
— Ma cape était suffisamment gran<strong>de</strong> pour <strong>de</strong>ux. J’allais… te proposer une place au<br />
chaud, dit-il en tendant légèrement les bras.<br />
Éléa sourit et même rougit pour la <strong>de</strong>uxième fois. Elle en rêvait !<br />
— Je <strong>de</strong>vrais peut-être accepter, je n’ai pas fait apparaître une cape très épaisse,<br />
répondit-elle en fausse excuse pour se rapprocher <strong>de</strong> lui.<br />
Toute chose, elle plaça son dos contre son torse. Avec une absolue tendresse, il ramena<br />
le vêtement sur elle en fermant les <strong>yeux</strong>. Elle était dans ses bras ! La tête contre sa joue. Il<br />
sentait sa chaleur. Il la serra légèrement avec l’envie <strong>de</strong> ne plus jamais la laisser partir.<br />
Ils restèrent, là, figés, à regar<strong>de</strong>r le soleil se coucher. Un peu craintif <strong>de</strong>s mouvements<br />
d’Axel, le loup s’assit tout <strong>de</strong> même à côté d’eux ; d’un air souverain et magnanime, il<br />
semblait lui aussi admirer le paysage et la douceur du soir. Des étoiles commencèrent à<br />
s’allumer au-<strong>de</strong>ssus du couple et <strong>de</strong> l’animal. Il ne restait plus qu’une ban<strong>de</strong> rouge étendue<br />
sur l’horizon. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>rnières nuances du soleil s’estompaient sur les champs au gré <strong>de</strong>s nuages<br />
et les rivières perdaient leur couleur sang pour briller avec celle <strong>de</strong> la nuit.<br />
Leur passivité, leur bien-être leur faisaient délaisser la réalité. Axel et Éléa étaient seuls,<br />
perdus dans le temps et la vie, somnolents <strong>de</strong> bonheur et d’une paisible fatigue.<br />
Lentement, Axel risqua sa joue sur la tempe <strong>de</strong> la jeune fille et fit glisser son visage sur le