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allait <strong>de</strong>venir fou avec toutes ces histoires !<br />
Il enleva la chemise noire déchirée. Elle l’avait recouvert <strong>de</strong> sang. En la posant près <strong>de</strong><br />
son sac, il remarqua que celui-ci était énorme. Il ne s’en était pas aperçu dans sa course<br />
effrénée. La cape en moins, le sac aurait dû être très plat et non gonflé comme il l’était.<br />
Avait-elle mis quelque chose à l’intérieur ? Ce fut tout juste s’il ne déchira pas sa besace<br />
pour le savoir.<br />
En plus <strong>de</strong> son petit attirail <strong>de</strong> survie et <strong>de</strong> sa bourse, il y trouva une chemise blanche en<br />
flanelle <strong>de</strong> Blaud, une belle cape très épaisse et <strong>de</strong> la nourriture pour le soir. Comment et à<br />
quel moment avait-elle pu mettre tout ceci à l’intérieur ? ! Décidément, c’était une personne<br />
surprenante et troublante !<br />
Tout semblait <strong>de</strong> bonne qualité et le repas, bien emballé, promettait du délice à son<br />
palais. La jeune fille avait <strong>de</strong>s goûts raffinés et le souvenir <strong>de</strong> la douceur <strong>de</strong> ses mains lui<br />
donnait à penser qu’elle n’avait pas passé sa vie dans la forêt. Elle était bien trop naturelle<br />
pour être une comtesse en mal d’activité, mais l’idée saugrenue le fit sourire.<br />
Plus sérieusement, elle n’avait pu apprendre à se battre <strong>de</strong> cette manière que dans les<br />
Pays d’Oye. Le résultat montrait que le travail avait dû être acharné. Il était même<br />
surprenant qu’une femme soit arrivée à ce niveau. Enfin, si c’était vrai, rien ne pouvait<br />
expliquer les pouvoirs qu’elle possédait.<br />
En plongeant la main dans son sac, il toucha un bout <strong>de</strong> papier. Qu’est-ce que c’était ? Le<br />
message du roi <strong>de</strong> Pandème se trouvait dans la poche avant, dans une bourse <strong>de</strong> cuir. Le<br />
nouveau pli était scellé par le même signe qui maintenant ornait son cou : un anneau plat.<br />
Axel comprenait <strong>de</strong> moins en moins. Comment avait-elle pu écrire ? ! Il décacheta le pli.<br />
L’écriture était claire et féminine, résultat probable d’une éducation qui collait mal avec une<br />
vie sauvage.<br />
Je te remercie du fond du cœur parce que tu n’as pas seulement sauvé ma vie. Je ne<br />
l’oublierai jamais. Pour l’heure, je ne puis te prouver ma reconnaissance que par ce<br />
pen<strong>de</strong>ntif. Porte-le et mets-le toujours en valeur. Tu pourras ainsi parcourir le pays comme<br />
bon te semblera : mes amis te reconnaîtront et, dans tous les villages que tu traverseras, tu<br />
seras accueilli avec l’honneur qui t’est dû.<br />
Leïlan n’est pas un pays serein, Korta-le-fourbe et trois guerriers scylès veulent lui<br />
imposer sa loi. Ne t’attar<strong>de</strong> pas. Ton pays est heureux, retournes-y vite. C’est le seul conseil<br />
que je te donnerai. La forêt est à toi, il ne pleuvra pas ce soir. Bon appétit et bonne nuit.<br />
Que les Fées veillent sur toi,<br />
E.<br />
E… E… ? ! ! ! Il se rappelait avoir entendu les Oréens l’appeler Vic ! Ce n’était qu’un<br />
surnom ? ! Alors quel était son prénom ? Axel ne cessait <strong>de</strong> se le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r !<br />
— Il y en a tellement qui commencent par un E ! Éloïse, Énora, Endie, Élena, Éline…<br />
Peu <strong>de</strong> chance <strong>de</strong> le <strong>de</strong>viner. Déçu autant qu’intrigué, il finit <strong>de</strong> se déshabiller et écarta<br />
les nénuphars du bord <strong>de</strong> l’eau.<br />
Le jour touchait à sa fin, il était passé tellement vite ! De gros nuages envahissaient le<br />
ciel, gris ou noirs, prometteurs <strong>de</strong> pluie. Axel avait confiance, la jeune fille lui avait assuré<br />
qu’il ne pleuvrait pas.<br />
Tout en nageant dans le faible courant d’eau claire, il admira les nuances obscures que<br />
les nuages du soir donnaient à la forêt. <strong>Les</strong> ombres ténébreuses se mélangeaient aux formes<br />
fantaisistes <strong>de</strong>s arbres, créant un mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> rêves ou <strong>de</strong> cauchemars. Son imagination