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— Elle l’aurait pas sauvé, c’est qu’un étranger !<br />
— Othal, ce que tu dis est stupi<strong>de</strong> !<br />
La <strong>de</strong>rnière intervention venait d’Ophélie.<br />
— Elle n’aime pas la mort, elle soigne ! Elle connaît les amalyses et elle est largement<br />
capable <strong>de</strong> les arrêter pour qui que ce soit, sans distinction !<br />
— Ophélie a raison ! renchérit Askia. Vous n’êtes qu’une ban<strong>de</strong> <strong>de</strong> jaloux ! Vous<br />
n’supportez pas l’idée qu’il ait pu lui parler, uniqu’ment parc’que vous n’avez jamais eu<br />
l’audace d’en faire autant !<br />
Cette phrase claqua comme une gifle.<br />
— Euh… Elle a l’air connue… Je ne m’attendais pas à une telle réaction… Mais n’a-t-elle<br />
pas un prénom ? <strong>de</strong>manda timi<strong>de</strong>ment Axel à Askia.<br />
— C’est la Fille-aux-<strong>yeux</strong>-bleus. Elle compte beaucoup pour nous et j’crois bien que tous<br />
les hommes <strong>de</strong> ce pays te tueraient pour l’avoir approchée. Ce sont <strong>de</strong>s sots, pas <strong>de</strong> vilains<br />
bougres. Ils n’ont pas encore compris qu’elle est la seule personne libre dans c’pays.<br />
La réponse était <strong>de</strong>s plus étonnantes mais Axel n’eut pas le temps d’en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r plus,<br />
Askia s’éloignait vers ses fourneaux. Il y eut un long moment <strong>de</strong> silence. Ophélie alluma<br />
quelques bougies pour compenser la lumière déclinante du jour.<br />
— Ta tête s’comprend mieux si tu l’as vue, lança un villageois. Elle est belle, hein ?<br />
Le ton semblait cordial, comme pour se faire pardonner d’avoir été excessif. Axel répondit<br />
par un énorme soupir qui fit éclater la salle <strong>de</strong> rire. Un homme se leva et vint s’asseoir, à<br />
cheval sur sa chaise, près <strong>de</strong> la table d’Axel.<br />
— Vas-y, qu’est-ce t’attends ? ! Tu vois pas qu’on est pendus à tes lèvres ! Raconte-nous<br />
toute l’histoire !<br />
Son brusque mouvement fut suivi par tous les hommes <strong>de</strong> l’auberge et bientôt Axel fut le<br />
cœur <strong>de</strong> l’univers. Il ne savait que leur dire, il avait l’impression que tous les événements<br />
passés lui appartenaient et que le jeu <strong>de</strong> l’amalyse <strong>de</strong>vait rester secret. Tous les visages<br />
étaient penchés sur lui, tous en attente <strong>de</strong> détails croustillants, tous négligeant la pru<strong>de</strong>nce<br />
au profit <strong>de</strong> la curiosité. Mais un cheval au galop s’arrêta <strong>de</strong>vant la porte et un gamin<br />
haletant entra dans la pièce.<br />
— Il… Il a… Il a fait enlever les enfants d’Éa<strong>de</strong> !<br />
Le centre d’intérêt changea <strong>de</strong> personne dans la secon<strong>de</strong>. <strong>Les</strong> Oréens s’étaient tournés<br />
vers le petit garçon. Celui-ci reprit son souffle en regardant Axel avec méfiance. Il continua :<br />
— Le Masque est désarmé… Ses hommes sont déjà partis… <strong>Les</strong> soldats le poursuivent. Il<br />
est parti vers le duché d’Oemel… mais d’après papa, il va couper par la première colline et<br />
passer par ici.<br />
Revenue dans la gran<strong>de</strong> salle, Askia poussa un cri stri<strong>de</strong>nt :<br />
— Le Doyen a emmené nos enfants à la Rivière Esseulée ! Ils ne sont pas encore rentrés !<br />
Ils seront sur leur chemin ! Ils vont les enlever aussi !<br />
L’homme répondant au prénom d’Othal se rua vers la porte.<br />
Axel avait réagi au mot Masque : c’était le nom du terrible bandit <strong>de</strong> Leïlan ! Il ne pouvait<br />
pas manquer une occasion pareille <strong>de</strong> le voir ! Il sortit comme un fou <strong>de</strong> la salle et gravit les<br />
escaliers quatre à quatre pour prendre son épée dans sa chambre. Par la fenêtre, il vit Othal<br />
à bord d’une charrette commençant à partir. Il n’avait plus le temps <strong>de</strong> re<strong>de</strong>scendre par<br />
l’escalier pour le rattraper ! Sans hésiter, il sauta sur le toit d’un appentis pour atterrir à côté<br />
du paysan.