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Erwan avait espéré la confrontation avec les Scylès. Haine ancestrale, haine viscérale.<br />
L’apparition <strong>de</strong>s pâles hommes venus du nord avait été marquée par une mort que l’Akalien<br />
ne pourrait jamais se pardonner. Ils avaient bénéficié <strong>de</strong> l’effet <strong>de</strong> surprise, <strong>de</strong> la hantise d’un<br />
passé oublié. Cette fois, Erwan n’abandonnerait pas. Il avait cherché sans relâche l’arme <strong>de</strong><br />
la vengeance, et il était à peu près sûr <strong>de</strong> l’avoir trouvée. Il força son cheval ; avec la petite<br />
bonbonne qu’il maintenait entre ses cuisses, les Scylès n’auraient pas le temps <strong>de</strong> savoir que<br />
sa femme était <strong>de</strong> leur peuple et qu’elle lui avait donné une fille !<br />
Erkem et Gorth étaient les seuls présents. Préparant leur bref retour au pays, Muht<br />
Dabashir était resté au château. <strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux hommes n’avaient pas envie <strong>de</strong> suivre les<br />
directives <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> leur chef, trop soucieux <strong>de</strong> leur valeur <strong>de</strong> guerriers. La première<br />
phase <strong>de</strong> simple observation leur pesait, même s’ils étaient censés n’être en Leïlan que pour<br />
lire les esprits ! Le besoin <strong>de</strong> se battre les démangeait trop. Muht avait bien craqué une fois.<br />
Il fallait qu’ils se défoulent. Ils étaient frustrés <strong>de</strong> <strong>de</strong>voir se contenter <strong>de</strong> femmes<br />
consentantes dans leur lit. Erkem s’était badigeonné le front du sang <strong>de</strong> l’une d’elles en signe<br />
<strong>de</strong> guerre.<br />
<strong>Les</strong> <strong>de</strong>ux Scylès négligeaient que la présence d’un Akalien pouvait s’associer avec <strong>de</strong>s<br />
produits <strong>de</strong> guerre dangereux.<br />
Ils mirent du temps à trier toutes les pensées <strong>de</strong>s esprits enflammés en face d’eux.<br />
Qu’est-ce qui donnait à ces hommes le courage <strong>de</strong> venir au combat avec tant <strong>de</strong> confiance ? !<br />
Puis, Erkem et Gorth se rendirent rapi<strong>de</strong>ment compte que personne ne voulait les combattre.<br />
La vingtaine <strong>de</strong> paysans assez fous pour venir avec les compagnons du Masque se jeta sur<br />
les soldats en priorité. Leurs premiers échanges <strong>de</strong> coups d’épées furent esquivés et<br />
frustrants. Le visage <strong>de</strong> l’Akalien apparaissait dans tous les esprits, dès qu’ils s’approchaient.<br />
<strong>Les</strong> villageois et les compagnons du Masque attendaient le nain : il y avait une menace, une<br />
petite bonbonne mystérieuse !<br />
Erkem et Gorth auraient dû rompre le combat, Muht le leur aurait imposé :<br />
— On ne meurt pas dans la guerre d’un autre !<br />
Mais ils ne voyaient pas <strong>de</strong> cheveux rouges à l’horizon, juste le sang qu’ils avaient envie<br />
<strong>de</strong> verser.<br />
Erwan arrivait juste avant Axel. Il avait un foulard sur la tête. Il fila droit sur les Scylès<br />
sans une once d’hésitation. Il savait que plus il serait rapi<strong>de</strong>, plus il aurait <strong>de</strong> succès. Gorth le<br />
vit en premier, il eut juste le temps <strong>de</strong> crier. Le front ensanglanté d’Erkem se retourna et la<br />
bonbonne d’Erwan se brisa à leurs pieds.<br />
La vapeur bleue qui s’en échappa produit un effet impressionnant. Piquant seulement les<br />
<strong>yeux</strong> <strong>de</strong>s hommes, elle fit hurler les Scylès. Erkem et Gorth abandonnèrent immédiatement le<br />
combat, se tenant les <strong>yeux</strong> <strong>de</strong> douleur. Erwan essaya bien <strong>de</strong> les passer au fil <strong>de</strong> sa lame,<br />
mais ils s’enfuirent tellement vite qu’il ne put y arriver.<br />
— Ce n’est que partie remise. Je te le jure, Gyl, marmonna-t-il en arrêtant la poursuite.<br />
Salué <strong>de</strong> cris <strong>de</strong> joie, leur départ déstabilisa un instant les hommes <strong>de</strong> Korta. L’arrivée du<br />
Masque les rappela à l’ordre.<br />
De sa monture, Axel sauta sur un soldat. Il le désarçonna en le projetant au sol avec lui<br />
et l’immobilisa d’un violent coup <strong>de</strong> poing. Un cavalier venu en renfort chercha à l’assommer.<br />
Plus rapi<strong>de</strong>, Axel l’évita en se baissant et le déséquilibra en tranchant d’un revers <strong>de</strong> lame la<br />
sangle <strong>de</strong> sa selle. L’homme bascula dans la boue. Axel se rua sur lui et conclut leur duel par<br />
un coup d’épée. Puis, il saisit rapi<strong>de</strong>ment le mors du cheval pour prendre sa place et, sans